• La France est prête à développer « seule » un futur avion de combat si les discussions avec l’Allemagne et l’Espagne sur le programme de Système de combat aérien futur échouent.
  • C’est ce qu’a affirmé ce mercredi un responsable français.
  • Cette prise de position rejoint celle exprimée la veille par Dassault Aviation, chef de file industriel du projet pour la France.

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Réarmement : l’Europe mise au défi

Le Système de combat aérien futur (Scaf) a du plomb dans l’aile. La France est prête à développer « seule » un futur avion de combat si les discussions avec l’Allemagne et l’Espagne sur le programme relatif au Scaf échouent, a affirmé à l’AFP ce mercredi 24 septembre un responsable français, sous couvert d’anonymat, à un moment où la France attend la nomination d’un nouveau ministre des Armées.

« Si on ne parvient effectivement pas à trouver d’accord sur une réorganisation du programme, la France saura faire un avion de chasse seule, ce qui ne veut pas dire en franco-français », a confié ce responsable, alors que Berlin et Madrid considèrent le projet européen en panne.

Dassault capable de construire « tout seul de A à Z »

Cette prise de position rejoint celle exprimée la veille par Dassault Aviation, chef de file industriel du projet pour la France. Dassault est capable de construire « tout seul de A à Z » le futur avion de combat européen, a déclaré mardi le PDG du groupe Éric Trappier. 

« La France dispose aujourd’hui en propre, de manière souveraine, de toute l’expertise, des compétences, du tissu industriel et du réseau européen pour être en capacité de développer, de produire, puis de maintenir cet avion », a ajouté le responsable à l’AFP. Ces considérations sont dues, selon cette source, au « besoin impérieux » de respecter le calendrier prévu et d’assurer la mission de dissuasion nucléaire française, actuellement menée par les avions Rafale.

Un programme évalué à près de 100 milliards d’euros

Lancé en 2017 par Angela Merkel et Emmanuel Macron comme un étendard de la coopération de défense entre les deux pays, avant d’être rejoint par l’Espagne, le projet de Système de combat aérien futur vise à remplacer à l’horizon 2040 les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols. Mais ce programme industriel, évalué par les experts à près de 100 milliards d’euros, est ponctué de tensions entre industriels de chaque pays.

Les discussions sur la répartition de la charge de travail et la gouvernance du programme entre industriels représentant chaque pays (Dassault pour la France, Airbus pour l’Allemagne et l’Espagne), qui sont les sources de tensions récurrentes depuis le lancement du programme en 2017, sont actuellement bloquées. Dassault réclame plus d’autonomie dans son rôle de maître d’œuvre industriel, pour lequel il a été désigné par les trois États.

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Les tensions s’exacerbent alors que le projet doit entrer en « phase 2″en 2026 avec la construction d’un démonstrateur, sorte de pré-prototype destiné à évaluer les technologies retenues et qui doit voler à l’horizon 2029. Elle requiert près de cinq milliards d’euros d’investissement. 

« Nous n’avançons pas dans ce projet », regrette Friedrich Merz

Lors d’une visite à Madrid la semaine dernière, le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré que l’Allemagne et l’Espagne voulaient « essayer d’arriver à une solution d’ici fin 2025 ». « Nous partageons le même avis : la situation actuelle n’est pas satisfaisante. Nous n’avançons pas dans ce projet », a déclaré le chancelier allemand aux côtés de son homologue espagnol.

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En cas d’échec du Scaf, la France devrait financer seule le développement de l’avion, dit de sixième génération. Nombre d’observateurs doutent qu’elle en ait les moyens alors que ses finances publiques sont au plus mal et qu’elle doit déjà financer sa remontée en puissance militaire face à la menace posée par la Russie. Mais pour Éric Trappier, « faire un avion de combat et faire une arme, c’est une volonté politique ».

J.C avec AFP