Posted On 21 avril 2025

Eric Piolle a déserté Grenoble pour se consacrer à ses ambitions nationales. Mais d’ores et déjà sa mauvaise image y compris au sein de son propre parti les plombe.

TONDELIER ÉCARTE PIOLLE

Depuis deux mois, le Maire de Grenoble est ainsi l’acteur d’une tragicomédie pathétique qu’il a lui même initié à propos de sa candidature pour être porte-parole des Verts. Consciente que le personnage à l’image plus que clivante en raison de son bilan à Grenoble desservirait plus son parti qu’il ne lui apporterait, la secrétaire nationale Marine Tondelier avait en effet décidé de l’écarter de son courant majoritaire en février.

Exclu comme un indésirable des boucles internes au parti
UN GRAND DÉFENSEUR DU DÉBAT… MAIS PAS À GRENOBLE

Plutôt que de régler cette tambouille politicienne en interne, Eric Piolle avait alors décidé de s’en plaindre… dans les médias. En jugant sans rire que Marine Tondelier était en train « d’étouffer le débat interne ». Reconnaissons que c’est un expert qui parle, vue la considération qu’il a pour le débat et la contradiction avec les oppositions au conseil municipal de Grenoble et les collectifs d’habitants et de commercants.

PIOLLE ASSUME ABANDONNER GRENOBLE

Désespéré, en mars il avait adressé une longue lettre-plaidoyer implorant les adhérents des Verts de parrainer sa candidature afin qu’il puisse se présenter à l’élection de porte-parole. Lettre dans laquelle il expliquait clairement son abandon de Grenoble, révélant que les tractations politiciennes l’occupent depuis des mois et jugeant qu' »à la date du congrès (avril), j’aurai effectué 93% de mon mandat de maire. Quelques semaines plus tard, le leadership à Grenoble basculera logiquement vers la future candidate tête de liste ».

Eric Piolle pense que le fait d’avoir mis en piste Laurence Ruffin pour candidater aux élections municipales le dispense de s’occuper de la municipalité

Comme si sa candidate Laurence Ruffin était Maire et allait s’occuper de la gestion municipale à sa place, alors qu’elle n’est même pas officiellement tête de liste à ce stade.

IL PEINE À TROUVER 329 SOUTIENS CHEZ LES VERTS

Malgré cette lettre et tout son foin médiatique, Eric Piolle aura peiné jusqu’à la date de clôture pour réunir les parrainages nécessaires à son dépôt de candidature. « 329 signatures d’adhérents, la tâche n’aurait pas dû être trop difficile pour celui qui avait été le premier maire écolo d’une grande ville… » suggérait Eve Moulinier (le Dauphiné Libéré). Et pourtant : il n’aura réussi que dans les tout derniers jours. Le Maire de Grenoble est vu comme un boulet que bien peu veulent soutenir y compris dans sa famille politique.

TONDELIER RÉÉLUE MALGRÉ LES ATTAQUES DE PIOLLE

Les élections internes des Verts ont finalement eu lieu la semaine dernière, avec un Piolle sur la ligne de départ in extremis. Et on peut en tirer plusieurs enseignements. D’abord, Marine Tondelier avec qui Eric Piolle est désormais en bisbille, a été réélue secrétaire générale dans un fauteuil (73%) et ce dès les 1er tour devant trois concurrents. Les attaques médiatiques de Piolle, ses piques sur sa gestion (par ressentiment par rapport à son petit cas personnel) n’y auront rien changé.

TOUS LES POSTES POURVUS AU 1ER TOUR… SAUF POUR LUI 

Tous les autres postes, y compris celui de porte-parole féminine (les Verts fonctionnent avec un binôme paritaire à ce poste) ont également été pourvus avec des candidats élus dès le 1er tour. Il n’y a en fait que le poste de porte-parole homme auquel candidate Piolle qui fait l’objet d’un ballotage et conduit à un second tour à venir entre le 24 et le 26 avril. Le phare de l’humanité n’a en effet obtenu que 37% de suffrages ce qui le force à disputer un duel.

Sur X, Piolle trouve le moyen de se vanter de son score…
UN CANDIDAT DE SECOND RANG POUR DE VULGAIRES ÉLECTIONS INTERNES

Narcisse parvient tout de même à se féliciter de son score avec la publication d’un visuel sur ses réseaux sociaux pour se féliciter d’être arrivé en tête au 1er tour. Il faut bien mesurer à quel point la chute est brutale pour le personnage. Il y a 4 ans il était candidat à la primaire des Verts pour être Président de la République (avant de se prendre une tôle en finissant avant-dernier). Aujourd’hui il fait campagne publiquement pour un petit scrutin interne dans l’entre soi des Verts…

À 300 VOIX SEULEMENT D’UN OUTSIDER INCONNU

Dans sa publication sur X, Piolle oublie par ailleurs de préciser qu’une poignée de % seulement le séparent de son concurrent qualifié au second tour, Guillaume Hédouin. Vous ne le connaissez pas ? C’est normal : il s’agit d’un élu rural, conseiller régional de Normandie, qui ne bénéficie d’aucune médiatisation contrairement au Maire de Grenoble amoureux des plateaux nationaux. Partant donc avec ce déficit de notoriété comme sérieux handicap, Hédouin talonne Piolle avec 300 voix d’écart.

Le résultat du 1er tour de l’élection au poste de porte-parole.
LE DÉMAGO DEMANDE LE DROIT DE VOTE À 16 ANS..

Piolle avait pourtant tenté d’influer sur le scrutin en utilisant une énième ficelle médiatique. Au moment où les adhérents verts votaient, il a en effet fait force publicité de sa signature d’une tribune pour abaisser le droit de vote à 16 ans aux municipales (la gauche en perdition électorale cherche toujours à se créer de nouveaux électeurs pour sauver ses meubles). L’occasion de faire un plateau télé et un peu de presse : de la visibilité à moindre frais en plein pendant le vote. 

LE FUTUR BOULET DES VERTS ?

Ça n’aura pas suffi à plier le match. Piolle reste en ballotage dans un scrutin à danger pour lui et c’est à cela qu’on mesure le degré de rejet qu’il suscite. Sa notoriété, incontestable, s’accompagne d’une image très mauvaise y compris pour nombre d’adhérents des Verts car elle s’est bâtie sur la mauvaise image de Grenoble liée à sa politique et à ses prises de positions particulièrement dogmatiques. S’il était péniblement élu porte-parole le 26 avril, il deviendrait alors un vrai boulet pour les Verts… comme il le sera pour sa candidate Laurence Ruffin à Grenoble, qui devra répondre de son bilan.