Des «anomalies comptables» de l’imam de la mosquée En-nour à l’ouest de Nice sont suspectées par le président de l’institut, qui était aussi l’ex-trésorier.
Plus de 120.000 euros en espèces étaient conservés dans la grande mosquée En-nour à l’ouest de Nice (Alpes-Maritimes) depuis plusieurs années, comme l’a révélé le quotidien régional Nice-Matin, ce qui suscite diverses tensions et interrogations entre les fidèles locaux et responsables du culte. Le président de l’association de cette mosquée, Adil Echaoui, par ailleurs ancien trésorier, suspecte des «anomalies comptables» de la part de son imam salarié, Mahmoud Benzamia, qui s’inscrit pour sa part en faux. Il n’empêche, la conservation d’autant de billets au sein d’un lieu de culte pose question car cette somme ne peut être le simple fruit de traditionnelles quêtes.
«Cela correspond à plusieurs années de dons, qui étaient conservés dans un coffre-fort de l’association», explique Me Ouassini Mebarek au Figaro, avocat du recteur Mahmoud Benzamia et également membre du conseil d’administration de l’institut En-nour. «Je ne vois pas comment les deniers du culte peuvent constituer une éventuelle infraction», poursuit-il. Le conseil reconnaît néanmoins «un tort» d’avoir gardé autant d’argent au sein même de la mosquée et assure que les liasses ont depuis été déposées à la banque. «En aucun cas cela ne provient de fonds étrangers, cela correspond uniquement aux dons des fidèles locaux», assure encore Me Mebarek.
Des rencontres avec deux intermédiaires de l’autorité du culte musulman devaient être organisés afin de régler le problème et essayer d’apaiser les tensions naissantes entre le président de l’association et son imam. Adil Echaoui se dit prêt à discuter avec l’imam «afin d’apporter toutes les preuves nécessaires à ses accusations». En vain. «Aucune solution n’a pu être trouvée», indique l’institut En-nour dans un communiqué publié ce mercredi 24 septembre.
«Faits graves»
Il manquerait, selon le président, des «centaines de milliers d’euros», comme il l’a martelé dans Nice-Matin. L’imam aurait refusé cette médiation, explique-t-il encore dans son communiqué, «ce qui constitue un nouveau refus d’assumer ses responsabilités et de faire toute la lumière sur les faits graves concernant la gestion de notre mosquée ainsi que sur les anomalies comptables relevées». «Faux», rétorque encore Me Mebarek et qui jure même avoir été à l’initiative de ces échanges.
Plusieurs polémiques ont déjà concerné cette grande mosquée construite en 2016 dans la technopole de la plaine du Var, après dix ans de controverses et procédures judiciaires provoquées par les contestations du maire Christian Estrosi qui soupçonnait l’Arabie saoudite de financer le projet. Fin mars dernier, les propos tenus par l’imam Mahmoud Benzamia à la télévision algérienne sur une ville «haineuse et raciste» avaient aussi provoqué un tollé, d’autant plus qu’il se félicitait d’être à la tête d’un «centre islamique algérien à Nice». Le recteur avait expliqué que les propos étaient «sortis de leur contexte».
Mais cet épisode a déjà distendu les liens entre les différents fidèles locaux, qui s’interrogent donc aujourd’hui sur la découverte de cette somme importante entre les murs de la mosquée et sur d’éventuels manquements. Le nombre de musulmans pratiquants est estimé à près de 30.000 dans le département des Alpes-Maritimes, entre ressortissants algériens, tunisiens et marocains.