Après un été relativement calme, la campagne des municipales à Strasbourg s’est accélérée ces dernières semaines, et ne risque pas de ralentir. Pour y voir un peu plus clair, on a concocté un petit résumé des forces en présence. Candidat(e)s déjà déclaré(e)s, gros partis encore dans l’indécision et mouvements plus petits mais qui comptent bien peser… C’est parti pour le récap’.
C’est bon, on y est : la campagne des municipales 2026 à Strasbourg reprend de plus belle. Après un été plutôt calme en annonces, le petit monde de la politique locale strasbourgeoise se réveille avec la rentrée et se prépare à une bataille qui va être longue, entre sondages, alliances et coups de théâtre.
À ce sujet, le dernier en date concerne Nicolas Matt, qui a annoncé se ranger derrière Jean-Philippe Vetter via les DNA. L’ancien membre du parti Renaissance était crédité de 4% dans le sondage divulgué par le quotidien local. Un rapprochement expliqué par le travail commun des deux hommes à la CEA, mais sans doute aussi par l’impossibilité pour Nicolas Matt d’être tête de liste pour les municipales. Après le PS puis la macronie, c’est une troisième dynamique politique sur laquelle glisse désormais Nicolas Matt.
Alors que tout s’accélère, petit récapitulatif des forces en présence. Candidat(e)s déclaré(e)s, partis dans l’indécision et petits mouvements comptant peser, il y a de quoi faire dans la jungle des municipales strasbourgeoises.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Les candidat(e)s déclaré(e)s
Jean-Philippe Vetter (Les Républicains)
Jean-Philippe Vetter a été le premier à se lancer dans la bataille des municipales le 28 février dernier, dans sa « Lettre aux Strasbourgeois ». Depuis, à travers son mouvement « Aimer Strasbourg », il égrène des propositions et actions politiques : inscription des commerçant(e)s sur les listes électorales, 10 temps d’échanges avec les Strasbourgeois(es) dans les quartiers, présentation de son équipe le « XV de Strasbourg », ou encore le sondage qu’il a commandé, le plaçant en position de l’emporter en mars prochain.
À moins de six mois des élections, il ne lui manque finalement plus qu’un programme, désormais en cours d’élaboration. Se positionnant dès le début comme le candidat naturel d’union de la droite et du centre (et donc des oppositions), il peut se satisfaire du coup politique que représente le rangement de Nicolas Matt derrière lui, cimentant cette place dans l’esprit des votant(e)s à droite. Surtout, il met en difficulté Pierre Jakubowicz (seulement crédité de 6% dans le fameux sondage), le parti Renaissance et le groupe Centristes et Progressistes. Sacré bingo. Pour l’instant donc, tout roule pour Jean-Philippe Vetter ; mais la campagne est encore longue.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Jeanne Barseghian (Les Écologistes)
L’actuelle maire de Strasbourg a annoncé sa candidature en juillet. Une décision logique, mais au timing étrange, la période estivale ayant coupé toute possibilité de dynamique. Annonçant vouloir être maire le plus longtemps possible, l’édile strasbourgeoise ne rentrera en campagne qu’à partir de 2026. En attendant, il y a de quoi faire, puisqu’il faut mener tous les chantiers à leur terme avant la fin 2025 : le tunnel des Halles, sa bretelle et plus généralement tout le secteur, la Colmarienne, le tram Ouest, ou encore la place du Temple-Neuf et le bowling de l’Orangerie.
Pour le moment, la maire structure donc son équipe, avant de s’atteler à sa réélection. Une tâche qui ne sera pas aisée, puisqu’elle devra répondre de son mandat face aux listes d’opposition et aux Strasbourgeois(es). Aussi, contrairement à 2020, elle n’aura plus le vent dans le dos qu’avaient connu les écologistes, la focale s’étant déplacée de la lutte pour le climat à celle sur le pouvoir d’achat et contre la précarité. Par ailleurs, elle devra également faire avec une liste LFI qui lui prendra des voix et de l’espace. Sa réélection pourrait ainsi dépendre de sa capacité à concilier justice climatique et justice sociale, ainsi qu’une potentielle union au deuxième tour. Chemin ardu.
© Anthony Jilli / Pokaa
Pierre Jakubowicz (Horizons)
Dernière grosse tête locale à se lancer dans la jungle des municipales, Pierre Jakubowicz n’a surpris personne en se déclarant candidat début septembre. Opposant le plus actif du mandat de Jeanne Barseghian, le candidat Horizons prépare son moment depuis très longtemps. Il a passé la vitesse supérieure ces deux dernières années, proposant de créer 12 kiosques dans les quartiers, s’entourant de 25 délégué(e)s et imaginant « Strasbourg en grand », première ébauche réfléchie de son programme.
