Par

Lisa Rodrigues

Publié le

24 sept. 2025 à 17h52

Il est un peu plus de 17 heures en cette fin du mois de septembre à l’arrêt de tram « Gustave-Rivert » à Grenoble. Accompagnés par quelques policiers, près d’une vingtaine de contrôleurs sont sur le quai, à contrôler chaque personne descendant des rames de la ligne C. En à peine une demi-heure, plusieurs amendes sont données.
Selon M’Tag, gestionnaire des transports en commun de Grenoble, le taux de fraudeurs sur le réseau est de 10,2% en 2024, contre 13,2% en 2022. « Notre objectif cette année est d’atteindre 9% ou moins », précise Michaël Guthmuller, directeur général de M’Tag.

« Une lutte de longue haleine »

Tenant du record de la ligne la plus fraudée : le bus C2 (qui relie Grenoble à Claix) avec 15,7% de fraudes. Côté tram, c’est la ligne A qui est la plus touchée par le phénomène avec 13,1% de cas. Même si ces chiffres sont en baisse depuis deux ans, « c’est une lutte de longue haleine », reconnaît Michaël Guthmuller.

Une lutte qui fait tout de même perdre entre 4 et 5 millions d’euros par an à M’Tag. « De quoi payer une belle rame de tram ! »

Le gestionnaire des transports grenoblois a ainsi relancé une vaste opération de communication pour inciter les usagers à se mettre en règle quand ils empruntent les transports. La validation avec sa CB, des offres limitées d’abonnement à prix réduits ou le recrutement de personnels mixtes ACIP (agent de contrôle, d’information et de prévention) et conducteur participent également à la campagne de lutte contre la fraude sur le réseau.

Montant des amendes à Grenoble

L’amende encourue par les fraudeurs sur le réseau grenoblois est de 60 euros. Si vous ne pouvez pas payer immédiatement, elle passe à 85 euros pendant les 10 jours suivants, puis à 110 euros. Au-delà de trois mois, le tribunal est saisi et l’amende passe à 180 euros.
Pour les fraudeurs multiples qui ne paient pas, M’Tag peut déposer plainte. Les usagers risquent alors jusqu’à 6 mois de prison et 7 500 euros d’amende.
À savoir que M’Tag peut annuler l’amende de fraudeurs occasionnels en échange de la souscription d’un abonnement annuel. Pour les abonnés qui ont oublié de valider, l’amende est de 5 euros.

Des incivilités en baisse, mais toujours présentes

Parmi les ACIP sur le quai de l’arrêt « Gustave-Rivet », il y a Khaled. Embauché en 2002 à la Semitag (ex-M’Tag) en tant qu’agent de prévention, il a été conducteur de tram et bus avant d’être contrôleur.

Cliquez ici pour visualiser le contenu

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

Le contrôle n’étant pas toujours très apprécié par les usagers, les contrôleurs se retrouvent parfois face à des situations violentes. « On est formé pour anticiper toutes les problématiques », assure Khaled, qui n’a connu un échange particulièrement tendu qu’une seule fois dans sa carrière. « Le client, il est miroir de ce qu’on est : si on arrive à apaiser la situation, il n’y a pas de soucis. »

Le taux de fraude est en baisse depuis deux ans sur le réseau de transport grenoblois, mais reste élevé. MTag lance une nouvelle campagne de communication et d'opérations de contrôle sur ses lignes pour sensibiliser les usagers sur le sujet.
Les usagers ne prennent pas toujours bien les contrôles en descente de tram ou de bus. « On est formé pour anticiper toutes les problématiques », assure Khaled, l’un des contrôleurs MTag à Grenoble. (©Lisa Rodrigues / actu Grenoble)

Il parle aussi des incivilités constatées dans les transports : cigarettes, vapoteuses, pieds sur les sièges ou nuisances sonores avec les téléphones. Même si selon Khaled, elles ont diminué. « Je suis positif, mais réaliste : des incivilités, il. y en a, mais ce n’est pas tous les jours. »

Quand j’ai intégré la Semitag, j’avais 18 ans. J’avais un peu peur. Ce qui m’avait marqué, c’est qu’il n’y avait aucune personne âgée qui prenait les transports en commun le soir. Aujourd’hui, on voit des papys, des mamies, des femmes seules, des enfants un peu plus jeunes. C’est sécurisant, contrairement à tout ce qu’on entend sur Grenoble !

Khaled
Contrôleur chez MTag

Des contrôles en civil qui font leurs preuves

Si Khaled fait des contrôles en uniforme, il fait aussi partie des volontaires à avoir fait des contrôles en civil. « C’est plaisant ! En civil, on contrôle moins, mais c’est plus efficace. »

« Les agents s’installent dans les bus et observent les clients pour s’orienter vers ceux qui n’ont pas validé leur titre de transport » en présentant sa carte professionnelle pour procéder à la verbalisation, explique Ludovic Pierrot, responsable du service contrôle prévention à MTag. Pour le moment, ces contrôles en civil sont mis en place uniquement sur des bus périphériques. À terme, ils pourraient être étendus à d’autres lignes, aux côtés des opérations de contrôle plus traditionnelles.

La pratique à son lancement avait pourtant attiré les inquiétudes des usagers. « Dans les retours qu’on a, les agents en civil ont un contact plus apaisé, car c’est plus discret, il n’y a pas l’uniforme », assure le responsable. 

« On voit quand il y a des personnes qui sont en difficulté »

Pourtant, Khaled ne voit pas son métier comme uniquement répressif. « On est aussi là pour faire de la prévention et de l’information. » Parfois, dans des cas précis, lui ou ses collègues vont fermer les yeux, tout en encourageant à se mettre en règle.

« J’ai contrôlé une fois un papa. Il était avec sa fille et m’a tout de suite présenté sa CB. Je voyais bien qu’il avait du mal avec ses fins de mois : je lui ai dit qu’il profite des 60 euros avec sa fille. » Une autre fois, c’est un étudiant qui reconnaît frauder tout le temps, mais accepte de payer l’amende. En discutant, Khaled lui parle des formules tarifaires pour les jeunes. « Je l’ai contrôlé quelque temps plus tard : il avait pris un abonnement ! »  

Des petits gestes qui ne sont toutefois pas systématiques. « On voit quand il y a des personnes qui sont en difficulté, mais il y a égalité et équité de traitement, rappelle Khaled. Si une personne en grande difficulté a fait l’effort de payer son ticket, celui d’à côté qui n’ a pas validé ou qui a volontairement fraudé, on dit non. »

En 2024, les quelque 60 ACIP ont dressé 67 000 contraventions en un an, soit 21% de plus qu’en 2022. 

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.