L’affaire n’en finit pas de faire réagir. L’Otan a annoncé avoir intercepté le 19 septembre dernier trois avions de chasse MiG-31 russes entrés dans l’espace aérien de l’Estonie, déclenchant des protestations de l’Alliance atlantique et de l’Union européenne contre une nouvelle « provocation » russe.

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Que faisaient ces avions de chasse à cet endroit ? Qu’est-ce que le MiG-31, et quelles sont ses capacités ? 20 Minutes fait le point.

Que faisaient ces trois avions de chasses russes à cet endroit ?

Le ministère russe de la Défense a indiqué que ses trois chasseurs avaient effectué « un vol prévu depuis la Carélie vers un aérodrome de la région de Kaliningrad », enclave russe située entre la Lituanie et la Pologne, le long de la mer baltique. « Pendant le vol, les avions russes ne se sont pas écartés de la route aérienne convenue et n’ont pas violé l’espace aérien estonien », a-t-il affirmé sur Telegram.

Le ministère estonien des Affaires étrangères assure de son côté que l’incursion « a eu lieu au-dessus du golfe de Finlande », où les trois avions sont entrés dans l’espace aérien estonien […] et « y sont restés pendant un total de 12 minutes ». L’Estonie ne possédant pas d’aviation de chasse, la protection de son ciel est réalisée par des membres de l’Otan, qui assurent sur place une « permanence ». L’Italie, la Suède et la Finlande ont fait décoller des appareils, notamment des F-35.

Que transportaient ces MiG-31 ?

Pour le moment, la version des MiG-31 impliqués dans cette violation n’a pas été précisée. Mais sur les photos d’un des avions diffusées par le ministère de la Défense suédois, « on voit que l’appareil est configuré dans une version air-air défensive avec quatre missiles courte portée R-73 », note Etienne Marcuz, analyste sur les armements stratégiques. « Seul un appareil est visible, mais on peut légitimement estimer que si l’un des deux autres avait une configuration plus offensive, par exemple un missile aérobalistique Kinzhal ou des missiles air-air longue portée R-37M, il aurait été montré. » Si le spécialiste dénonce la violation de l’espace aérien estonien, il ajoute que les MiG-31 « ne constituaient donc pas une menace imminente ».

Quelles sont les capacités de cet appareil ?

Le MiG (Mikoyan-Gourevitch)-31 « Foxhound » est un avion biplace, avec la présence d’un opérateur radar pour assister le pilote dans sa mission. Le développement du MiG-31 commence en 1968, et son premier vol est réalisé en 1975, avant une entrée en service en 1981. Conçu sur la base d’une plateforme évolutive, il a connu depuis plusieurs évolutions, qui ont donné lieu à diverses versions.

Le « Foxhound » peut emporter une charge militaire de cinq tonnes, comme le missile à longue portée R33, remplacé par le R-37M sur la nouvelle version MiG-31 BM, des missiles à moyenne et courte portée, et un canon rotatif à six tubes. Conçus pour des missions d’interception de bombardiers ou de missiles, sur de longues distances, certains de ces appareils ont été modifiés pour emporter le missile hypersonique aérobalistique Kinjal (MiG-31K).

Capable d’atteindre une vitesse de 3.200 km/h, soit Mach 3, le MiG-31 est considéré comme l’avion de chasse le plus rapide au monde, avec le MiG-25. Le MiG-31 peut aussi atteindre des altitudes hors norme – plus de 20.000 mètres, ce qui en fait un des avions de chasse capable de voler le plus haut. L’intérêt est essentiellement de permettre une allonge optimum pour le missile embarqué, notamment le Kinjal. En 2023, les estimations faisaient état de 130 à 140 appareils MiG-31 en service au sein de la force aérienne russe (VVC).

Le MiG-31 est-il « meilleur » que le F-35 ou le Rafale ?

La hiérarchie dans le domaine de l’aviation de chasse reste difficile à établir, tant les missions affectées à chaque appareil peuvent varier. Par ailleurs, les performances brutes, comme la vitesse pure, ne sont plus nécessairement ce qui est recherché aujourd’hui dans un avion de combat. Si le MiG-31 est beaucoup plus rapide que ses deux rivaux occidentaux, qui n’évoluent qu’à Mach 1,6 (environ 1.975 km/h) pour le F-35 et Mach 1,8 pour le Rafale (2.200 km/h), il est aussi moins agile, moins polyvalent, et peu adapté au combat rapproché.

Avec 14 points d’emport, le Rafale est, lui, en mesure d’embarquer presque tout type d’armement pour réaliser des missions de reconnaissance, de bombardement, ou de combat aérien. Il est aussi porteur de la dissuasion nucléaire. Cela fait de lui l’un des tout meilleurs avions « omnirôle ».

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Avion de cinquième génération, le F-35 se distingue de son côté par sa furtivité, ce qui lui permet d’approcher au plus près des lignes ennemies en échappant à leurs radars, ce que le MiG-31 ne peut pas faire. Hyperconnecté, l’avion de chasse américain peut aussi traiter simultanément un grand nombre de données provenant de différentes sources, dont les satellites.

Qui possède la plus importante flotte d’avions de combat entre la Russie et l’Otan ?

Les chiffres varient selon les sources, mais on estime que la Russie possède entre 1.200 et 1.500 avions de combat comprenant des chasseurs, intercepteurs, multirôle et bombardiers. Côté Otan, on dénombrerait environ 2.300 avions chasseurs. Concernant leurs différentes capacités, elles seraient globalement équivalentes, avec des MiG et des Soukhoï de différentes générations côté russe et des F-35, F-16, Gripen, Rafale, Eurofighter… côté Otan.

A noter que de nombreux pays européens ont fait ou font le choix du F-35 comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, la Grèce, le Danemark, les Pays-Bas, la Finlande, la Belgique, la Suisse, notamment dans une volonté de disposer d’un matériel commun et interopérable. Le Portugal, en revanche, n’a toujours pas choisi qui du F-35 ou du Rafale succédera à ses F-16 vieillissants.