L’ambassadeur de Russie en France, Alexey Meshkov, assure que «beaucoup d’avions de l’Otan violent l’espace aérien russe» sans pour autant «être abattus», et nie en bloc les récentes violations de l’espace aérien constatées par certains pays.

Après plusieurs violations de l’espace aérien de l’Otan par la Russie, au-dessus de la Pologne et de l’Estonie, les membres de l’Alliance ont donné l’impression d’être en désaccord sur la fermeté dont il fallait faire preuve face à de telles incursions. Aux milieux des débats, le président américain Donald Trump a mêlé sa voix au débat cette semaine. «Pensez-vous que les pays de l’Otan devraient abattre les avions russes s’ils entrent dans leurs espaces aériens ?», lui a-t-on demandé en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York mardi. «Oui, je le pense», a-t-il lâché.

Interrogé sur la réaction de la Russie si un des avions russes violant l’espace aérien d’un pays de l’Otan venait à être abattu, l’ambassadeur de Russie en France, Alexey Meshkov, s’est montré ferme : «Ça serait la guerre ». Au micro de RTL, l’ambassadeur a répliqué aux accusations en assurant «que beaucoup d’avions de l’OTAN violent l’espace aérien russe» sans pour autant «être abattus». «Ça arrive assez souvent», précise le diplomate, sans toutefois citer d’exemples précis.


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«Ce n’est pas tellement notre truc»

Pourtant, les intrusions russes sur le territoire des pays membres de l’Otan se multiplient depuis deux semaines. Vendredi, des avions de combat russes armés, Mig-31, ont violé l’espace aérien estonien pendant douze minutes, ce qui a conduit l’Otan à envoyer des chasseurs et Talinn à demander des discussions avec l’Alliance. Cet incident est survenu un peu plus d’une semaine après que la Pologne a lancé des consultations avec l’Otan à la suite de la destruction de drones d’attaque russes au-dessus de l’est du pays.

Des drones d’origine inconnue ont survolé des aéroports civils et militaires au Danemark pour la deuxième nuit de la semaine lundi et mercredi, bloquant même le trafic de l’aéroport de Copenhague pendant plusieurs heures. La Russie a «fermement» démenti être impliquée dans ces survols, son ambassade à Copenhague dénonçant une «provocation orchestrée». Dans la nuit de lundi à mardi, le trafic aérien à l’aéroport d’Oslo avait également été suspendu pendant environ trois heures après le signalement de la présence possible d’un drone.

Interrogé par RTL à ce sujet, l’ambassadeur de Russie en France a été catégorique. «Nous nions» être liés à ces actes, a-t-il rétorqué, ajoutant que «la Russie ne fait pas ça, jouer avec qui que ce soit» et que «ce n’est pas tellement notre truc».

Ligne plus dure

Si certains pays de l’Otan ont semblé suggérer d’abattre tout avion franchissant les frontières de l’organisation, d’autres ont insisté sur le risque d’être entraîné dans la spirale d’un conflit. Les pays du flanc oriental de l’Otan, qui se sentent directement menacés par Moscou, ont ouvert la voie en appelant à une ligne plus dure.

Le premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré que Varsovie réagirait «avec fermeté» à toute violation, et son ministre des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski a dit à Moscou de ne pas «se plaindre» si ses avions étaient abattus. La ministre lituanienne de la Défense Dovile Sakaliene a déclaré que la Turquie, membre de l’Otan, avait «donné un exemple il y a dix ans» lorsqu’elle avait abattu un avion russe qui avait pénétré dans son espace aérien depuis la Syrie. Cet incident avait provoqué une crise diplomatique entre Ankara et Moscou, avant que la Turquie ne présente ses excuses.


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Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a mis en garde les alliés contre le «piège» de l’escalade. «Les demandes précipitées de tirer sur quelque chose dans le ciel ou de faire une grande démonstration de force n’aident en rien dans la situation actuelle», a-t-il lancé. «Le sang-froid n’est ni de la lâcheté ni de la peur, mais une responsabilité envers son propre pays et envers la paix en Europe.» Le président français Emmanuel Macron, quant à lui, a adopté une position plus ambiguë, affirmant que les pays de l’Otan devaient «monter d’un cran» leur riposte en cas de «nouvelles provocations» de la Russie. Mais, face à ces «tests» de l’armée russe, «on ne va pas ouvrir le feu», a-t-il aussitôt ajouté.