Posted On 22 septembre 2025
C’est la chute finale. En confirmant ce week-end que La France Insoumise aura une liste autonome aux élections municipales LFI enterre définitivement le pacte de la majorité municipale qui liait le parti de Jean-Luc Mélenchon aux Verts et avait permis les victoires de 2014 et 2020.
DEPUIS DES MOIS, LFI PREND SES DISTANCES AVEC LES VERTS
Ce n’est pas franchement une surprise car depuis des mois, les Insoumis ne cessaient de lancer des signaux en ce sens. Ils avaient désigné comme chefs de file pour les municipales à Grenoble Elisa Martin, députée de la 3ème circonscription inféodée au parti, et Allan Brunon, lui aussi tout entier soumis à l’appareil, venu du Rhône où il a été attaché parlementaire du gendre de Mélenchon. Les deux se sont alors lancé dans plusieurs sorties médiatiques pour commencer à se démarquer des Verts.
Elisa Martin et Allan Brunon samedi pour la présentation de leur liste à la presse
LA MENACE DE PLUS EN PLUS CONCRÈTE D’UNE LISTE AUTONOME
Il y a d’abord eu la pression sur Eric Piolle et sur la majorité sur la question du jumelage avec Réhovot et de la Palestine, suivant là la stratégie nationale de LFI consistant à instrumentaliser la Palestine à des fins électoralistes. Puis Brunon avait passé un cap en rejetant au coeur de l’été le processus enclenché par les Verts visant à désigner Laurence Ruffin candidate, vu comme « une fausse démocratie ». Dans une interview quelques temps plus tard, Elisa Martin avait confirmé cette autonomisation de LFI en expliquant vouloir « autre chose » qu’une « continuité douce ».
LE MILITANT FANATISÉ ALLAN BRUNON CONDUIRA LA LISTE LFI
Samedi, Elisa Martin et Allan Brunon ont annoncé depuis la Villeneuve, entourés d’une petite poignée de militants, que ce dernier mènera bel et bien une liste LFI indépendante en mars prochain. Le parti a fait le choix d’un apparatchik de 26 ans, qui ne connait rien à Grenoble et qui s’est jusque-là manifesté uniquement par ses outrances verbales et un comportement caricatural de militant fanatisé, agressif et incapable de nuance. Un parfait petit soldat gouroutisé par Mélenchon, qui va jusqu’à copier la couleur de cravate du lider maximo..
LFI choisit Allan Brunon plutôt que Martin trempée dans les affaires
ELISA MARTIN NE PEUT SE PRÉSENTER À CAUSE DES AFFAIRES
Le choix de Brunon tient également au fait qu’il est lui à ce stade, à notre connaissance, vierge de toute accusation. Ça fait une différence notable avec son acolyte Elisa Martin, qui elle est toujours visée par les accusations de montage financier avec Piolle pour toucher une rémunération au black lorsqu’elle était encore 1ère adjointe. Si les faits sont avérés, cette rétrocession entrerait aussi dans le cadre du fameux pacte Verts/LFI pour 2014 accordant la tête de liste aux premiers en échange d’avantages aux seconds. C’est dire comme derrière le symbole de la victoire les arrangements en coulisses sont glorieux.
LES VERTS/LFI DIVORCENT APRÈS 11 ANS DE MARIAGE
Ça n’a pas empêché la Députée LFI d’introduire la présentation de la liste par des taquets à ses collègues Verts, estimant qu’ils ont une « incapacité à discuter du fond » pour ne proposer qu’un « casting » avec Laurence Ruffin. À Eve Moulinier qui l’interroge dans le DL sur l’accord de 2014 qu’elle symbolisait, elle répond : « oui, une page est tournée. Le ciment de 2014, c’était un programme de rupture sur lequel nous avions travaillé tous ensemble, avec quatre parts égales dans le respect. Là, ce n’est pas du tout ce que nous avons vécu ». Le mariage Piolle/Martin aura duré 11 ans et finit par un divorce clair et net.
Les militants présents au lancement de la liste LFI. Au fond avec des lunettes, on comprend l’idée de « radicalité » avec la présence de Thomas Mandroux qui avait défrayé la chronique en livrant à la vindicte deux enseignants de Sciences Po Grenoble… avant d’être embauché par la municipalité.
