Par

Cédric Nithard

Publié le

22 sept. 2025 à 18h20

Ce lundi 22 septembre à New York, en marge de l’assemblée générale de l’ONU tandis que la France copréside avec l’Arabie Saoudite un sommet pour relancer la solution à deux états, Emmanuel Macron va annoncer, la reconnaissance de l’État palestinien par la France. À midi, 52 maires de villes en France ont hissé des drapeaux palestiniens sur le fronton de leur mairie à l’instar de celui de Grabels, l’Insoumis René Revol. À Montpellier, le Socialiste Michaël Delafosse et les partenaires écologistes et communistes de sa majorité ont fait un choix différent tout en saluant la décision du président de la République. Deux gauches, deux styles… 

Un drapeau à Grabels

Il y a quelques semaines, le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure avait appelé les maires à hisser un drapeau palestinien ce lundi 22 septembre. Ce à quoi s’était opposé le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau passant des consignes aux préfets pour notamment faire respecter le principe de neutralité du service public. À midi, un peu plus d’une cinquantaine de mairie voyaient le dit drapeau flotter comme à Grabels faisant ainsi écho à la reconnaissance de l’État palestinien par la France annoncée par Emmanuel Macron. « Un signal fort pour que cesse le génocide en cours contre le peuple palestinien et pour qu’un véritable processus de paix s’engage, fondé sur la coexistence de deux États disposant de garanties mutuelles de sécurité » salue ainsi René Revol qui pour « honorer cet événement historique » a donc hissé le drapeau de la Palestine aux côtés du drapeau national.

Après avoir écrit au maire René Revol pour « lui demander de renoncer au pavoisement » qu’il avait annoncé dans la presse, le préfet de l’Hérault François-Xavier Lauch, constatant que l’édile n’avait pas dévié de sa position, a saisi le tribunal administratif de Montpellier qui rendu sa décision dans l’après-midi. La décision allant dans le sens du préfet, ce dernier a demandé à René Revol de retirer le drapeau.

Pas du genre à se laisser intimer ce genre de consigne, l’Insoumis a fait savoir que « le drapeau palestinien continuera de flotter sur la maison commune durant toute la journée du 22 septembre ». René Revol défendant : « L’argument avancé de la « neutralité du service public » est fallacieux. Lorsque j’ai accueilli le maire palestinien de Bethléem au printemps dernier, le drapeau palestinien a été déployé pour honorer sa visite. De même le lendemain de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, nous avons installé le drapeau ukrainien dans le cadre d’un large mouvement de solidarité des Grabellois. Le consigne du ministre de l’Intérieur contredit de fait la position diplomatique de la France et ne peut donc avoir aucune légitimité ».

Une plaque à Montpellier

C’est peut-être pour éviter ce genre d’échanges avec le préfet que Michaël Delafosse a choisi une autre voie. Le Socialiste, pas vraiment sur la même ligne, n’allait pas non plus suivre la consigne d’Olivier Faure. Consigne, qui plus est, applaudie des deux mains par Jean-Luc Mélenchon. Pas question non plus de froisser la communauté juive en hissant le drapeau palestinien tandis que les portraits des otages de l’attaque du 7 octobre apparaissent toujours dans le hall de l’Hôtel de Ville. Attaché à une solution à deux états, Michaël Delafosse a opté pour un tout autre choix… dans une étonnante discrétion : une photo et un communiqué de presse.

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Entouré de la député Fanny Dombre-Coste et du conseiller départemental Jérôme Moynier, de Clare Hart, délégué au rayonnement international de la Métropole de Montpellier mais également d’élus des composantes de sa majorité l’écologiste Bruno Paternot et les communistes Clara Gimenez et Hervé Martin, Michaël Delafosse a dévoilé ce lundi, sans la présence de la presse, une plaque sur laquelle est inscrit : « Montpellier salue ce jour la reconnaissance par la France de l’État de Palestine. La paix entre les deux états se construit par le droit. 22 septembre 2024 ». Celle-ci sera installée dans la semaine sur l’esplanade Charles de Gaulle au pied de l’olivier planté en symbole de la paix en 2008 par la maire Hélène Mandroux et l’élu communiste Michel Passet devant la statue en hommage à Jean Jaurès.

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« La décision du Président de la République d’annoncer la reconnaissance de la Palestine par la France en marge de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies est historique et s’inscrit dans la tradition diplomatique de notre pays en faveur du dialogue entre Israéliens et Palestiniens et de la paix au Proche-Orient. Le 4 mars 1982, François Mitterrand était ainsi le premier chef d’état français à prendre la parole devant les parlementaires de la Knesset à Jérusalem. « Le dialogue suppose la reconnaissance préalable et mutuelle » avait-il alors déclaré dans son discours. C’est ce dialogue que s’efforce de cultiver Montpellier,  jumelée avec Tibériade, capitale de la Galilée en Israël, et depuis 2012 avec Bethléem, en Palestine. Depuis cette date, le drapeau palestinien flotte dès l’entrée à la Maison des relations internationales et de nombreuses coopérations sont menées avec des municipalités palestiniennes » rappelle un communiqué étonnamment laconique. Au-delà du symbolique, un drapeau pour un geste médiatique, une plaque pour s’inscrire dans le temps. Deux gauches, deux styles…

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