Publié le
24 sept. 2025 à 20h56
; mis à jour le 24 sept. 2025 à 21h33
Seul contre tous. Gaël Perdriau, le maire de Saint-Etienne, mis en cause par Pierre Gauttieri, son ex-directeur de cabinet, par Gilles Rossary-Lenglet, petite main de l’ombre, concepteur du chantage à la sextape, et indirectement par son ex-adjoint à l’éducation Samy Kéfi, qui a filmé Gilles Artigues avec un escort à son insu en janvier 2015, nie tout.
Pas de chantage, de participation à association de malfaiteurs ou de détournement de fonds publics. La victime du complot, c’est lui. Ce qu’il faut retenir de ses déclarations.
Le silence du maire interroge
Ce mercredi 24 septembre, la présidente du tribunal correctionnel de Lyon, Brigitte Vernay, essaye de comprendre sa non-réaction lorsque son directeur de cabinet menace ouvertement Gilles Artigues de faire fuiter la sextape. « Vous n’intervenez pas… ? Je regrette ne pas être intervenu. Je ne prends pas part à cette discussion. »
Concernant les propos contre son 1er adjoint ? « Une menace oui, un chantage non » précise le maire. La nuance est fine.
Pour lui, Gilles Rossary-Lenglet, qui a révélé l’affaire à la presse, voulait la « tête du maire. Il a raconté une histoire ».
Des enregistrements accablants
Des enregistrements clandestins de 2017 et 2022 le trahissent pourtant, dont une conversation où Gilles Artigues menace de porter plainte pour chantage politique après sa découverte d’un piège à son encontre.
Diffusées à l’audience, les phrases prononcées par le maire sont accablantes :
« On peut la diffuser (la vidéo) en petit cercle, avec parcimonie » […] « Une fois que c’est sur les réseaux, ce n’est plus du chantage, c’est une exécution. » […] J »e vais passer aux napalms. « […] « Le film complet, ce n’est pas une mise en scène. Qui dit montage dit une base plus longue… »
Propos de Gaël Perdriau, extraits des enregistrements
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Sur sa connaissance de la fameuse vidéo, ses explications sont floues.
Dans le prétoire, l’effet est dévastateur contre Perdriau, qui disait à la barre n’entretenir aucune animosité envers Artigues qu’il connaît depuis très longtemps et avec qui il a mené de nombreux projets politiques.
Perdriau n’aurait aucun intérêt à écarter Artigues
Pour le mobile politique, de faire chanter et donc d’écarter Gilles Artigues du jeu, aucune raison selon le maire d’exercer tel ou tel chantage de sa part. Les deux hommes ont même passé des accords politiques en 2014 et 2020 pour s’assurer des victoires aux municipales.
Gilles Artigues, victime du chantage. (©Mathias Souteyrat / actu.fr)
Dans les enregistrements, le discours et le ton sur son « ami » sont radicalement différents. « Je n’en ai rien à branler des conséquences, tu me fais chier, tu as perdu toutes les élections. Arrête de magouiller. Tu magouilles sans arrêt. »
On note également qu’Artigues démissionne en 2022 de son poste de 1er adjoint et qu’une « ambiance de harcèlement politique » règne contre celui qui aurait voulu faire dissidence.
Des versements de subventions rapides et importants qui interrogent
Concernant la récompense donnée aux « barbouzeurs », Pierre Gauttieri a dit mardi à l’audience : « Le maire s’en occupe ».
20 000 euros ont bien été versés à l’association Agap et la même somme à France – Lettonie, via la réserve du maire. La présidente a noté la rapidité à laquelle ces subventions publiques ont été données et le montant des sommes pour des associations vivotantes.
Gaël Perdriau a rappelé le processus d’attribution de cette réserve, avec de nombreux contrôles, etc. Selon l’accusation, les deux adjoints de l’époque qui auraient dû être informés de ces subventions, ne l’ont pas été.
« Oui, je suis innocent »
« La procédure est conforme. La subvention n’a pas été dissimulée », rétorque le maire. La présidente, Brigitte Vernay, le relance : « Les élus n’ont aucun intérêt de mentir ». Ceux à quoi il répond, suspicieux : « Êtes-vous sûr ? »
À chaque fois que je vous oppose dans le dossier, celle-ci ou celui-ci ment, c’est compliqué. Tout le monde ment sauf vous ?
La présidente du tribunal correctionnel
Après plus d’une journée d’audition, le maire n’en démord pas : « Oui, je suis innocent ». La prise de parole de Gilles Artigues, fortement attendue, est prévue pour ce jeudi.
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