Par
Amandine Vachez
Publié le
23 sept. 2025 à 6h18
Des artisans en exercice forment celles et ceux qui voudraient le devenir demain. PassPassion propose des stages en immersion aux côtés de professionnels, dans l’idée de les préparer au métier. À Lille, Marie-Monique Delahaye, vitrailliste, accueille des stagiaires dans son atelier. Même chose chez la couturière et modéliste Catherine Kong, qui a créé Mon bar à couture à Gambetta. Ces passionnées ont à cœur de transmettre leurs connaissances et de préparer au mieux leurs apprentis aux examens qui les attendent.
Transmettre un savoir-faire très ancien
Le métier de Marie-Monique Delahaye n’est pas « vieux comme le monde », mais presque. « Très peu de choses ont changé. C’est un savoir-faire très ancien », nous glisse la vitrailliste, lors de notre rencontre. Depuis 2005, elle rénove des vitraux dans l’habitat urbain, pour les mairies notamment. Elle crée aussi, quand elle en a le temps. Dans son atelier situé à La Cofabrik, un impressionnant hommage à l’œuvre Le Baiser, de Gustav Klimt, donne à voir un aperçu de son savoir-faire. « La matière du verre m’a toujours fascinée. Depuis que j’y ai touché, je n’ai plus jamais arrêté », confie l’artisane.
En septembre 2025, la professionnelle accompagne deux stagiaires, Emilie et Nik, pour 105 heures de formation. Le tout étalé sur un mois de temps. En 70 heures, leur apprentissage est déjà bien avancé. « C’est très intense, on apprend énormément, et vite, avec quelqu’un qui transmet bien », confie Nik.
En deux semaines, lui et l’autre stagiaire qu’accueille Marie-Monique ont appris les rudiments du métier et dessiné leur projet. Ils ont coupé le verre et ont commencé à l’assembler entre les plombs, avant de procéder aux points de soudure. « C’est très précis, tout doit tomber parfaitement juste », nous indique Nik, ravi de découvrir un métier qui allie créativité et précision. Cet artiste peintre vient de la Baie de Somme pour cette formation. Il a à cœur de maintenir ce savoir-faire ancestral et de participer, à son échelle, à la préservation du patrimoine.
Marie-Monique Delahaye, vitrailliste (Les Arts Verres) depuis 20 ans, forme Nik à son métier, dans son atelier situé à Lille (Nord). ©Amandine VachezPréparer au mieux à l’examen
Les stagiaires de PassPassion ont tous un projet professionnel en ligne de mire. Ils préparent, autant pour le vitrail que pour la couture, un diplôme certifiant : un CAP. Les artisans les préparent à l’examen qu’ils passent en candidat libre. Dans le Bar à couture créé par Catherine Kong et qui s’est associée avec… une autre Catherine, accompagner et former est au cœur du projet. Ce lieu a été pensé pour accompagner les personnes qui le souhaitent dans un projet textile, dans le loisir ou vers la professionnalisation.
En septembre, le duo de couturières et modélistes accueille plusieurs férues de couture pour cinq semaines de suivi : deux de stage, deux de coupure et une dernière semaine ensemble. Dans la « promo » de septembre, l’ambiance à la fois bon enfant et studieuse. « On leur apprend l’ordre chronologique de la création d’un vêtement. Beaucoup connaissent la couture comme un loisirs, l’idée est de les former à la couture d’un point de vue professionnel », explique une des formatrices. Elles leur apprennent le « langage de la couture industrielle » pour les préparer au travail en atelier.
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Réfléchir par soi-même, trouver des solutions
Les parts créative et critique ont leur place dès ce stage initiatique. Chez Marie-Monique, les stagiaires ont imaginé leur propre vitrail. Au Bar à couture, elles confectionnent des pièces personnalisées à partir d’un modèle de base. Catherine, une des modélistes, nous explique : « Nous ne dictons pas ce qu’elles doivent faire, étape par étape. L’idée est de développer et d’encourager leur raisonnement ». Elles laissent les stagiaires penser par elles-mêmes afin qu’elles réfléchissent, décèlent les erreurs éventuelles et trouvent des solutions pour les corriger. Une machine à coudre industrielle est à disposition dans l’atelier, pour les familiariser avec le matériel qu’on trouve en entreprise.
Dans l’atelier de Lille (Nord) Mon bar à couture, une machine à coudre industrielle est à disposition des stagiaires, pour les familiariser avec l’outil. ©Amandine Vachez« J’avance pas à pas »
Parmi les stagiaires en couture, Adeline. Elle observe les détails de sa couture, regarde les instructions, cherche l’erreur. En retournant le travail, quelque chose ne tombe pas bien. « Je me suis trompée. » « Non, je ne crois pas, as-tu bien suivi toutes les étapes ? », questionne Catherine. Effectivement, il en manquait une : « J’ai oublié de cranter ». Adeline revient à l’étape précédente, a à cœur de s’appliquer comme ses camarades de formation. « Je travaille dans un bureau depuis des années. À un moment je me suis sentie déséquilibrée », confie-t-elle. Il lui manquait quelque chose. Elle est retournée à ce moment vers des activités manuelles. Puis, lors d’une rencontre avec des artisans, tout a « fait sens ». Elle « devait » se diriger dans cette voie. Elle a cherché des formations cet été et est tombée sur PassPassion. Elle s’est lancée avec une idée derrière la tête. Mais elle ne brûle pas les étapes. « J’avance pas à pas ». Elle se sent pour l’heure à sa place dans un atelier, et est fière de pouvoir montrer les pièces qu’elle a déjà confectionnées à son entourage.
Apprendre et transmettre, la suite logique
« 105 heures c’est à la fois court et long », estime Marie-Monique. « On ne peut pas passer autant de temps qu’on le souhaiterait sur certains aspects. Mais le plan que PassPassion fournit pour nous guider est très bien construit », confie la professionnelle, qui accueille aussi des personnes pour des stages découverte et des adolescents, dans son atelier.
Pour elle, former des personnes dans le cadre d’une reconversion professionnelle a d’autant plus de sens que cela correspond à son histoire. Elle exerçait un tout autre métier (secrétaire dans un cabinet d’architecte) quand elle s’est formée en parallèle à Paris. Là où elle a rencontré sa vocation, comme peut-être certains l’ont trouvé ou la trouveront dans son atelier lillois gorgé de reflets colorés.
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