C’était en 1821. Le roi de France, Louis XVIII ordonnait la création du Crédit municipal de Toulon. Le document est précieusement gardé dans la salle de réunion du nouveau siège de l’établissement public d’aide sociale et de crédit, autrefois appelé « Mont-de-piété », rue Clappier.

Situé de 1889 à 2017 place Vincent Raspail, juste derrière les halles de Toulon, il avait alors déménagé place Besagne, toujours en centre-ville, dans des locaux qu’il louait mais qui étaient trop grand et trop coûteux.

1,2 million d’euros pour le nouveau siège

La trentaine de salariés est depuis fin juin installé dans ces nouveaux locaux qui ont nécessité quatre mois de travaux et un investissement total de 1,2 million d’euros pour l’achat et la rénovation.

Le bâtiment de quatre étages n’a pas subi d’importantes transformations si ce n’est la création d’une terrasse extérieure au premier étage pour accueillir les pauses déjeuner.

Le Crédit municipal de Toulon en croissance régulière

« Notre activité historique est le prêt sur gage », explique Eric Toche, depuis le 2e étage des locaux rénovés.

« Quand nous avons une société qui va mal, comme cela peut être le cas en ce moment, le Crédit municipal se développe. D’autant plus que le cours de l’or ne fait qu’augmenter en raison des tensions géopolitiques », développe le directeur commercial et communication.

« Nous n’avons pas une croissance exponentielle à outrance mais de l’ordre de 3 à 4 % par an », précise le directeur général du Crédit municipal de Toulon depuis deux ans, Michaël Lili, lors de l’inauguration des lieux le 8 septembre.

Bijoux, montres et tableaux

En plus des personnes en dehors du système bancaire ou dans le besoin, retraités et « travailleurs pauvres » figurent désormais parmi les clients de ceux que l’on surnomme aussi le « clou » ou « chez ma tante ».

D’autres s’en serviraient de gardiennage pour des objets précieux, le coût étant moins élevé qu’un coffre à la banque – « d’autant que peu en proposent désormais ».

© K. Sarrazin – L’ordonnance de création du Crédit municipal de Toulon, signé en 1821.

« L’engagement moyen est de 813 euros », précise Eric Toche. Ce sont entre 70 et 80 % des bagues, gourmettes ou autres bijoux, même si le Crédit municipal de Toulon peut prendre toute sorte d’objets comme des sculptures, des tableaux, des instruments de musique ou des armes anciennes… « En moyenne, en trente minutes vous avez l’argent ! ».

Récupérer son bien une fois le prêt remboursé

A la différence d’une boutique de rachat d’or, la personne reste propriétaire de son bien, qu’il peut venir récupérer une fois son prêt remboursé.

Celui-ci est d’une durée de six mois renouvelables tant que l’on s’acquitte des intérêts. 60 % des contrats sont prolongés au moins une fois. Et seuls 6 % des lots sont finalement mis aux enchères, via la Maison Pline basée à Six-Fours. « Et en cas de bonus, nous le rendons à la personne qui a engagé » ajoute Michaël Lili.

Le rachat d’or : future diversification ?

Sur les huit établissements que compte le Crédit municipal de Toulon, quatre proposent le prêt sur gage : celui du boulevard Clemenceau à Toulon, celui de Puget-sur-Argens et deux autres en Corse, à Bastia et Ajaccio.

« Le prêt sur gage représente 12 % de notre activité mais il est en augmentation. C’est pourquoi c’est un axe de développement majeur : nous réfléchissons pour l’étendre à notre agence de Grand Var », annonce Eric Toche. L’établissement envisage aussi de se diversifier vers le rachat d’or.

Du prêt sur gage à l’activité bancaire

C’est justement en se diversifiant qu’il a pu perdurer plus de 200 ans. « Depuis 1984, nous sommes référencés au niveau bancaire et comptons actuellement 7 000 clients. Cela peut paraître peu par rapport à de grands groupes mais le Crédit municipal de Toulon et le crédit municipal de France qui a la plus grosse activité bancaire », souligne Eric Toche.

« Nous avons aussi une activité de crédit mais uniquement sur des prêts relais car notre statut d’établissement public ne nous permet pas d’avoir du refinancement sur le long terme », précise le responsable commercial.

Ainsi, les fonds propres à hauteur de 30 millions d’euros sont « stables » affirme le directeur. « Notre vocation n’est pas de faire du profit : nous n’avons pas d’actionnaires, pas de dividendes car nous appartenons à la mairie », explique Michaël Lili. « Et si nous faisons du profit, il remonte en fonds propres et cela nous permet de faire perdurer cette activité dans le temps. »