Atomisée, la gauche française ressemble à des poupées russes. En les soulevant, l’une après l’autre, vous finirez par tomber sur celle de Génération.s. À Rennes, l’ancienne écurie du socialiste Benoît Hamon, créée après sa candidature à la présidentielle de 2017, dispose d’un groupe politique au sein de la majorité de Nathalie Appéré. Composé de 5 élus, il compte aussi le député Tristan Lahais, élu sur la 2e circonscription, qui siège dans le groupe écologiste à l’Assemblée.

Localement, cette formation s’illustre par sa capacité à « incuber » d’autres petites poupées, au gré des turpitudes récentes de la gauche française. Debout, le mouvement du député François Ruffin et l’Après, le collectif monté par les députés « purgés » de LFI après les législatives de 2024 (Corbière, Autain, Garrido…). Une feuille de cigarette sépare les lignes qu’ils occupent.

« Un rassemblement le plus large possible »

À Rennes, le trio prépare les municipales, qu’il considère comme une étape avant la présidentielle. Avec un mantra : « l’union de la gauche dans sa pluralité ». C’est ce que demande la base militante. Et c’est ce que relaient les responsables des trois entités. « Dans un contexte marqué par le désengagement de l’État, l’austérité et la menace de l’extrême droite, ce n’est plus une option. C’est une nécessité. »

Depuis décembre 2024, Génération. s, L’Après et Debout « travaillent à la convergence programmatique de la gauche » rennaise. L’objectif ? Aboutir à un « rassemblement le plus large possible » d’ici les municipales en mars prochain. Les trois organisations ont dévoilé sept priorités qu’elles souhaitent voir portées au débat.

Sécurité sociale alimentaire

Parmi celles-ci on trouve, notamment, « la volonté d’articuler bifurcation écologique et réduction des inégalités via la mise en place d’une fiscalité locale – et des politiques de tarification – au service de l’équité », la création d’une « sécurité sociale de l’alimentation », la mise en place « d’un contrat jeunes pour garantir l’accès des 16-25 ans aux droits fondamentaux (santé, logements, mobilités…) » et « le renforcement de la coconstruction des politiques publiques » avec les habitants, les associations…

« Certains d’entre nous ont participé à la majorité sortante. Plusieurs aspects de son bilan constituent des avancées dans lesquelles nous nous reconnaissons, expliquent-ils. D’autres réclament des approfondissements et des inflexions. » Lesquels ? Sur ce point, les interlocuteurs restent vagues et renvoient à leurs contributions.

L’union oui, la rupture, pas trop…

« Nous proposons des pistes partagées qui permettront ces infléchissements”, explique Olivier Roullier, élu sortant et chef du groupe Génération.s. Quelles sont les prochaines étapes ? Octobre sera déterminant pour la stratégie des composantes de la gauche rennaise. Les écologistes doivent statuer sur leur participation (ou pas) à une liste d’union dès le premier tour. Quant à LFI, dont les prises de position de la députée Marie Mesmeur et de Gwénolé Bourrée, les deux leaders d’ores et déjà déclaré, irritent plus qu’elles n’attirent les tenants de la majorité sortante ? « Ils parlent de rupture (avec le bilan de la majo sortante), ce sera compliqué, reconnaît Olivier Roullier. Il faut qu’existent quelques éléments de convergence avec le travail mené ces dernières années. Néanmoins, nous sommes de ceux qui souhaitons l’union. Nous discutons. Nous verrons dans les prochaines semaines si cette volonté est partagée et une liste unitaire possible. »