Briser l’isolement. L’expression revient souvent dans la bouche de la jeune syndicaliste de FUR (Front uni de la restauration). Elle a requis l’anonymat, par crainte de répression dans son milieu. On l’appellera donc Tess. Composé à ce jour d’une trentaine de travailleurs de la restauration, âgés de 25 à 35 ans, FUR est un syndicat nantais tout juste officialisé, affilié à la CGT, fédération commerces et services. Son champ d’action : l’agglomération nantaise.
Cuistots, serveurs, barmen, plongeurs… Certains les ont peut-être aperçus, notamment lors des récentes manifs du mouvement Bloquons tout, brandissant des pancartes sans filtre qui parlent de ras-le-bol et appellent au respect. « Contrats précaires, heures supplémentaires pas payées, journées à rallonge, rythmes coupés… Dans ce métier dur, qui est aussi un métier passion, c’est très difficile de faire valoir ses droits face au patron », explique Tess. À Marseille, à Paris, des collectifs revendicatifs sont nés. Selon Tess, « un mouvement est en train d’émerger ».
Le secteur de la restauration manque de main-d’œuvre ? « Les patrons s’en étonnent. Nous, on aime nos métiers, mais on ne veut plus travailler 50 heures par semaine ou bosser le dimanche sans compensation. » La cuisinière de 30 ans enfonce le clou : « Avant de renégocier la convention collective, on aimerait déjà qu’elle soit appliquée : il y a tellement d’abus. »
Violences psychologiques et sexuelles
Tracts dans les cafés et les restos, y compris les fast-foods et les galeries commerciales, accompagnement de salariés dans un local cégétiste, assemblées générales, groupe Whatsapp… Actif sur les réseaux sociaux, FUR, qui appelle les employés de l’hôtellerie à les rejoindre, ne manque pas d’idées pour libérer la parole. L’une des dernières en date : inviter la journaliste Nora Bouazzouni, auteure de Violences en cuisine. Une omerta à la française (Stock), mercredi 8 octobre, à 19 h, café Les Impertinant.es, à Nantes (ouvert à tous). « C’est tout un système en place : l es violences psychologiques et sexuelles sont récurrentes dans ce milieu , constate Tess. Notre objectif, c’est aussi faire de la prévention. »
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