Faute de commandes en quantité suffisante, le groupe arrête la production pendant une à trois semaines dans six usines européennes.
Stellantis donne un brusque coup de frein sur la production de ses usines européennes. Comme l’ont révélé Les Échos, en plus des mesures de chômage technique qui toucheront les 2000 ouvriers à l’usine de Poissy, cinq autres sites européens vont stopper leur activité pendant plusieurs jours en octobre. L’information a été confirmée sans plus de détails par la direction du groupe dans un communiqué: «Stellantis confirme que l’entreprise adapte le rythme de production dans certaines de ses usines en Europe avec des fermetures temporaires. Cette mesure vise à adapter le rythme de production à un marché européen difficile, tout en gérant les stocks aussi efficacement que possible avant la fin de l’année». Les directions locales des usines de Pomigliano et Tychy l’ont effectivement admis. «Les autres sites vont aussi le confirmer après la consultation des organisations syndicales», indique-t-on chez Stellantis.
Au total près de 16.000 ouvriers du groupe en Europe vont rester chez eux pendant une à trois semaines entre la fin septembre et la fin octobre. Ils travaillent à Poissy, Pomigliano (Italie), Saragosse et Madrid (Espagne), à Tychy (Pologne) et Eisenach (Allemagne).
Plusieurs raisons expliquent cette mesure qui n’est qu’un signe avant-coureur de décisions plus radicales qui seront sans doute prises dans les prochains mois. La première : les ventes de Fiat, Citroën, Opel, Alfa Romeo… sont très en deçà des capacités de production des usines du groupe. Stellantis les a pourtant «compactées» et a déjà réduit le nombre d’ouvriers pour abaisser les coûts industriels. Mais sur les sept premiers mois de l’année, le groupe a vu ses ventes en Europe baisser de 10% ( à 1 million d’unités) par rapport à la même période de 2024.
Les surstocks aux États-Unis ont créé un précédent
Autre motif : le groupe souhaite éviter à tout prix de créer des quantités écrasantes de stocks comme cela a été le cas aux États-Unis l’année dernière, ce qui a fait basculer l’Amérique du Nord dans le rouge, là où Stellantis réalisait jusque-là la majeure partie de ses bénéfices. Avant de prendre les rênes du groupe, Antonio Filosa avait dû gérer les surstocks américains. Plutôt que de laisser tourner les usines sans être sûr de vendre les véhicules produits, mieux vaut réduire le volume fabriqué.
Enfin, plus que certaines marques concurrentes, celles de Stellantis souffrent d’une réputation égratignée ces derniers mois par une série de problèmes de qualité. Après les moteurs PureTech, les airbags Takata, un rappel vient d’être lancé concernant certains modèles Peugeot, Citroën, DS et Opel équipés de batteries haute tension possiblement défectueuses «qui pourraient causer une surchauffe et provoquer l’incendie de la batterie ou du véhicule»… Plus tôt dans l’année, des coupures soudaines de moteurs et des problèmes de ceintures de sécurité ont été relevés.
Pour redonner confiance à ses clients, le groupe a étendu cet été les garanties des véhicules de neuf de ses marques (Peugeot, Citroën, DS, Fiat, Jeep, Opel…) à huit ans ou 160.000 kilomètres. Les cajoler est devenu une urgence.