Néanmoins, dans sa quête de l’Hôtel de Ville, Pierre Jakubowicz fait face à plusieurs difficultés. En premier lieu, la mainmise de Jean-Philippe Vetter sur l’électorat de droite l’isole. Un isolement intensifié par le ralliement de Nicolas Matt derrière le candidat LR. La réserve de voix à droite n’étant pas infinie à Strasbourg, cela risque d’être compliqué pour lui de se créer une place. Surtout que le rejet du macronisme le pénalise, lui qui est identifié par son soutien au gouvernement ces dernières années. De là à le « forcer » à faire une alliance ? La campagne réserve encore bien des surprises, alors qui sait ?
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Virginie Joron (Rassemblement National)
Pour le RN, la conquête du trône municipal se fera avec Virginie Joron. Réélue députée européenne en 2024, et arrivant en 3e position au second tour des législatives de 2024 dans la 2e circonscription de Strasbourg, celle qui, selon Rue89, s’est fait « remarquer au sein des milieux antivaccins par son opposition vive à l’obligation vaccinale et ses remises en cause répétées de l’efficacité des vaccins » a mené une campagne de tracts durant l’été avec un mot d’ordre : « Arrêtez d’emmerder les Strasbourgeois ! »
La candidate d’extrême droite, également placée sur « liste noire » par le Parlement européen en 2021, a ainsi un double objectif pour les municipales : « sauver Strasbourg de ce naufrage », mais également faire passer le RN au-dessus des 10 %. Avec ce score, pas inatteignable pour le parti d’extrême droite au vu des dernières élections législatives, le parti se maintiendrait au second tour, et pourrait ainsi envoyer au moins sa tête de liste au conseil municipal.
© Parlement européen / Document remis
Thibault Vinci (Parti radical de gauche)
Dernier candidat déclaré à l’heure où cet article est rédigé, Thibaut Vinci représente le Parti radical de gauche (PRG), un parti de centre-gauche. L’ancien candidat aux législatives de 2022 dans la 2e circonscription de Strasbourg [il avait réalisé 2,47 %, ndlr] compte bien « transformer Strasbourg en une métropole plus sûre, plus inclusive et rayonnante sur la scène française et européenne ».
Pour y parvenir, il développe 10 priorités, dont la première est de renforcer la sécurité dans tous les quartiers [généralement pas une priorité de la gauche, ndlr]. Thibaut Vinci veut également faire de Strasbourg une capitale européenne accessible à toutes et tous, promouvoir la justice sociale et la solidarité et valoriser la culture et le patrimoine. Enfin, il appelle à une primaire à gauche et au centre-gauche en octobre ; une initiative pour l’instant seulement rejointe par Laurine Roux du Parti radical, et Chantal Cutajar, de Cap 21. Difficile d’y joindre le PS strasbourgeois, souhaitant déjà partir en solo.
© Page Facebook de Thibaut Vinci / Capture d’écran
Les partis encore indécis
Parti Socialiste : une liste autonome, dont la tête sera connue en novembre
Officiellement, le PS doit attendre début novembre et les investitures du parti pour désigner un(e) candidat(e). Il est donc normal qu’aucune tête de liste ne se soit pour le moment déclarée. On peut néanmoins raisonnablement penser que Catherine Trautmann est la grande favorite pour mars prochain, au vu du peu d’offres alternatives existantes chez les socialistes strasbourgeois(es).
Sillonnant en ce moment Strasbourg à la rencontre des habitant(e)s, l’ancienne maire se voit en plus confortée par le sondage la plaçant au coude à coude avec Jean-Philippe Vetter. Si des rebondissements sont encore possibles, et qu’elle pourrait être challengée en interne par Lindia Ibiem de Convergence, Catherine Trautmann se prépare doucement mais sûrement. Dernière information : le PS a décidé de présenter une liste autonome. Un choix strasbourgeois, pourtant contesté par certain(e)s en interne. On n’est pas à l’abri de surprises.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
La France Insoumise : qui pour mener la liste ?
Depuis 2022, LFI remporte presque toutes les élections nationales dans lesquelles elle se présente à Strasbourg. Une place prépondérante dans l’électorat strasbourgeois que Benjamin Kuntz et Lisa Farault, co-chef(fe)s de file LFI à Strasbourg, comptent bien faire fructifier, loin des résultats de 2020 [2,99 %, ndlr]. Après s’être davantage structuré, le mouvement compte porter un projet qui soit un « vrai tournant social et populaire », en poussant plus loin les thématiques de logement, de la jeunesse et des familles, ou encore de l’accessibilité des transports en commun.
La question qui demeure reste désormais celle de l’incarnation : si le choix naturel se porte sur Emmanuel Fernandes, député de la 2e circonscription strasbourgeoise et figure locale la plus identifiée, rien n’a encore été acté. Une chose est sûre : avec une figure bien identifiée, LFI pourrait jouer un rôle important dans ces municipales, tout particulièrement dans un deuxième tour aux possibilités très ouvertes.
© LFI Strasbourg / Document remis
Renaissance : alliance ou liste autonome ?
