« L’ambition du beau ou comment le design naît à Saint-Étienne », du beau avant toute choseA LIRE Expositions : « Le mystère Cléopâtre », « Les brigades centrales de la préfecture de Police », « Les maîtres du feu »… Nos conseils sorties de la semaine
Ce sont des initiatives privées qui, sous le second Empire, avaient conduit à ce qui fut d’abord le musée municipal de Saint-Étienne. Siège d’une sous-préfecture, refuge de la première ligne de chemin de fer, la cité est au XIXe siècle rythmée par l’activité des armuriers et des rubaniers, au faîte de leur prospérité et responsables de la gestion de l’institution. N’est-ce pas le fils d’un passementier, Jean-Marie Ogier (1827-1900), peintre et dessinateur de tissus stéphanois, qui allait enrichir le musée d’un panel d’ objets atypiques, essentiellement issus de la production locale ?
Rassemblée grâce à sa fortune, cette collection curieuse de plus de 700 pièces aux styles et typologies variés introduisit le beau dans un musée dont les autorités publiques feraient bientôt un instrument au service de la formation des ouvriers de l’industrie. Revisitant ses origines, le musée d’Art et d’Industrie consacre une exposition, “L’ambition du beau ou comment le design naît à Saint-Étienne”, destinée à faire la lumière sur le rapprochement entre l’art et l’industrie qu’il orchestra au fil des années et qui donna naissance au design industriel.
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Un discours très à propos, permettant de comprendre la manière dont les principaux artisans du musée mirent à profit les facettes sociale et artistique locales pour son public, notamment ouvrier. Le premier conservateur Marius Vachon, persuadé de la « superbe supériorité économique et industrielle » de la ville, le renomma musée d’Art et d’Industrie en 1889 et en fit un espace de conservation de ses savoir-faire (armes et rubans). L’exposition présente également les initiatives portées par ses successeurs, comme Maurice Allemand, qui le transforma après la Seconde Guerre mondiale en lieu majeur de l’art moderne, en particulier avec les affiches de cycles, dont la fabrication fut une autre spécialité stéphanoise.
Cette rétrospective rappelle combien fut ancrée dans ce terroir l’imbrication du beau et de la production industrielle.
L’ambition du beau ou comment le design naît à Saint-Étienne, musée d’Art et d’Industrie, Saint-Étienne (Loire), jusqu’au 10 novembre.
« Richard Avedon, in the American West », sincère
Quarante ans après la publication du livre In the American West : Photographs by Richard Avedon, la Fondation Henri Cartier-Bresson rend hommage à ce recueil de portraits de la classe laborieuse ouest-américaine saisis entre 1979 et 1984 par Richard Avedon (1923-2004). Mineurs, ouvriers, forains… Capturés sur des fonds blancs accentuant leurs traits, ils dessinent un visage de l’Amérique sans fard. Cette présentation inédite en Europe des clichés de l’ouvrage (bientôt réédité) révèle une facette singulière de l’œuvre du photographe, éloignée du monde de la mode dans lequel il excellait par ailleurs.
Richard Avedon, in the American West, Fondation Henri-Cartier-Bresson, Paris IIIe, jusqu’au 12 octobre.
« La Fabrique du temps », équivoque
En imposant le réglage des horloges communales pour bénéficier d’une “heure nationale”, La Poste marqua, dès 1839, sa volonté de maîtriser la gestion du temps. De l’instauration de heure commune sur l’Observatoire de Paris, permise par le télégraphe, jusqu’aux ultimes moyens d’adaptation de l’institution face à l’accélération du temps (livraisons par drone), cette rétrospective explore les liens entre La Poste et la notion de temps. Clichés, pièces de philatélie, almanachs retracent cette relation originale.
La Fabrique du temps, Musée de la Poste, Paris XVe, jusqu’au 3 novembre.