« Attrapez-les tous ! » D’ordinaire, ce slogan emblématique des jeux vidéos Pokémon rassemble les fans de pop culture autour d’une quête fantastique. Ils lancent leur fameuse pokéball en quête de créatures dotées de pouvoirs surnaturels, l’imaginaire ravi et le sourire aux lèvres. Seulement, quand la Maison Blanche brandit ce slogan, sa signification vire au cauchemar. Mardi 23 septembre, la présidence des États-Unis et le Département de la sécurité intérieure ont partagé une vidéo sur les réseaux sociaux visant à promouvoir le service de l’immigration et des douanes ICE (Immigration and Customs Enforcement). Les agents du ICE sont réputés pour leurs raids d’une grande brutalité, soutenus par la politique d’expulsions massives initiée par Donald Trump. Qu’importe, les autorités valorisent ces manoeuvres choquantes en faisant un parallèle nauséabond entre les migrants arrêtés et les pokémon capturés par les personnages du dessin animé et des mangas japonais.
Dans le montage vidéos, des extraits filmés de certaines arrestations sont mêlés à plusieurs scènes de la série animée Pokémon, avec la musique du générique en guise de bande son et une reprise de la typographie. La vidéo se termine avec les visuels de plusieurs fausses cartes Pokémon, ces objets collector qui servent de fiche d’identité aux animaux fantastiques. Ces données sont remplacées par des informations sur des individus étiquetés « en situation irrégulière ». Ils sont décrits en fonction des crimes qu’ils ont commis et des peines de prison qu’ils purgent. Le drapeau de leur pays d’origine apparaît derrière leur photo de mugshot, avec l’encart « le pire du pire ». La vidéo est rapidement devenue virale. De nombreux internautes espèrent une prise de parole de Nintendo (propriétaire de la marque Pokémon) et de la franchise Pokémon elle-même, pour condamner cette utilisation de contenu à des fins politiques.
Succession de contenus indécents
Ce n’est pas la première fois que la Maison Blanche promeut son programme d’expulsions massives par des biais odieux et un humour crasse : des vidéos semblables ont déjà été diffusées, sur fond d’ASMR (contenu audio et vidéo censé détendre le spectateur), de plaisanteries populaires issues de la culture numérique ou de références de la génération Z. Une compagnie aérienne, une chanteuse et une doubleuse ont déjà publiquement pris leur distance et dénoncé l’utilisation de leurs créations dans ce cadre.
Preuve qu’il ne connait ni la honte ni l’indécence, Donald Trump était même apparu sur une fausse carte de Saint-Valentin publiée par les autorités américaines, avec un slogan promettant l’expulsion des migrants en situation irrégulière en guise de preuve d’amour. Le visage de Tom Homan, ancien patron par intérim de l’ICE et bras droit de Trump sur les questions liées à l’immigration, apparaissait aussi sur le « poème ».