Dimanche, Marc Márquez deviendra peut-être – ses chances sont très élevées – champion du monde pour la neuvième fois de sa carrière. Déjà l’un des plus grands pilotes de tous les temps, il est en passe d’ancrer son nom un peu plus profondément encore dans l’histoire des Grands Prix, et même bien au-delà car un palmarès de la sorte place tout pilote au panthéon des légendes du sport toutes disciplines confondues.
Récemment, Pedro Acosta a souligné ce statut de celui qu’il croise en piste depuis l’an dernier, affirmant que Marc Márquez fait partie des très grands aux côtés des Michael Jordan et Rafael Nadal. Le principal intéressé, lui, dit volontiers son humilité sur cette question. Cela a été le cas à Misano, lorsque Motorsport.com lui a demandé ce qu’il devait faire de plus pour être considéré comme un pilote de niveau mondial.
« Un sportif ne choisit pas à quelle place il doit se situer dans l’histoire, ce sont les gens qui l’y placent », a répondu le pilote Ducati, que d’aucun jugent trop sous-estimé sur la planète sport. « Je ne dirai jamais si je suis à la hauteur de tel ou tel autre. Au final, je me consacre aux courses et c’est vous et les fans qui attribuez sa place à chacun. Mais j’ai toujours le respect dû à ces grandes légendes. »
Après sa victoire à Misano, Marc Márquez a lui-même fait une référence très remarquée à Leo Messi. Le pilote a ôté sa combinaison dans la cool room et est monté sur le podium en la brandissant face au public. Un public qui lui reste hostile et qui, après la chute de l’Espagnol dans le sprint, a une nouvelle fois exprimé cette haine idiote, née il y a dix ans.
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Dans la lignée d’un Davide Tardozzi qui, au Mugello, avait essayé de faire taire les sifflets à l’encontre de son pilote en hurlant à la tribune qu’il est « rouge » et en agrippant son polo Ducati pour appuyer son propos, Marc Márquez a brandi cette combinaison teintée du même rouge face aux spectateurs de Misano, comme pour leur rappeler qu’il n’est plus seulement l’ancien ennemi de Valentino Rossi et qu’il fait désormais briller la moto italienne.
Un sportif ne choisit pas à quelle place il doit se situer dans l’histoire.
Le geste, donc, était directement inspiré de celui de Messi, lorsque le footballeur avait brandi son maillot du FC Barcelone face à une tribune de supporters du Real Madrid lors d’un des duels bouillonnants entre les deux équipes stars de la Liga, en 2017. Le match se tenait alors en terrain ennemi, au Santiago Bernabéu de Madrid, et Messi venait de marquer après avoir été copieusement conspué depuis le premier coup de sifflet.
Dans le cas de Márquez, ce geste a pris une autre dimension, puisqu’il ne s’agissait pas uniquement d’affirmer la suprématie de Ducati mais bien de montrer que c’est lui qui incarne désormais sa domination à domicile. C’était aussi sa manière à lui, homme de peu de mots, de faire face aux vagues de messages haineux auxquelles il a dû s’habituer depuis ses confrontations électriques avec Rossi.
« J’ai toujours dit que Messi était pour moi une référence sur et en dehors du terrain, il a fait taire ses détracteurs avec classe. Il est impossible d’imiter Messi, mais hier soir… Même si on essaie de s’isoler, c’est impossible. En lisant les réseaux sociaux, j’ai trouvé une motivation supplémentaire, j’avais très envie de gagner et j’ai eu l’idée de célébrer à la manière de Messi, même si je suis loin de lui », a déclaré Márquez le jour de cette victoire.
« Je tiens à remercier les fans, les vrais amateurs de moto qui savent apprécier les courses comme celles d’aujourd’hui », a également souligné le pilote espagnol. Et d’ajouter le lendemain : « Messi a toujours été une référence pour moi, il a toujours été un gentleman et il s’est toujours exprimé sur le terrain, il est avare de mots. Il était donc temps de parler sur la piste. »
Si Marc Márquez pouvait se permettre de s’approprier ce geste iconique du sport mondial, c’est que son statut n’est pas très éloigné de celui de la star argentine du football, contrairement à ce qu’il affirme. Dans quelques jours, l’Espagnol fêtera un neuvième titre mondial aux références légendaires, le septième dans la catégorie reine, et une résurrection que très peu d’athlètes de haut niveau ont réussi à vivre.
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On n’imagine pas à ce jour ce qui pourrait l’empêcher d’atteindre en 2026 une dixième couronne mondiale qui ferait de lui le pilote de l’ère moderne comptant le plus de victoires et de titres, au-dessus de Valentino Rossi. Sa célébration de Misano n’en restera que plus mémorable, puisqu’il a encore gagné et s’est présenté en champion à seulement 15 minutes de Tavullia, épicentre du fanatisme dévolu à l’Italien.
« Il y a beaucoup de monde dans le paddock, beaucoup de gens qui me soutiennent, mais aussi des commentaires malheureux, et cela a fait monter le feu au fond de moi, et j’ai repris la piste en étant plus concentré et plus motivé que jamais », a encore expliqué Marc Márquez quelques heures après cette victoire, sa 25e de la saison si l’on compte les sprints et les courses longues.
Dimanche, s’il gagne encore, il sera à la tête de 100 succès en Grand Prix depuis le début de sa carrière mondiale. Un palmarès qui suffit largement à conférer au pilote espagnol la place qu’il mérite au panthéon du sport.
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