À chaque piste qu’il visite, Pecco Bagnaia se demande à présent à quelle sauce il va être mangé. Retrouver Motegi, c’est pour lui retrouver le théâtre de l’une de ses plus récentes victoires, décrochée il y a un an alors qu’il livrait une lutte féroce pour le titre face à Jorge Martín. Mais c’est aussi se confronter à un circuit qui fait tant la part belle aux freinages qu’il en devient très inquiétant pour lui au vu de ses difficultés du moment.
« Si je devais avoir les mêmes problèmes que ceux que j’ai eus cette année, cette piste sera un cauchemar, comme l’a été Barcelone », pressent donc le pilote Ducati en arrivant au Japon. « Ce sera un cauchemar parce que je n’arriverai pas à freiner et à exploiter cette partie-là. Si au contraire ce qu’on fait à Misano porte ses fruits, ça pourrait être un bon week-end. Mais il faut attendre de voir. »
« C’est une piste sur laquelle j’ai gagné l’année dernière, comme beaucoup d’autres, mais bon, c’est une piste sur laquelle j’étais très compétitif alors j’espère que ça va marcher », ajoute Bagnaia, conscient que Motegi et Misano sont le jour et la nuit en termes de tracé.
Sur la côte adriatique, il a encore connu un week-end très éprouvant, avant toutefois de mener un test jugé encourageant. Mais toute avancée se heurte aujourd’hui à son extrême prudence, étant donné le nombre de fois où il a été échaudé cette année. « J’ai toujours un doute, parce que cette année, il m’est arrivé plein de fois de me sentir bien dans certaines situations, et qu’ensuite ça ne marche pas », rappelle-t-il.
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« Je dois dire qu’à Misano, on a réussi à emprunter une voie un peu différente de d’habitude et ça a plutôt bien fonctionné, donc j’espère vraiment que ça va marcher. La seule nécessité que j’ai actuellement, c’est de pouvoir recommencer à piloter, comme je l’ai fait au test de Misano, et d’avoir mes propres sensations au lieu de me faire porter par la moto, ou en tout cas d’être toujours un peu sur la défensive parce que je n’arrive pas à pousser. C’est ça l’objectif ici. »
Il le sait, il comprendra dès les EL1, vendredi matin, le genre de week-end qui l’attend. Et après sept mois de souffrance cette saison, il ne serait pas contre un peu plus de facilité, ne serait-ce que pour être épargné par des questions qui deviennent pesantes. « Moins je suis bon, et plus je dois parler. La pression a toujours été là, mais c’est mieux quand on gagne, au moins on ne doit pas tout le temps donner des explications. »
« Stoner voyait ce que faisait ma moto »
Dès demain, donc, Pecco Bagnaia et son équipe vont tenter de reprendre le travail sur la lancée du test mené à Misano au lendemain d’un Grand Prix qui s’est révélé catastrophique pour lui. Cette journée de piste a été plutôt insolite du fait de la présence très visible de Casey Stoner dans son stand, dont l’Italien a particulièrement apprécié la contribution.
« Je trouve ça génial, d’autant qu’il a donné aux techniciens et aux ingénieurs un autre point de vue », explique-t-il. « Pendant le test, Manuel [Poggiali] et lui ont beaucoup travaillé ensemble, ils arrivaient dans le box en disant les mêmes choses. Avoir Casey, qui est extérieur à Ducati, a été utile car il disait des choses différentes qui nous ont beaucoup aidés. Ensuite, on a aussi passé du temps ensemble dans les jours qui ont suivi, à faire du karting et au Ranch, on a beaucoup discuté et ça a été très utile aussi. »
Si Bagnaia a tant apprécié la présence de Stoner, c’est aussi qu’il s’est senti compris. « Il voyait clairement ce que faisait ma moto », explique-t-il. « Il est très sensible à tous les niveaux, et franchement, ce qu’il disait dans le box correspondait à ce que faisait ma moto. Et Manuel aussi, alors je pense que c’est super utile de les écouter. C’est un autre point de vue, et les ingénieurs regardent les données et écoutent les pilotes, mais ils ne viennent pas nous regarder piloter, donc c’est un bon point de vue. »
Les commentaires de l’Australien sont-ils finalement plus importants pour les ingénieurs que pour lui ? « Peut-être, oui, mais c’est moi qui l’écoute le plus », répond Pecco Bagnaia. Le fond du problème reste en tout cas inchangé : l’Italien cherche désespérément à retrouver ses sensations et à redevenir le pilote incisif que l’on connaît. « Je voudrais absolument piloter de la façon dont je sais piloter », résume-t-il. Prochaine réponse demain matin, donc.
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