Selon la préfecture des Bouches-du-Rhône, leur part dans la délinquance de voie publique atteint les 65% dans le centre-ville de la cité phocéenne. Un constat qui fait de la lutte contre l’immigration clandestine le nouveau cheval de bataille de Georges-François Leclerc.
«On ne peut pas penser séparément la politique de lutte contre l’immigration clandestine et la politique de la lutte contre la délinquance». Voilà désignés, en quelques mots, les contours de la nouvelle stratégie engagée par la préfecture des Bouches-du-Rhône pour Marseille et son hypercentre, désormais reconnus comme une «haute priorité» par les services de police locaux.
Ce changement de paradigme a été officiellement acté ce jeudi matin par le préfet, Georges-François Leclerc, lors d’une conférence de presse organisée pour faire un bilan chiffré de l’action des autorités du département. La tenue de cette mise au point, qui intervient huit mois après la prise de fonctions du haut fonctionnaire, était aussi l’occasion d’assumer la nouvelle organisation des services de l’État dans le département.
«La préfète de police a gardé l’intégralité des compétences de l’ex-préfecture de police des Bouches-du-Rhône. Une chose a changé : ses compétences pleines, entières, sont désormais déléguées», a rappelé le préfet, qui avait nommé Corinne Simon en mars à ce poste afin d’établir «une unité de commandement». «Dire que la préfecture de police a disparu, ce n’est pas vrai. Il y a un préfet des Bouches-du-Rhône. Il ne faut pas voir derrière cette décision un acte politique», a ajouté Georges-François Leclerc. Une façon de tacler Benoît Payan, qui avait évoqué la «suppression» de la préfecture de police dans les colonnes de La Provence . «C’est une mauvaise décision, un choix baroque. C’est pour ça que je demande au ministre de l’Intérieur des résultats et des informations. Je lui ai envoyé un message, j’attends toujours une réponse», avait notamment déclaré le maire de Marseille à nos confrères.
Le pilonnage de la drogue s’invite dans l’hypercentre
Un maire, qui, à quelques mois de l’échéance municipale, avait déjà lancé un «plan de tranquillité » pour lutter contre les stupéfiants et l’insécurité de son centre-ville. Le plan se heurte aujourd’hui à des problématiques qui dépassent la consommation de drogue, indique sans réserve la préfecture. D’après un récent bilan, la part des étrangers dans la délinquance de voie publique atteint les 42% dans le département, et monte jusqu’à 65% dans le centre-ville de Marseille. Entre le début du mois de janvier et le 31 août, 7111 étrangers en situation irrégulière ont été «traités» par les services de la préfecture des Bouches-du-Rhône, ce qui constitue une augmentation de 72% en comparaison à la même période en 2024.
«Ce sont des taux avec une surreprésentation des étrangers en situation irrégulière dans les actes de la délinquance. Les interpellations d’étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 72% dans le périmètre des Bouches-du-Rhône», a affirmé le préfet, soulignant que le nombre de mesures d’éloignement, comme les obligations de quitter le territoire français (OQTF), était également en hausse dans le département.
«La présence de nos services est renforcée dans le centre-ville de Marseille, qui est notre priorité en matière de la lutte contre la délinquance, le trafic de stupéfiants et l’immigration irrégulière», a poursuivi le directeur interdépartemental de police nationale des Bouches-du-Rhône (DIPN 13), Cédric Esson. Entre les lignes, préfecture et services policiers confirment que le «pilonnage» des points de deal passera désormais par une prise en charge accrue de l’immigration illégale. «Nous avons des jeunes en situation étrangère irrégulière qui sont pris en charge par les réseaux de stupéfiants», rapporte Georges-François Leclerc.
Nous concentrons les moyens et les techniques sur l’immigration illicite. Les résultats sont impressionnants sur les stupéfiants et très bons sur la question de l’immigration
Georges-François Leclerc, préfet des Bouches-du-Rhône
Cette nouvelle doctrine de «bataille» s’appuie sur d’importants renforts policiers qui sont venus gonfler les rangs de la Division centre de Marseille. Au 1er septembre, 25 nouveaux agents de police nationale avaient rejoint le centre-ville. Trois équipages de police aux frontières, comme celui qui a mis fin au périple meurtrier d’Abdelkader D., sont déployés chaque jour dans le secteur. Enfin, au moins une compagnie républicaine de sécurité (CRS) et sa soixantaine de policiers sont en poste chaque jour de la porte d’Aix à la Canebière pour «assécher le trafic», «siphonner l’argent» et «interpeller la main-d’œuvre» des réseaux de stupéfiants.
«Il y a une volonté d’être omniprésent et de dire aux élus locaux que l’État est à leurs côtés. Les trafiquants s’adaptent et la police aussi», martèle Corinne Simon, ajoutant que neuf points de deal étaient clairement identifiés dans l’hypercentre par ses services. «Nous concentrons les moyens et les techniques sur l’immigration illicite. Les résultats sont impressionnants sur les stupéfiants et très bons sur la question de l’immigration. Ils portent leurs fruits sur le long terme», assure Georges-François Leclerc.