Dans l’œil de LibéJeune femme extravertie, prostituée dans l’Ouest américain, retour sur les rôles marquants de l’actrice morte lundi 23 septembre à 87 ans.

publié le 24 septembre 2025 à 18h41

Claudia Cardinale avec Sergio Leone sur le tournage d’«Il était une fois dans l’Ouest» en 1968.

Gamma-Rapho

«La Fille à la valise» de Valerio Zurlini (1961). Quand elle tourne ce film, elle rencontre avec Valerio Zurlini le réalisateur intelligent et délicat qui va lui permettre de débloquer sa timidité, son manque d’assurance en elle pour interpréter un personnage extraverti de jeune femme plantureuse et malmenée par un homme qui la délaisse, trouvant refuge auprès du personnage joué par Jacques Perrin.

Gémini Films

«La Viaccia de Mauro Bolognini» (1961). En VF, «Les mauvais chemins». Moins notoire que son couple avec Delon dans «le Guépard», ce film en noir et blanc plus rare réunit Cardinale et le jeune Belmondo révélé un an plus tôt dans «A bout de souffle». Se situant dans Florence au XIXe siècle, le récit tourne autour de la rencontre entre un paysan désargenté et une prostituée de maison close, entre rudes réalités de la campagne et frivolités urbaines dans une ambiance Maupassant à l’italienne tendance «Boule de Suif». A redécouvrir.

DR

«Le Guépard» de Luchino Visconti (1963). Le rôle d’Angelica Sedara plaisait à Cardinale précisément parce que fille du maire de la résidence d’été du prince Salina, elle stupéfie l’assistance par sa beauté mais aussi son manque de connaissance des usages aristocratiques. Il fait une chaleur épouvantable pendant le tournage, elle saigne sous les couches de corsets et dentelles de son rôle, mais le film est un classique absolu.

Pathé Distribution

«Il était une fois dans l’Ouest» de Sergio Leone (1968). «A l’origine des grandes familles de l’Ouest, il y avait certainement une ancêtre qui venait d’un bordel. Et ce sont ces femmes qui ont instauré la naissance du matriarcat.» Ainsi Leone décrit Jill McBain, prostituée de La Nouvelle-Orléans qu’interprète Cardinale avec une maestria d’autant plus bluffante que son jeu est très minimaliste, une aura d’héroïne seule dans un monde de durs à cuire augmentée par le thème à la mélancolie ravageuse d’Ennio Morricone.

Sunset Boulevard/Corbis. Getty Images

«Fitzcarraldo» de Werner Herzog (1982). Tourné dans les régions de jungles du Pérou et du Brésil avec ce cinglé de Klaus Kinski dans le rôle principal, le tournage devenu légendaire comme un des plus risqués et catastrophiques avec celui d’«Apocalypse now» était selon Claudia Cardinale «la plus belle aventure de [sa] vie» (dans une interview au «Hollywood Reporter»). On la voit peu, mais elle est celle qui pousse le personnage dans son délire de construction d’un opéra lyrique au cœur de l’Amazonie.

Werner Herzog Filmproduktion

«Gebo et l’ombre» de Manoel de Oliveira (2011). Un film sur la vieillesse par un cinéaste de 104 ans (ce sera d’ailleurs son dernier opus) rassemblant notamment Claudia Cardinale, Jeanne Moreau et Michael Lonsdale. Il s’agit pour l’actrice dont les choix s’avèrent souvent hasardeux depuis son installation en France (de Claude Lelouch à Olivier Marchal) d’accrocher encore un nom d’auteur illustre à sa riche filmographie comptant tout de même plus d’une centaine de rôles.

Xavier Lambours