À l’occasion d’un sommet organisé en Ouzbékistan, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen annonce une collaboration stratégique entre les deux régions.

Les dirigeants des cinq anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, région riche en ressources naturelles, ont participé vendredi à un sommet avec les représentants de l’Union européenne à Samarcande, en Ouzbékistan. Ensemble, les dirigeants du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan ont célébré l’avènement d’une « nouvelle ère » en promis un « partenariat stratégique » reposant sur un « engagement mutuel » dans leurs relations avec l’Union européenne.

L’initiative « Global Gateway » devrait mobiliser 300 milliards d’euros d’investissements d’ici à 2027, d’après la Commission Européenne. Promettant d’offrir une alternative aux « Nouvelles routes de la soie » mises en avant par Pékin, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission de Bruxelles, accompagnée du président du Conseil européen Antonio Costa, a déclaré qu’elle apporterait un soutien de 12 milliards d’euros à ces pays. L’Europe entend s’engager dans quatre secteurs : les transports, les ressources naturelles, l’énergie verte et la connectivité numérique. Les «Nouvelles routes de la soie» sont un projet chinois, commencé en 2013, qui vise à établir un lien économique entre la Chine et les autres régions du monde. Elle prévoit notamment de resserrer les liens commerciaux avec l’Asie Centrale par un large réseau de corridors ferroviaires et routiers.

Cette région aussi vaste que l’UE possède d’importantes réserves de matières premières mais n’abrite qu’environ 80 millions de personnes. Ses richesses naturelles sont largement convoitées. «Vos pays sont dotés d’immenses ressources. Ces matières premières sont l’élément vital de la future économie mondiale», a déclaré à l’AFP Ursula von der Leyen.

Investisseur d’origine

Chavkat Mirzioïev, président de la république d’Ouzbékistan, a souligné la «transformation profonde et durable de l’Asie centrale», qui a grandement progressé en matière de collaboration. En se rapprochant de l’Union européenne, l’Asie centrale, qui aspire à se présenter comme un pôle uni après trente ans de tensions, cherche à se procurer ce que les puissances russe et chinoise ne peuvent lui apporter, en particulier certaines technologies avancées. L’UE, premier investisseur régional (40% du total), reste le principal fournisseur d’aide au développement dans cette région extrêmement sensible au changement climatique, avec un budget approximatif de 550 millions d’euros pour la période 2021-2027.

Mme Von der Leyen a souligné l’« offre différente de l’Europe », évoquant la promesse européenne de « partenariat inconditionnel ». Cependant, la Chine et la Russie seront difficiles à déloger et consolident leur influence sur cette région. Pékin alloue des milliards de dollars en prêts pour le développement et les infrastructures tandis que Moscou met en avant ses attaches historiques avec les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale.

L’année dernière, le président russe Vladimir Poutine avait exprimé son indignation face aux initiatives des Américains et des Européens « qui tentent de perturber nos liens commerciaux, de coopération et culturels traditionnellement étroits».

Couloir commercial

Afin de faciliter les communications avec ces pays sans avoir à passer par la Russie, Ursula Von der Leyen a aussi souligné l’importance de progresser dans son projet de transport commercial rapide traversant la mer Caspienne, susceptible d’être bloquée par le sable et fortement polluée. M. Mirzioïev a souligné les défis logistiques à relever pour établir une connexion entre ces deux régions.

Au cours de ce sommet, le sujet des droits de l’homme dans ces pays encore fortement autoritaires tels que l’Ouzbékistan, pays hôte, semble être mis de côté. Plusieurs ONG rapportent une détérioration de la situation, dénonçant l’incarcération d’opposants et de journalistes.