Par
Inès Cussac
Publié le
24 sept. 2025 à 7h18
Si certains oiseaux battent de l’aile, d’autres sont comme portés par le vent. Dans le quartier Beaugrenelle à Paris (15e), les piafs slaloment entre les imposantes tours postées en front de Seine et dont la figure de proue est en plein travaux. La Tour Mirabeau connaît un vaste chantier de réhabilitation. Il doit donner un coup de neuf à ce bâtiment en forme tripode qui n’avait plus vu l’ombre d’un ouvrier depuis sa sortie de terre en 1972. Neuf mois de curage ont déjà été effectués et la réouverture des portes est prévue pour 2027.
« C’est un bâtiment iconique des années 1970 avec un urbanisme sur dalle. L’idée était de le repositionner tout en gardant sa valeur patrimoniale », indique Romain Veber, directeur Exécutif Investissement & Développement de la foncière Gecina, propriétaire depuis 2012 de cet édifice de 70 mètres de haut planté devant le pont Mirabeau. D’une tour « isolée », le projet vise à en faire un point de connexion entre Paris, la Seine et le ciel. Une manière aussi de revoir « les codes de la verticalité ».
Une démolition « frugale »
Un besoin de conformité s’imposait d’une part -désamiantage, mise aux normes incendie, PMR et performance énergétique- et un réaménagement conciliant confort et innovation était devenu nécessaire d’autre part pour assurer un bien-être au travail. Ce levier d’attractivité permet d’attirer les entreprises désireuses de retrouver leurs salariés à leurs postes. « En France, les tours de bureau ont mauvaise presse », remarque Jean-Luc Crochon, architecte et fondateur de l’agence Cro&Co Architecture, chargé de mener l’opération de restructuration du bâtiment conçu et dessiné par Noël Lemaresquier, Grand Prix de Rome, et Pierre-Paul Heckly. Entre le socle, le corps et la coiffe du bâtiment, Jean-Luc Crochon a planché sur la modernisation de l’édifice tout en conservant l’image d’origine à triple orientation et au jeu d’origami des façades.
Il a ainsi voulu « reconnecter » les utilisateurs au paysage urbain qu’encadrent les 68 fenêtres disposées sur chaque plateau des 17 étages. Des loggias et des ouvrants de six centimètres ont par exemple été intégrés aux baies vitrées pour « introduire le son de la ville » à l’intérieur les bureaux qui « ne doivent plus être coupées du monde ». Les toits ont également été rendus accessibles à tous, « pour que ce ne soient pas seulement les patrons d’en haut qui puissent en profiter », illustre l’architecte. « On a tout déposé et on a gardé les allumettes orange. C’est assez frugal en termes de démolition », souligne Romain Veber.

La réhabilitation de la tour concerne surtout son intérieur. (©IC / actu Paris)Un triptyque gagnant
Les dessins de la nouvelle tour Mirabeau revoient quasiment entièrement l’organisation des étages. Au pied de l’immeuble d’abord. L’entrée ne se fera plus quai André Citroën, sur une dalle de parking menant au premier étage, mais par le hall donnant sur l’avenue Émile Zola. Sur ce point, le projet est plutôt disruptif avec les anciens plans rayant l’idée du tout-voiture et promouvant les mobilités douces. Par ailleurs, une entrée par le plus grand pétale du bâtiment l’ouvre sur un parc jusque-là peu exploité.
Auditorium, espaces de restauration, salle de sport, business center ou encore skylobby en rooftop viendront agrémenter la transformation de l’immeuble pour le mettre au goût du jour. Les futurs occupants des 37 400 mètres carrés ne sont pas encore définitivement connus. À 700 euros le mètre carré par mois, Gécina s’adresse aux grosses entreprises. En installant ses bureaux au sein de la tour Mirabeau, le promoteur promet « un triptyque assez rare à Paris » à savoir un espace central, proche de la station Javel sur la ligne 10 et le RER C, un cadre de qualité et un aménagement adapté à tous les usages.
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L’entrée ne se fera plus par un parking donnant sur le premier étage mais par l’avenue Emile Zola. (©IC / actu Paris)Beaugrenelle à deux vitesses
L’inauguration de la tour Mirabeau devrait intervenir près de 15 ans après celle du centre commercial Beaugrenelle, situé à quelques mètres de là. Tout un symbole pour Gécina qui en détenait 75 % de participation avant qu’elle ne revende ses parts pour investir dans l’immobilier de bureau. Un pari plutôt réussi puisque Gécina détient désormais près de 1,2 million de mètres carrés de bureaux, à Paris et en Île-de-France.
Par ailleurs, dans le 15e arrondissement, le centre commercial Beaugrenelle a permis de transformer le visage de ce quartier bétonné et entremêlé entre les dalles et les barres d’immeubles. « Nous avons rouvert le quartier vers le ciel, apporté de la lumière en découvrant la rue Linois », expliquait même le directeur du site, Stéphane Briosne, auprès du Parisien. Si les projets immobiliers à destination de commerces ou de bureaux semblent bien naviguer, ceux concernant les logements paraissent à la traîne. À l’image du projet Scène des Loges, quai de Grenelle, où le bâtiment est à l’abandon depuis la revente du programme immobilier par l’administrateur judiciaire du promoteur qui avait du plomb dans l’aile.
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