Dans l’œil de LibéFiora Garenzi photographie la terre où elle a vécu à partir de ses 8 ans, à la recherche de racines. Sa série, primée par la bourse Laurent Troude, est visible jusqu’au 27 septembre à la galerie Vu à Paris.
publié le 23 septembre 2025 à 11h00
Fiora Garenzi débute «Nanna strana» en 2023, agitée par une question à la réponse douloureuse : «où est ce, chez moi ?»
Fiora Garenzi
Sa série, imprégnée de symbolisme, est exposée à la galerie Vu, 60 avenue de Saxe, jusqu’au 27 septembre à Paris.
Fiora Garenzi
«Un jour, ma mère m’a assise sur la banquette arrière de la 206 bleu nuit que j’avais toujours connue, le chien à mes pieds, et on a pris la route toutes les deux», retrace Fiora Garenzi.
Fiora Garenzi
«On a quitté la banlieue parisienne, puis au bout, on est montées dans le ferry, et on a tout recommencé une deuxième fois, quelque part dans la Méditerranée.»
Fiora Garenzi
«C’était compliqué, à l’époque tout l’était – et partir au soleil devait à coup sûr rendre les choses moins compliquées. J’ai grandi dans un village du nord de la Corse, tout au sud du cap.»
Fiora Garenzi
«Je suis arrivée sur l’île à l’âge de 8 ans, je l’ai quittée quand j’en ai eu 18, un gros sac sur le dos, un petit sac sur le torse. C’est étrange comme “tout ce qu’on possède” peut se résumer à peu.»
Fiora Garenzi
«J’ai mis longtemps à avoir envie de revenir. Je ne sais pas vraiment ce qui définit une maison. Les poètes disent que ce sont des gens – d’autres, plus pragmatiques, que ce sont quatre murs et un toit familiers.»
Fiora Garenzi
«J’ai toujours eu du mal à me sentir chez moi, dans tous les chez-moi où j’ai vécu. Et puis, un jour, j’ai ressenti le besoin de répondre à cette question.»
Fiora Garenzi
«Je crois que c’est parce qu’il y avait trop d’autres questions sans réponse dans ma tête. J’avais besoin de trouver une réponse à au moins l’une d’entre elles.»
Fiora Garenzi
«En Corse, savoir qui tu es – à quel endroit tu appartiens, à quelle histoire –, un peu plus fatalement qu’ailleurs je crois, est inhérent à ta construction.»
Fiora Garenzi
«L’héritage familial se transmet de génération en génération. On est très attachés aux anciens et aux lieux.»
Fiora Garenzi
«Quand j’étais adolescente, ma famille c’était ma mère, et l’histoire familiale, c’était un sujet douloureux. J’avais l’impression qu’en comprendre les raisons comblerait un vide en moi. Et puis finalement, quand j’ai su, le vide était encore là.»
Fiora Garenzi
«Alors, “chez moi”, j’ai décidé que ce serait là-bas. Pas parce que je m’y sentais particulièrement à ma place mais simplement parce que je ne pouvais me remémorer aucun autre endroit.»
Fiora Garenzi
«Je n’avais pas de souvenirs d’avant, et les années d’après, je les avais passées avec un sac sur le dos. Donc “chez moi”, ça devait bien être là-bas.»
Fiora Garenzi
«De plus, il y avait sur l’île deux personnes qui comptaient, deux raisons de revenir. Ça suffisait.»
Fiora Garenzi