LFI REVENDIQUE « LA RADICALITÉ »…
Brunon a ensuite présenté sa candidature en expliquant qu’il « faut de la radicalité. Nous l’assumons ». Les Grenoblois sont prévenus. Vous n’avez pas trouvé le mandat Piolle, qui finit avec une explosion de la pauvreté, une fuite de la classe moyenne, une désertification commerciale, une insécurité galopante assez « radical » ? Rassurez-vous, les Insoumis sont là pour permettre à notre ville d’accélérer sa descente vers le pire !
… AVEC UN PROGRAMME QUI RENIE LEUR PROPRE BILAN
Au niveau du programme LFI nous fait du grand LFI en oubliant avoir été 12 ans dans la majorité, donc coresponsable du bilan : Brunon s’engage à ce qu’il reste « zéro sans-abri » en réquisitionnant les logements vacants (pourquoi ne l’ont-ils jamais fait, en commençant par les logements ville sur lesquels ils ont la main ?), fustige la ZFE et le projet de lac de la Villeneuve (alors que les élus LFI au conseil municipal et à la métro ont voté pour), il promet la gratuité totale de la cantine scolaire (après les transports en commun, une nouvelle promesse ultra démagogue sans aucune piste de financement), un « service public de la tranquillité publique » (!) évidemment sans rien proposer pour la sécurité…
ALAIN CARIGNON APPELLE À UN FRONT ANTI LFI
Les Insoumis ont tout de même bien cerné que pour eux, qui ne visent l’hôtel de ville que pour se répartir les postes et viser des ambitions nationales, l’ennemi s’appelle Alain Carignon car lui est en passe d’emmener un vrai changement à l’hôtel de ville en mars. Sitôt l’annonce de la liste LFI, le candidat aux municipales pour Réconcilier Grenoble a d’ailleurs réagi en lançant « un front républicain anti LFI », rappelant que « la décision de La France Insoumise est un véritable danger pour Grenoble » et appelant à « les démocrates de tous bords à prendre l’engagement de refuser la moindre alliance avec cette formation politique, et à mettre tout en œuvre pour qu’elle ne puisse pas diriger la ville. Je les invite à s’unir pour former un front républicain anti-LFI, autour d’une entente sur les valeurs qui nous rassemblent ».
L’appel d’Alain Carignon à un front anti LFI
LA SCISSION ENTRE LFI… ET LES ÉLUS LFI DE GRENOBLE !
Les journalistes ont par ailleurs noté l’absence à la conférence de presse des élus LFI du conseil municipal (en dehors d’Elisa Martin) : Alan Confesson (adjoint secteur 2 et commerce), Laura Pfister (adjointe à l’égalité), Jérôme Soldeville, Maude Wadelec. Allan Brunon explique que c’est en raison de contraintes d’agenda.
Confesson VS Brunon : la gueguerre des roquets LFI prête à commencer ?
Mais dans un message envoyé à la majorité qui a aussitôt fuité (l’autoritarisme de Piolle ne tient plus personne, le roi est définitivement démonétisé), Alan Confesson explique que c’est faux et que ces élus n’ont en fait pas été sollicités par Brunon/Martin. Il ajoute qu’aucun élu en dehors de Martin n’approuve la décision de s’affranchir du pacte avec les Verts et jure qu’il fera fuiter « d’autres vérités ». Comme les Verts, LFI apparait tout aussi divisée en interne !
LA GAUCHE EXPLOSE, ALAIN CARIGNON RASSEMBLE
L’explosion de la gauche à Grenoble est une grenade à fragmentation. La maison LFI enterre le pacte de majorité et se divise en interne… tandis que du côté des Verts, Laurence Ruffin a été désignée hier soir candidate d’un champ de ruines, sur fond de contestation par l’adjointe Lucille Lheureux et de nouvelles révélations explosives sur le fonctionnement du système Piolle. Plus rien ne fonctionne et ce camp est désormais incapable de parler aux Grenoblois.
Deux chemins se dessinent pour Grenoble. Le chaos incarné par ce camp politique qui n’est plus en position de proposer quoi que ce soit, définitivement éclaté. Ou la réconciliation qu’Alain Carignon incarne, à la tête d’un collectif très large et poussé par un engouement populaire qui s’est confirmé vendredi soir avec 1500 Grenoblois présents pour le coup d’envoi du changement. Vivement mars prochain.