Mais que peut-il y avoir entre deux traits ? Une œuvre d’art, bien sûr ! Ou plutôt des œuvres, car en l’occurrence, ils sont cinq artistes à les accrocher dans la galerie Robet Dantec. Ici, la thématique du trait devient profusion de couleurs et formes, chaque artiste déclinant son propre protocole.

Alberto Cont, qui pratique l’aquarelle et le crayon de couleurs, fait vibrer la ligne afin d’en saisir la lumière. Dans sa singulière série Velature, il revisite la tradition de la peinture vénitienne, par l’application successive de glacis. Mais ici, c’est avec ses crayons qu’il superpose les couches, lesquelles produisent des transitions progressives entre les tons qui, à leur tour, suggèrent une profondeur spatiale. À travers cette petite prouesse, les compositions se révèlent de véritables champs vibratoires.

Arthur Lambert, lui aussi, joue avec les lignes. Alternant et croisant une multitude de petits traits ultra-fins, il forme autant de grilles, d’architectures à la dimension abstraite. Dans une infinie patience, ses dessins accouchés traduisent subtilement l’apparition et la disparition de l’image.

Des herbes folles balayées par les vents

Robinson Hass, toujours dans le trait, pratique un autre registre. Sur de grands formats, il produit des paysages assez minimalistes où, au premier plan, des herbes folles sont balayées par les vents. Mais c’est d’une peinture gestuelle qu’il s’agit là, où, pour la production du végétal, le jaillissement du trait implique tout le mouvement du corps.

Isabelle Vorle suit volontiers des chemins de hasard, semant derrière elle une poésie plastique. Ses aquarelles se déclinent en petites surfaces accolées, aux multiples tons. Ses compositions expérimentales pourraient faire songer à de la mosaïque.

Le cinquième artiste, Bastien Faudon, est un peu hors champ, puisqu’il est sculpteur. On peut donc parler en quelque sorte, d’un trait en trois dimensions. Ses œuvres tout en torsion ou en rubans déroulés, sont empreintes d’élégance.

Jusqu’au vendredi 31 octobre, galerie Robet Dantec, 36, rue Voltaire, du mardi au samedi, de 14 h à 19 h.