C’est bien connu, les absents ont toujours raison. Ministre de l’Economie historique sous Macron avant de sauter au 4876e changement de gouvernement, Bruno Le Maire, aujourd’hui conseiller spécial d’ASML, le géant néerlandais des semi-conducteurs, a commenté l’actualité politique à L’Usine Nouvelle ce lundi. L’ex-ministre s’en prend violemment à l’Union européenne, qu’il accuse d’étouffer l’industrie avec un « cadre réglementaire excessif » et une obsession pour la « normativité ». « Nous sommes dirigés par une bande de technocrates qui ne mesure pas la vitesse avec laquelle le monde se transforme », lance-t-il.

Face aux mastodontes américains et chinois, il exhorte l’Europe à « montrer les dents » et à « assumer un rapport de force ». Il regrette que l’UE « affiche sa faiblesse », alors qu’elle dispose d’un « bazooka » avec l’outil anti-coercition, qui permet de limiter l’accès au marché européen ou de contrôler les exportations de technologies sensibles. « Nous avons un bazooka mais nous ne voulons pas l’utiliser », déplore-t-il.

La « blessure profonde » des comptes publics

Revenant sur ses sept ans à Bercy, Le Maire admet des échecs : la dégradation de la note de la France est « un échec » et l’incapacité à redresser les comptes, « une blessure profonde ». Mais il défend un bilan « réel », citant l’ouverture de 650 usines, la relance des formations d’ingénieurs et le retour du nucléaire. Tout ça mis à mal par la dissolution, selon lui : « Les incertitudes politiques minent la confiance des investisseurs. Résultat : les défaillances repartent à la hausse et on détruit à nouveau des emplois industriels. Quel saccage ! »

Sur la taxe Zucman, qui agite le débat politique, Le Maire balaie : « Cela revient à se poser les mauvaises questions. » Pour lui, la priorité est de créer des richesses avant de redistribuer. Il milite plutôt pour une taxe GAFAM, visant les géants du numérique qui ne paient que « quelques centaines de millions d’euros d’impôts dans les pays où ils font leurs bénéfices, comme la France », et pour une taxation minimale des sociétés.