La Russie a assuré ce mercredi que l’Ukraine n’était pas en mesure de reprendre des territoires face à son armée, contrairement à ce que Donald Trump a affirmé la veille, et entendre poursuivre son assaut débuté en 2022. Après avoir longtemps martelé que Moscou dominait militairement, le président américain a effectué une volte-face abrupte mardi en estimant que l’Ukraine pourrait « regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin » face à la Russie.

Donald Trump, qui s’était rapproché de Vladimir Poutine mais a exprimé une frustration croissante à son égard ces dernières semaines, a aussi comparé mardi la Russie à un « tigre de papier », qui paraît puissant mais ne l’est pas, et jugé sa situation économique critique. « La Russie n’est pas un tigre. La Russie est davantage associée à un ours. Et les ours de papier n’existent pas », a rétorqué Dmitri Peskov. Il a vanté la « stabilité économique » de la Russie, tout en admettant « des tensions et des problèmes dans différents secteurs ». Dmitri Peskov a aussi assuré que la Russie comptait bien poursuivre son offensive en Ukraine, lors d’une intervention sur une radio russe mercredi.

« Bonne chance »

« Nous poursuivons notre opération militaire spéciale pour assurer nos intérêts et atteindre les objectifs » fixés par Vladimir Poutine, a-t-il dit, utilisant l’euphémisme imposé par les autorités russes pour décrire leur assaut. « Et nous agissons ainsi pour le présent et l’avenir de notre pays, pour les nombreuses générations à venir », a dit le porte-parole. « Nous n’avons donc pas d’alternative. »

Macron salue le « message très clair » envoyé par Trump sur l’Ukraine

Emmanuel Macron a salué mercredi, dans un entretien à la chaîne France 24 et à Radio France internationale, le « message très clair » envoyé par Donald Trump sur l’Ukraine, une évolution « très importante » car Kiev a « besoin d’équipement et de soutien américain ».

« C’est un message très clair du président américain pour dire que la Russie est sans doute plus faible, plus fragile que beaucoup ne l’ont dit », a expliqué le chef de l’Etat français, se félicitant de la « perspective nouvelle » des Etats-Unis sur l’Ukraine. Cela « va permettre de résister encore davantage, voire de reprendre du territoire », a-t-il estimé depuis New York.

Après son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump avait initié un rapprochement avec Moscou dans l’espoir de mettre fin au conflit en Ukraine, le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Donald Trump, tout en adoptant un ton plus favorable à l’Ukraine mardi, a semblé se distancer d’un conflit qu’il avait un temps promis de régler en 24 heures, souhaitant « bonne chance à tout le monde ». Il n’a rien dit du rôle que les États-Unis joueraient par la suite, qu’il s’agisse de sanctionner la Russie, de soutenir Kiev, ou de faire office de médiateur. Les tentatives pour trouver une issue diplomatique au conflit ont pour l’heure échoué, tant les positions de Moscou et de Kiev, les modalités d’un cessez-le-feu ou d’une rencontre entre leurs deux dirigeants sont diamétralement opposées.

La Russie, qui occupe environ 20 % de l’Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l’Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales pour se protéger, idée que la Russie juge inacceptable.
L’Ukraine et Washington veulent désormais attaquer la Russie au porte-monnaie en réduisant ses exportations énergétiques vitales.

Résultats « proches de zéro »

Les dépenses gigantesques réalisées par le Kremlin pour son offensive en Ukraine ont entraîné la Russie dans un déficit budgétaire, et le ministère russe des Finances a proposé mercredi d’augmenter la TVA à partir de l’année prochaine pour le compenser. Kiev a intensifié ses attaques contre les sites pétroliers et gaziers en Russie. Ses drones ont frappé une importante raffinerie dans la région centrale du Bachkortostan pendant la nuit, provoquant un violent incendie.

Une attaque de drone ukrainien a aussi fait deux morts dans la ville russe de Novorossiïsk, près de la Crimée annexée, a indiqué le gouverneur russe sur les réseaux sociaux. Les efforts de paix concernant l’Ukraine étant dans l’impasse, Dmitri Peskov a déploré mercredi que le rapprochement entre Moscou et Washington ait mené à des résultats « proches de zéro ».

Vance dit que Trump est de plus en plus « impatient » vis-à-vis de Moscou

Le vice-président américain JD Vance a déclaré mercredi que Donad Trump était de plus en plus « impatient » vis-à-vis de Moscou, tandis que le secrétaire d’Etat Marco Rubio exhortait son homologue russe Sergueï Lavrov à arrêter la « tuerie » en Ukraine.

« Je crois que le président devient de plus en plus impatient envers les Russes en ce moment, car il estime qu’ils n’apportent pas suffisamment d’éléments pour mettre fin à la guerre », a déclaré JD Vance à des journalistes. « Si les Russes refusent de négocier de bonne foi, je pense que ce sera très, très mauvais pour leur pays. C’est ce que le président a clairement souligné », a encore dit JD Vance.

Marco Rubio lui « a réitéré l’appel du président Trump à mettre fin à la tuerie et la nécessité pour Moscou de prendre des mesures significatives en vue d’un règlement durable du conflit russo-ukrainien », a déclaré le porte-parole adjoint du département d’Etat, Tommy Pigott, rendant compte d’une réunion avec Sergueï Lavrov.