«Tout ce que je sais, c’est qu'[Emmanuel Macron] a dit que ma famille et moi étions en sécurité en France aussi longtemps que nous le voulions. C’est tout ce que j’ai. » Paul Watson, fondateur de l’association Sea Shepherd, réagi avec amertume à la décision de la France de lui refuser l’asile politique.

Dans un document daté du 9 septembre dernier et consulté par l’AFP, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) estime que les craintes de persécution du militant écologiste de 74 ans sont infondées. De nationalité canadienne et américaine, il est visé par un mandat d’arrêt du Japon, qui l’accuse d’avoir provoqué des heurts avec l’équipage d’un navire baleinier en 2010.

« Je suis persécuté par les Japonais depuis des années »

Pour l’Ofpra, Paul Watson n’a pas démontré qu’il risquerait de subir des traitements injustes ou inéquitables s’il retournait au Canada ou aux États-Unis, qualifiés de « démocraties régies par l’État de droit ». L’organisme considère qu’il pourrait y faire valoir ses droits dans le cadre d’éventuelles procédures d’extradition.

« J’étais confiant lorsque j’ai fait ma demande. » Paul Watson conteste fermement cette analyse. « J’étais certain que cela ne poserait pas de problème, car je suis persécuté par les Japonais depuis des années », a-t-il déclaré à l’AFP, se disant « très surpris » par ce refus. « Je suis déçu mais j’espère que nous pourrons trouver une solution », admet-il. À nos confrères du Parisien, le patron de Sea Shepherd a confié que « le président Macron [lui] avait donné son assurance personnelle ».

Une « sottise monumentale »

L’an dernier, il avait été détenu pendant cinq mois au Groenland, avant que le Danemark ne rejette une demande d’extradition formulée par le Japon. Il a rejoint la France fin 2024 et déposé sa demande d’asile en février 2025.

Pour son avocat, Emmanuel Ludot, la décision française « ne s’honore pas ». « Dire que ce sont des États de droit et qu’il aurait droit à un procès équitable dans ces deux pays est une sottise monumentale. Le Japon maintient son mandat d’arrêt international, donc il est toujours en danger partout où il se déplace », a-t-il dénoncé.

Notre dossier sur Sea ShepherdUne décision « incohérente »

Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, a rappelé que la France avait joué un rôle crucial dans la libération de Watson lorsqu’il était détenu au Groenland. Elle regrette une décision « incohérente ». « Quand Paul risquait sa vie et sa liberté, la France s’est distinguée au niveau international pour lui venir en aide », a-t-elle déclaré. « Il paraît cohérent qu’elle devienne officiellement son port d’attache. Ce serait la suite logique du combat qu’elle a mené par sa libération. »

En juillet dernier, Interpol a levé la notice rouge le concernant. Mais selon la présidente de Sea Shepherd France, cette mesure « n’est pas absolument pas une garantie » pour « sa sécurité ».