Par

Maréva Laville

Publié le

24 sept. 2025 à 13h21

Petit souffle d’humanité entre les récits techniques. Ce mercredi 24 septembre 2025, pour la troisième journée d’audience du procès Jubillar aux assises d’Albi (Tarn), la présidente du tribunal a donné la parole, inattendue, à Cédric Jubillar, l’accusé de ce procès. « Souhaitez-vous réagir à la déposition de l’administratrice ad hoc ? » – la veille, elle a porté le témoignage des enfants du couple Jubillar, Louis et Elyah.

L’accusé acquiesce, et répond dans la foulée.

« Je n’ai pas tué Delphine »

Je ne comprends pas la position qu’ils puissent avoir sachant que je n’ai pas tué Delphine.

Cédric Jubillar
accusé du meurtre de sa femme

Il poursuit, d’une voix peinée. « Et le fait [l’administratrice ad hoc] de me regarder dans les yeux, et de me dire que ma fille me demande si sa maman est vivante… Je me sens concerné et discriminé », ajoute le père d’Elyah et Louis.

Le témoignage poignant des enfants

Hier, l’administratrice ad hoc mandatée par les juges et représentée par les deux avocats des enfants Mes Laurent Boguet et Malika Chmani, a donné des nouvelles de celui qui avait 6 ans lors de la disparition de sa mère, et de celle qui avait alors 18 mois. Aujourd’hui, Louis a 11 ans et a fait sa rentrée en 6e. Il est plutôt taiseux et joue au rugby. Elyah, plus spontanée, a 6 ans, fait de la danse.

« Ils se portent bien », résumait-elle, mais sont « marqués par l’absence de leur mère ». La petite présente notamment des problèmes d’endormissements et fait usage d’une baguette magique pour tenter de « faire revenir sa maman et ne pas l’oublier ». Louis, quant à lui, serait convaincu que sa mère est au ciel et « que son papa est responsable ».

Vidéos : en ce moment sur Actu« J’ai peu écrit », confesse Cédric

Un témoignage lourd à entendre pour celui qui clame depuis le début de l’affaire son innocence. Pour rappel, depuis la fameuse nuit du 15 au 16 décembre 2020, le corps de Delphine Jubillar n’a pas été retrouvé, et le dossier ne mentionne aucun aveu ni scène de crime. Alors comment le jeune Louis – victime de maltraitances dans son enfance – peut-il porter déjà cet avis ?

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« Je pense que ça peut participer à la colère, le fait que j’ai peu écrit », marmonne Cédric Jubillar. Qu’il n’a peut-être pas pris suffisamment de nouvelles…

Une dizaine de courriers en quatre ans et demi

« Louis faisait le souhait de venir vous voir. Vous vous rappelez avoir été d’accord ? Pourquoi n’a-t-on pas réussi à faire ces visites médiatisées ? », questionne Me Malika Chmani, avocate de Louis et Elyah. « Parce que je n’ai pas écrit. J’ai fait les courriers, je voulais écrire à mes enfants », répond le père des deux enfants. Mais comme il l’a mentionné au début du procès, « il a baissé les bras ».

“Mon dernier courrier est daté du 28 juillet. Ça fait deux mois et il n’a toujours pas été transmis. Le temps que j’envoie le courrier et réception, il se passe 3-4 mois », témoigne-t-il, en clignant de nombreuses fois les yeux. Depuis quatre ans et demi, soit la durée de son incarcération, il a envoyé une dizaine de courriers, dans lesquels il lui est interdit de parler de la disparition de Delphine, sauf cette dernière année.

Il a reçu, quant à lui, un seul courrier et deux dessins de ses enfants.

« J’avais des nouvelles par Jennyfer, du coup, je n’en prenais pas »

En réalité, il se contente plutôt des nouvelles qu’il parvenait à obtenir via son ex-compagne, la dernière en date, Jennyfer.

Lorsque ma mère avait les enfants, elle conviait Jennyfer et j’avais des photos.

Cédric Jubillar
accusé du meurtre de Delphine

Et lorsqu’elle lui rendait visite, régulièrement avant la rupture, « j’avais des nouvelles par Jennyfer, du coup, je n’en prenais pas [auprès de ses enfants] ». Le père de Louis et Elyah dit avoir fait des démarches lorsqu’il était au service médical et social de la prison, pour voir ses enfants « en visio » plutôt qu’en prison, « mais dès que je retourne au quartier d’isolement, c’est difficile qu’elle [l’assistance éducative en milieu ouvert] vienne ». 

Sauf qu’un an, « c’est long », termine Me Malika Chmani.

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