Le poseur de bombe ? Présent. Le directeur de cabinet du ministre de la Défense ? Présent. Le commissaire néo-zélandais en charge de l’enquête ? Présent. C’est simple, presque tous les protagonistes de ce fiasco qui a défrayé la chronique en 1985 ont accepté de témoigner dans le documentaire « Qui a coulé le Rainbow Warrior ? » diffusé ce mardi 23 septembre sur France 2 à 21h05.
À l’occasion des 40 ans de cette affaire qui a poussé Charles Hernu, le ministre de la Défense de l’époque, à la démission, Julien Johan et Frédéric Ploquin reviennent en trois épisodes de 52 minutes sur l’un des plus gros échecs des services secrets français.
L’opération qui visait à couler un bateau de l’organisation de défense de l’environnement Greenpeace, le « Rainbow Warrior », a causé la mort involontaire de Fernando Pereira, photographe néerlandais.
La juste dose de reconstitution, au milieu d’un parterre de témoins
Au fil des trois volets se tisse peu à peu la toile du raid, mais surtout ses failles. Les passeports suisses des « époux Turenge » qui les conduisent dans le mur, les silences et dénis pesants des politiques, les rapports fantoches… « Quarante ans après, j’ai encore des regrets d’avoir participé à une opération qui a déclenché l’un des plus gros scandales de la République », reconnaît Jean-Luc Kister, l’un des nageurs de combat qui a posé les deux charges explosives qui ont conduit au naufrage du bateau. Il y a dix ans, le colonel avait officiellement présenté ses excuses au peuple néo-zélandais ainsi qu’à la famille de Fernando Pereira.
PODCAST. L’attentat du Rainbow Warrior : un scandale d’État (épisodes 1 à 4)
Au-delà de la présence de nombreux protagonistes directs, on salue l’harmonie entre les différentes séquences : archives télévisées, témoignages et reconstitutions s’enchaînent avec une fluidité rare, souvent l’écueil dans ce genre de format. Le recours aux scènes rejouées n’est là que pour servir le propos, illustrer ce qui ne peut être montré autrement. Toutes les facettes de l’affaire sont abordées avec justesse et transparence, des ratés des services d’action au manque de courage des politiques impliqués. De quoi offrir un éclairage riche aux connaisseurs et une synthèse des plus complètes à ceux qui n’étaient pas nés.
Au milieu de tous ces témoins de premier plan, seuls deux noms manquent à l’appel. Et non des moindres. Dominique Prieur et Alain Mafart n’ont pas souhaité témoigner face caméra, les fameux « époux Turenge », lâchés par leur hiérarchie et condamnés en Nouvelle-Zélande pour homicide involontaire.
Dominique Prieur n’était apparue publiquement qu’en 1995, lors de l’émission « Bouillon de culture » de Bernard Pivot, à l’occasion de la parution de son livre dans lequel elle se confiait sur cette mission. Aujourd’hui âgés de 76 et 74 ans, les deux époux de pacotille ont voulu préserver leur discrétion, eux qui ont souffert de leur surexposition médiatique dans les années 1980, bien qu’ils aient souscrit au projet des producteurs.
La note de la rédaction :
« Qui a coulé le Rainbow Warrior ? », documentaire de Julien Johan et Frédéric Ploquin (2025), 3 x 52 minutes.