Dernier gros parti à ne pas encore avoir désigné de tête de liste, Renaissance se retrouve dans une situation compliquée : doublé par Pierre Jakubowicz, touché par le rangement de Nicolas Matt derrière la liste LR [même s’il n’était plus membre du parti depuis fin 2024, ndlr], le parti présidentiel ne sait pas trop où se positionner dans cette course des municipales strasbourgeoises. Quelques jours après le congrès de rentrée à Arras, il n’y a toujours pas de tête de liste, alors que le parti a travaillé sur 10 missions pour Strasbourg.
Si une personnalité est finalement désignée, elle devra répondre à plusieurs défis : se démarquer de Pierre Jakubowicz et de Jean-Philippe Vetter, tout en combattant la mauvaise réputation du macronisme. Si elle s’ouvre vers le centre-gauche, elle devra alors se démarquer du PS. L’issue la plus probable serait donc une alliance, comme cela a été fait à Lyon. Mais avec qui ? En soutien de Pierre Jakubowicz ? Du PS ? Voire de Jean-Philippe Vetter ? De nombreuses questions entourent donc Renaissance, qui ne démarre pas de la meilleure des manières à Strasbourg.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Les mouvements qui comptent peser dans les municipales
Réconcilier Strasbourg, le mouvement de Paul Meyer
Cinq ans après son départ, Paul Meyer s’est rappelé au bon souvenir des Strasbourgeois(es) en créant son mouvement « Réconcilier Strasbourg » avec Nawel Rafik Elmrini. L’ancien adjoint de Roland Ries, derrière les projets de piétonnisation des rues du Jeu-des-Enfants et du 22-Novembre, a déjà mis dans le débat public plusieurs propositions, notamment pour adapter Strasbourg au réchauffement climatique ou plus récemment un pacte de confiance avec l’économie locale.
Appelant de ses voeux un rassemblement du centre et du centre-gauche, il reste désormais à voir où Paul Meyer et Nawel Rafik Elmrini se positionneront dans la campagne des municipales. En tant que tête de liste ? En appui d’une hypothétique candidature Renaissance ? En soutien du PS ? Le suspens reste entier.
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Convergence, la plateforme qui veut travailler pour l’union de la gauche
Alors que le PS souhaite partir en solo, et que la gauche risque d’être dispersée dans la campagne des municipales, Convergence s’est donnée la lourde tâche de remettre tout le monde autour de la table et de servir de catalyseur à la réussite de la gauche. Dirigée par la socialiste Linda Ibiem, l’association a depuis quatre ans travaillé sur un programme « Strasbourg vivant », reposant sur la solidarité et l’emploi, l’éducation, la culture, l’environnement et les mobilités.
Il se pourrait également que Convergence soit un caillou dans la chaussure du PS strasbourgeois, dont elle conteste fermement la décision, et le vote, d’une feuille de route autonome. Ainsi, Linda Ibiem n’exclut pas de se porter candidate pour l’investiture socialiste, tandis que Convergence ne se cache pas de vouloir être au centre des discussions à gauche. On n’est sans doute pas à l’abri de surprises.
© Convergence / Document remis
Cap 21, qui propose une « boussole » pour les Strasbourgeois(es)
Si Chantal Cutajar ne se présente pas cette fois comme candidate pour les municipales, l’ancienne adjointe de Roland Ries compte bien participer au « bloc central », ainsi qu’aux réflexions et débats de la campagne. Pour cela, elle propose avec son parti Cap 21 une « boussole » pour Strasbourg et les Strasbourgeois(es) avec comme but un rassemblement le plus large possible dès le 1er tour.
Une méthode organisée autour de quatre pôles : la République et la laïcité comme le cadre commun, la co-construction de la démocratie comme la méthode, mais aussi l’exemplarité des élu(e)s et la protection du vivant en assurant sécurité, santé, logement et écologie. Des axes qui seront accompagnés de deux grandes propositions autour de la dimension européenne de Strasbourg, qui seront dévoilées le 26 septembre.
© Chantal Cutajar / Document remis
UTILES, le mouvement centriste qui veut être… utile
Toujours au centre, le mouvement UTILES 67 veut faire honneur à son nom. Émanation locale du groupe parlementaire LIOT, il veut « apporter des réponses concrètes et humaines » aux problèmes actuellement traversés par Strasbourg. Déplorant un manque d’écoute, une fracture sociale, une crise du logement et la précarité de l’emploi dans la ville, son chef de file Mohamed Sylla a déjà mené plusieurs actions à Strasbourg comme un cahier de doléances, des barbecues populaires ou la sensibilisation à l’inscription des jeunes sur les listes électorales.
Alors que la construction du programme est en cours avec les citoyen(ne)s, UTILES annonce vouloir s’engager dans la campagne électorale des municipales. Pas d’alliances prévues pour le moment pour le mouvement centriste, qui devra réussir à se démarquer. Pour cela, Mohamed Sylla compte sur un projet « dans lequel les Strasbourgeois(es) se reconnaîtront quelles que soient leur sensibilité, origine, catégorie professionnelle ».
© UTILES Bas-Rhin / Document remis