Par

Léa Pippinato

Publié le

23 sept. 2025 à 18h12

Le quartier Malbosc, au nord-ouest de Montpellier, est devenu un terrain d’expérimentation. Depuis plusieurs semaines, l’entreprise Terratis y relâche des moustiques tigres mâles stériles. Au total, 85 000 individus, répartis dans 26 boîtes, volent déjà dans les jardins partagés et les rues du secteur. Leur particularité : ils ne piquent pas et ne peuvent pas transmettre de maladies.

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« On est mobilisé par la Ville », explique Florian Vernichon, responsable de l’activité terrain chez Terratis. « Nous avons proposé ce quartier car il concentre plusieurs critères : une forte nuisance potentielle et une végétation qui favorise la dispersion des mâles. »

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Le principe de la stérilisation

Ces moustiques ont été stérilisés par rayons X dans les locaux de Terratis. La méthode n’implique ni modification génétique, ni radioactivité durable. « C’est comme si les insectes passaient une grosse radio. Les mâles, nourris uniquement de nectar, cherchent ensuite à s’accoupler avec les femelles du quartier. Or celles-ci ne s’accouplent qu’une seule fois dans leur vie. En cas de fécondation avec un mâle stérile, leurs œufs ne donneront aucun descendant. L’objectif de la technique : relâcher des moustiques qui vont stériliser un maximum de femelles.

Chaque boîte contient environ 3 300 moustiques. Deux fois par semaine, près de 100 000 mâles s’envolent dans le quartier. Le dispositif se poursuivra jusqu’à fin octobre. Le coût de l’opération, pris en charge par la ville, s’élève à 39 000 euros. Pour Florian Vernichon, cette méthode constitue une alternative crédible aux insecticides. « Les produits chimiques tuent uniquement les adultes. Les larves continuent de se développer et une semaine plus tard, la population se reconstitue. Il faudrait traiter sans arrêt, avec un risque de résistance. »

Vidéos : en ce moment sur ActuDes résultats progressifs

La lutte contre le moustique tigre n’est pas instantanée. Les habitants de Malbosc ne constateront pas immédiatement de baisse des piqûres. « On espère des premiers résultats dès l’été prochain, avec environ 60 % de stérilité dans les œufs. Mais c’est surtout au bout de deux ans qu’on atteint jusqu’à 90 % d’efficacité. » L’expérience de Brive-la-Gaillarde, menée l’an dernier, confirme cette évolution progressive. À Montpellier, l’enjeu est d’évaluer l’acceptabilité sociale. Car il faut l’expliquer : relâcher des moustiques, même inoffensifs, peut surprendre.

La technique n’est pas miraculeuse et nécessite l’implication de tous. Les principaux gîtes larvaires se trouvent dans les jardins privés, les terrasses ou les gouttières. « Il faut que chacun continue sa lutte chez soi contre les points d’eau stagnante. Sinon, les moustiques du jardin seront toujours les premiers à piquer », avertit Florian Vernichon.

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