REPORTAGE – Après avoir fait l’objet des plusieurs dégradations ces derniers jours, le campus a dû être évacué par les policiers ce mardi après-midi après que la situation a dégénéré. Les cours reprendront mercredi.
En ce milieu d’après-midi, le calme est revenu sur le campus Tertre à Nantes. Mais les placards fouillés, les cadres brisés sur le sol et les multiples tags témoignent de la violence survenue quelques heures plus tôt. «Pas de keufs dans nos facs», «Facho», «Dangers fascisation des facultés», peut-on lire sur les murs du pôle étudiant, situé près des facs de droit et de lettres. C’est ici qu’une conférence de presse a été organisée en urgence ce mardi, au vu de l’ampleur de débordements survenus en début d’après-midi.
La situation est telle que les cours ont même été suspendus jusqu’à mercredi matin. «Notre campus Tertre est la cible d’attaques répétées depuis jeudi dernier tout particulièrement», rembobine Carine Bernault, présidente de Nantes Université, peu coutumière de cet exercice. Habituellement, l’établissement se fend d’un communiqué. En fin de semaine dernière, des tags haineux visant des étudiants ont été découverts, après une nuit particulièrement agitée où un groupe, muni de mortiers d’artifice et de bouteilles d’alcool, est monté sur les toits.
Une poignée d’étudiants
Lundi après-midi, rebelote : «Un groupe a cherché à occuper des salles sur le campus dans différents bâtiments sans même avoir demandé une autorisation pour se réunir comme c’est la pratique». Parmi eux, se trouvait un ancien étudiant exclu de l’université pour deux ans. La police a procédé à leur évacuation. Ce mardi, après une assemblée générale, «des individus cagoulés se sont retrouvés dans le pôle étudiant» où ils ont mis sens dessus dessous ce lieu de vie culturel. Durant le saccage – où des tags haineux et nominatifs ont de nouveau été inscrits -, des membres du personnel enfermés dans les bureaux ont eu particulièrement peur.
«Au regard du risque pour les personnes et les biens, nous avons appelé le 17 et nous avons décidé de fermer l’ensemble du campus pour l’après-midi», relate Carine Bernault. Cette dernière a tenu à «condamner ce qui n’est ni plus ni moins un coup de force contre l’université». Apportant son soutien à ses collègues qui en ont «ras-le-bol», elle a assuré que «jamais nous ne tolérerons qu’un petit groupe cherche à imposer ses idées par la violence sur nos campus». En l’occurrence, il s’agit d’une quarantaine de personnes, sur 42.000 étudiants.
Le ministre réagit
«Il est inacceptable que les étudiants, les chercheurs, les enseignants-chercheurs et l’ensemble des personnels soient ainsi pris en otage par une minorité violente qui ignore tout des valeurs de dialogue, de respect et de libertés académiques qui sont le fondement même de nos universités», a réagi sur X Philippe Baptiste, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Sur le même réseau social, le syndicat «Solidaires Étudiant·e·s Nantes» a répliqué : «La présidente de Nantes Université et le ministre démissionnaire mentent sur le déroulé des événements. Le campus n’a pas été saccagé ni occupé. Une seule action dans un bâtiment avec aucune violence verbale ou physique afin de protester contre l’intervention des CRS hier (une précédente intervention a eu lieu lundi, NDLR) et la dérive autoritaire.»
Parmi les tags constatés par Le Figaro, certains entourent celui d’un employé chargé de la sûreté de l’établissement. Le prénom de la présidente a également été apposé. La semaine dernière, celui d’un étudiant de l’UNI avait aussi été affiché. Le syndicat étudiant de droite a d’ailleurs réagi à ces événements : «L’extrême gauche prend l’université de Nantes en otage. (…) La majorité silencieuse des étudiants n’en peut plus de subir leur violence et leur diktat idéologique».
Cet événement intervient dans un contexte particulier, où un nouveau règlement intérieur est en train d’être adopté. Salué par l’UNI, qui a annoncé voter en faveur de cette modification visant à «renforcer la sécurité sur le campus», il suscite la méfiance de certains. «Des poursuites disciplinaires pourraient ainsi être dorénavant engagées contre toute personne participant à un regroupement “non autorisé” dans l’enceinte de l’établissement», ont dénoncé dans un communiqué daté du 18 septembre plusieurs syndicats. Ces derniers ont aussi relevé une modification «qui interdit au personnel et usager·ères de porter atteinte à la réputation de l’établissement», les inquiétant pour leur liberté d’expression.
Pour la présidente de Nantes Université, les dégradations survenues quelques jours après l’annonce de la modification du règlement intérieur, soumis à concertation, ne sont qu’un «prétexte». Elle a rappelé que, déjà, en février dernier, de nombreux dégâts avaient été causés après l’organisation d’une fête sauvage. Comme à chaque fois, une plainte sera déposée.
Illustration des placards vidés après les événements survenus mardi après-midi.
LT/Le Figaro
De nombreux tags visant la police ont aussi été relevés.
LT/Le Figaro