Sur la rive gauche de Rouen (Seine-Maritime), au Petit-Quevilly, Luis Costea n’est pas du genre à se laisser abattre. Alors que son magasin Rouen Bio, affilié au réseau Biomonde, est en redressement judiciaire depuis octobre dernier faute de trésorerie suffisante pour assumer ses charges, le commerçant indépendant est bien décidé à ne pas baisser les bras.

Militant de la cause bio, ce dernier, qui a repris le magasin en avril 2022, a conscience des difficultés d’un secteur qui peine à rebondir depuis le Covid et les diverses crises traversées par l’économie française. Et même si selon l’Agence bio, en charge du développement et la promotion de l’agriculture biologique, « la progression des ventes en magasins bio, artisans et vente directe compense la baisse de la consommation en grande distribution », la part du bio dans le panier des Français stagne à 6 % après avoir baissé durant plusieurs années.

Il n’empêche. Après avoir tenté en 2024 de transformer ses clients en adhérents moyennant l’achat d’une carte à 59 euros, Luis Costea et sa femme espèrent aujourd’hui les convaincre de rejoindre un projet de coopérative plus abouti. « Plus précisément une SCIC, c’est-à-dire une société coopérative d’intérêt collectif », détaille-t-il.

500 euros le ticket d’entrée

Une idée venue après une rencontre : celle avec les cogérants de la Coop Villaroise, installée à Guyancourt depuis 2022, qui fait figure de modèle à ses yeux. « Là-bas, le système fonctionne car il s’appuie sur une soixantaine de familles qui font vivre la structure. Il n’y a pas de raison qu’il ne fonctionne pas ici ».

Avec le soutien opérationnel de la Coop Villaroise dont les responsables l’accompagnent dans la structuration de la SCIC et se proposent même d’apporter leur propre contribution financière, Luis Costea a organisé plusieurs réunions pour présenter le projet à ses clients. Avec un certain succès. « Soixante-quatorze familles sont intéressées pour nous rejoindre. Certaines personnes sont même prêtes à donner de leur temps pour nous aider dans notre fonctionnement. Il y a également des fournisseurs, des producteurs qui travaillent avec nous, qui sont partants ».

Le ticket d’entrée a été fixé à 10 parts, soit 500 euros au minimum. L’objectif est de réunir 78 000 euros pour repartir sur de bonnes bases. Et surtout éviter une liquidation judiciaire qui plane toujours sur la société avec un rendez-vous de la dernière chance fixé le 7 octobre prochain au tribunal de commerce. A ce jour, il manque encore autour de 20 000 euros, mais la dynamique est enclenchée pour sauver cette enseigne qui existe depuis 1997.