Si Yamaha est progressivement apparu comme le constructeur le plus en difficulté cette saison, Honda s’étant sensiblement détaché et ayant surtout réussi à remporter une victoire, Fabio Quartararo est parvenu à sortir du lot parmi les pilotes équipés de la M1. Le Français a même régulièrement pu obtenir d’excellents résultats, tant en qualifications qu’en course.
Il a en effet décroché quatre pole positions et s’est élancé de la première ligne lors de la moitié des Grands Prix courus à ce stade de la saison. À la clé, il y a eu un podium lors des courses longues et deux médailles en sprint. Dans le groupe Yamaha, il est également celui qui a su multiplier les entrées dans le top 10 là où ses collègues n’en ont obtenu que de façon très sporadique.
Tout cela lui vaut d’avoir marqué plus de points que Jack Miller, Álex Rins et Miguel Oliveira réunis et de figurer à la neuvième place du championnat, là où ses collègues se tiennent entre la 17e et la 21e place.
Comparaison des pilotes MotoGP de Yamaha en 2025 :
Qualifications
Sprints
Grands Prix
Meilleur résultat
Pos. moyenne
Meilleur résultat
Pos. moyenne
Meilleur résultat
Pos. moyenne*
F. Quartararo
137 pts
Pole position (4)
5,31
2e
6,75
2e
9,23
J. Miller
58 pts
12,44
5e
12,78
5e
11,45
Á. Rins
45 pts
9e
15,87
8e
15,19
10e
13
M. Oliveira
24 pts
16,61
10e
14,5
9e
13,55
*abandons exclus
Directement comparé au Français, son coéquipier Álex Rins souffre de la mise en perspective de leurs performances. L’Espagnol est supplanté cette année par Jack Miller, qui vient pourtant de découvrir la Yamaha et qui le devance de deux rangs au championnat tout en ayant vu l’arrivée d’un moins grand nombre de courses.
Mais c’est avec Quartararo que la différence est la plus cruelle, puisque 92 points séparent les deux hommes au classement général et que c’est bien au champion du monde 2021 que sont systématiquement revenus les honneurs jusqu’ici. Très loin des récompenses récoltées par son voisin de stand, Rins n’est que timidement apparu parmi les dix premiers, tant en qualifications (il a pris part quatre fois à la Q2 cette année), qu’en sprint (il n’y a marqué que deux points) et en Grand Prix (une seule dixième place).
Comment expliquer une telle différence ?
Rins estime que le freinage est le domaine dans lequel Quartararo détient le plus gros avantage, lui permettant de gagner jusqu’à huit dixièmes en un seul tour, non seulement par rapport à lui mais également aux autres pilotes du groupe. L’Espagnol considère même que cette force du Français au freinage contraste avec ses propres difficultés, en particulier celles qu’il rencontre avec les pneus tendres et donc notamment en qualification. Or, on le sait, tout déficit pris sur la grille se répercute de façon souvent exponentielle en course.
Yamaha a retrouvé quatre pilotes cette saison, en s’associant au team Pramac.
Photo de: Yamaha MotoGP
Álex Rins a une nouvelle fois livré cette explication à Misano, où ses résultats ont été à l’image de saison, avec une qualification à la 18e place et une 17e position seulement à la fin du sprint. « On a vraiment eu beaucoup de mal. On a connu des problèmes similaires à ceux rencontrés lors d’autres Grands Prix », expliquait-il ainsi le samedi.
« J’étais vraiment bloqué au niveau des freinages. Je n’arrivais pas à freiner plus tard, contrairement à Fabio qui freine 20 mètres après moi. J’ai vu les données d’Oliveira et de Miller, ils freinent à peu près comme moi. C’est donc là qu’il fait la différence. C’est là qu’il nous met 0,8 seconde dans son tour le plus rapide. »
« À partir du moment où l’on se qualifie comme ça, en 17e position, la course devient très difficile parce qu’on n’a pas beaucoup d’opportunités de dépasser. Il faut qu’on continue. On doit continuer à travailler, à chercher la solution. »
Bien que moins connaisseur de la Yamaha et perturbé dans son adaptation par une blessure en début de saison, Miguel Oliveira fait écho à l’analyse d’Álex Rins. Lui aussi identifie les qualifications comme étant son plus grand point faible, alors qu’il s’est récemment dit plutôt satisfait du rythme qu’il a pu montrer en course en décrochant ses deux meilleurs résultats coup sur coup, à savoir une neuvième place.
Miguel Oliveira est le plus en difficulté du quatuor et n’a pas été prolongé pour 2025.
Photo de: Mirco Lazzari GP – Getty Images
Le Portugais n’a pas encore réussi à atteindre la Q2, seul pilote Yamaha à avoir manqué cette phase des qualifications à laquelle on accède soit en figurant parmi les dix premiers le vendredi après-midi, soit en obtenant un des deux meilleurs temps de la Q1. Il en est passé tout près à Misano, notamment, battu alors par Quartararo ainsi qu’Aldeguer sur la Ducati. En Allemagne, il avait malgré tout pris le départ depuis la 11e place après deux forfaits devant lui, mais avait par la suite abandonné en course.
« Au stade où j’en suis actuellement avec la moto, ma position réaliste se situe entre la 13e et la dixième place », observait Miguel Oliveira à Misano. « Certes, dans certaines courses, comme on a pu le voir [au GP de Saint-Marin], j’arrive à me classer parmi les dix premiers. »
Et le pilote Pramac de souligner son intention de se focaliser sur les qualifications pour s’améliorer : « Pour le moment, je suis curieux de voir jusqu’où je pourrais monter en course si je me qualifiais mieux, parce que mon rythme est plutôt bon, pas très éloigné de celui de Fabio. Donc, pour l’instant, je veux juste me concentrer là-dessus. »
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