Ce mardi, sur les quais de Saône, le ciel est gris, comme l’humeur du patron. Dans la salle silencieuse, le vieux bar en zinc, celui qui a donné son nom à l’établissement, a depuis longtemps été remplacé par de l’inox. Mais l’esprit du lieu, lui, n’a jamais changé. Depuis 33 ans, quai Pierre-Scize, Au P’tit Zinc est un morceau de nuit lyonnaise, un bistrot festif, devenu institution. Aujourd’hui, il vacille. Son patron, Laurent Merle, est convoqué au tribunal pour une liquidation judiciaire.
En attendant, l’homme, 61 ans, s’affaire encore derrière les fourneaux. « Vous voyez le resto vide, mais il suffit d’imaginer la musique, les verres qui tintent, les clients qui dansent. Ici, il se passe toujours quelque chose », souffle-t-il, le regard fatigué mais la voix encore pleine d’entrain.
Depuis le 11 mai 1992, date à laquelle il a commencé comme barman, Laurent n’a jamais quitté Au P’tit Zinc. Six mois plus tard, il en devenait le responsable. En 2002, il rachetait le fonds de commerce à…