Strasbourg a emboîté le pas, ce lundi, à la cinquantaine de villes en France qui ont marqué la reconnaissance de la Palestine. La municipalité écologiste est la seule en Alsace à avoir bravé l’interdiction du ministère de l’Intérieur pour « faire écho, ici à Strasbourg, à la reconnaissance de la Palestine par la France, qui sera actée par le président de la République dans l’enceinte de l’Onu à New York  », précisait Jeanne Barseghian sur son compte Facebook. Sans aller jusqu’à hisser le drapeau palestinien, la métropole alsacienne a projeté ses couleurs sur l’hôtel de ville à la nuit tombée. « Cette lumière symbolise notre soutien aux efforts diplomatiques en faveur d’une paix juste et durable, où deux États – Israël et la Palestine – pourraient enfin coexister en sécurité », ajoute la maire. Mais l’illumination n’a pas duré longtemps. Une demi-heure au mieux. Alors que les couleurs de la Palestine ont illuminé la façade de l’hôtel Broglie à 19h30, le tribunal administratif, saisi par le préfet, a ordonné leur extinction… via un communiqué, envoyé vers 20 h. Le préfet, Jacques Witkowski, avait saisi en référé suspension le tribunal administratif vers 17 h.

« Cette décision reflète une opinion politique sur le conflit en cours »

« Le juge des référés du tribunal a été saisi par le préfet du Bas-Rhin d’un recours contre la décision de la maire de Strasbourg d’illuminer l’hôtel de ville aux couleurs du drapeau palestinien, le 22 septembre 2025, dans le cadre de la reconnaissance par la France de l’Etat de Palestine », a indiqué le tribunal administratif de Strasbourg. « Après avoir rappelé que le principe de neutralité des services publics s’opposait à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes symbolisant la revendication d’opinions politiques, religieuses ou philosophiques, le juge, par une ordonnance rendue ce jour (lundi 22 septembre, NDLR), a suspendu la décision de la maire de Strasbourg, estimant qu’elle reflétait une opinion politique sur un conflit international en cours. »

« Calcul électoral

De quoi satisfaire les opposants à la maire de Strasbourg. Qui dénonçaient dans cette opération, avant même son interdiction, un simple « calcul électoral », comme le soulignait l’opposant (LR) Jean-Philippe Vetter , tandis que le centriste Pierre Jakubowicz soupçonnait Jeanne Barseghian d’importer à Strasbourg « le conflit dans le cadre de sa primaire avec LFI à l’extrême gauche ». Il l’accusait de se conduire « en militante plutôt qu’en maire ».

« Vous ne respectez ni la neutralité républicaine, ni le nouvel an hébraïque qu’une partie de vos administrés va fêter », estimaient pour leur part les représentants du Crif en Alsace.

« Vers une paix véritable »

Ce lundi, une cinquantaine d’autres mairies , principalement de gauche, ont suivi ce mouvement en ordre dispersé : la majorité (Lyon, Nantes…) a tout simplement hissé le drapeau palestinien, certaines (Saint-Ouen) ont hissé les drapeaux israélien et palestinien côte à côte.

C’est ce dernier choix, « seul geste d’apaisement » possible, que Thierry Roos, consul honoraire d’Israël à Strasbourg, aurait préféré voir adopté, accompagné « du ruban en hommage aux otages » a-t-il écrit à Jeanne Barseghian. « Nous n’oublions ni les otages du Hamas ni les victimes civiles », lui répond le message de la maire sur Facebook. « Leur souffrance rappelle l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et d’une solution politique, seule voie vers une paix véritable ».