Par

Fabien Massin

Publié le

24 sept. 2025 à 8h04

Un véritable acharnement qui aurait pu virer à la tragédie, si ses auteurs n’avaient pas été arrêtés dans leur déchaînement de violence. Cette scène s’est déroulée dans la rue de Buffon, à Rouen (Seine-Maritime) à la fin du mois d’août 2025, au petit matin, dans le quartier Pasteur. Plusieurs hommes en frappent un autre à terre, le rouant de coups pendant plusieurs minutes et le laissant inconscient et ensanglanté. Pour ces faits, trois hommes étaient jugés par le tribunal de Rouen lundi 22 septembre 2025.

Un passage à tabac interminable

À l’origine de l’agression, une première altercation entre deux groupes sortant d’une boîte de nuit de la ville, deux « camps », selon le mot d’un protagoniste, qui dégénère en bagarre. La police intervient, tout le monde se disperse. Mais rapidement, des membres des deux « camps » se croisent à nouveau, et le conflit repart.

Les circonstances de cette reprise de la violence demeurent floues, mais une chose est certaine dans le déroulement des faits, un homme, Sébastien*, 23 ans, se retrouve seul à terre, au milieu d’un groupe d’individus qui le passent à tabac. Les images recueillies par les caméras de vidéosurveillance montrent que ce passage à tabac a duré trois minutes sans interruption.

Outre les coups de pied et de poing, une ceinture et une bombe lacrymogène sont utilisées par les agresseurs. Sébastien, dans un réflexe de survie, se met en PLS (position latérale de sécurité). Un riverain alerte la police qui met fin au lynchage. Le groupe prend la fuite, mais trois hommes sont tout de même interpellés — ils sont alors alcoolisés et énervés — et placés en garde à vue.

Sébastien s’en sort avec une ITT (incapacité temporaire totale) de 15 jours, souffrant de fractures à une vertèbre et à un doigt, de lésions sur l’ensemble du corps et avec un choc psychologique important.

« Ça aurait pu être plus grave »

Devant le tribunal, les trois accusés — tous trentenaires — reconnaissent les faits, mais peinent à en expliquer les motivations. « L’autre camp est venu vers nous et nous nous sommes défendus, tente de justifier Laurent. Nous étions alcoolisés, je regrette ce qui s’est passé, on n’aurait pas dû en arriver là, je m’excuse auprès de la victime. Aujourd’hui, je me rends compte, ça aurait pu être plus grave. »

Idriss, dans le box des accusés puisqu’étant sous le coup d’autres condamnations pour des faits de violence, reconnaît également que le drame a été évité de justesse. « J’ai pris conscience des faits, heureusement qu’il est en vie, ça aurait pu aller plus loin. »

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Bruno est plus laconique, déclarant simplement : « Je reconnais les faits, c’est arrivé, je ne l’ai pas décidé. J’ai mis des coups, mais je ne voulais pas lui faire mal. » S’ils reconnaissent les coups, tous les trois sont cependant plus flous sur les circonstances exactes du passage à tabac, faisant mine de ne pas s’être rendu compte que la victime était seule à terre. « Il y avait du gaz lacrymogène, on ne voyait plus très bien », estime l’un deux.

De la prison ferme pour les trois accusés

Dans son réquisitoire, la substitut du procureur souligne : « On est sur de l’acharnement, les faits très impressionnants, quoiqu’il se soit passé avant. On n’est pas sur une scène de violences réciproques. Comment ne pas s’être rendu compte que la victime était seule à terre ? Cela n’est pas possible On le voit très bien sur les images. »

Au final, le tribunal a condamné les trois accusés à de la prison ferme, à des degrés différents selon leur situation judiciaire antérieure : Idriss à 12 mois avec maintien en détention ; Laurent à 12 mois aménageables (via un bracelet électronique) ; François à 8 mois également aménageables.

Ils ont 10 jours pour faire appel de ces décisions s’ils le souhaitent.

*Tous les prénoms ont été modifiés

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