DÉCRYPTAGE – Exaspéré par trois décennies de gestion privée du rail, marquées par des retards, des prix élevés et des sous-investissements, le gouvernement travailliste a lancé au printemps dernier un grand plan de renationalisation, qui doit s’étendre jusqu’à octobre 2027.
Il fallait être bien matinal, le 4 février 1996, pour voir partir le tout premier train privé du Royaume-Uni depuis l’après-guerre. C’était le 5h10 de la compagnie South West Trains, au départ de Twickenham et à destination de Londres-Waterloo, sur la rive droite de la Tamise. Margaret Thatcher n’était plus premier ministre, mais la fièvre des privatisations des années 80 et 90 courait toujours outre-Manche. Trente ans plus tard, c’est tout un pays qui fait machine arrière : votée fin 2024, la grande renationalisation du rail britannique a débuté cet été et doit s’étendre à l’ensemble du réseau d’ici octobre 2027.
Comme un symbole, c’est la compagnie South Western Railway, lointaine successeur de South West Trains, qui est repassée la première dans le giron public, en mai dernier. L’occasion pour la ministre des Transports Heidi Alexander de «dire adieu à 30 ans d’inefficacité, de gaspillage», et pour le premier ministre Keir Starmer de promettre «de meilleurs services, une billetterie plus simple et des trains plus confortables». En juillet, la compagnie est-londonienne c2c lui a emboîté le pas. Suivra notamment Greater Anglia à l’automne, qui dessert l’est de l’Angleterre.
Promesse de campagne du parti travailliste, le Passenger Railway Services Act est une réponse implacable à un constat partagé par une bonne partie des Britanniques : l’ouverture à la concurrence a été un échec, et le rail un «symbole du déclin national». Fin 2022…
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