Photo de Cédric Jubillar, accusé d’avoir participé à la disparition de sa femme Delphine, dans la salle d’audience du tribunal d’assises du Tarn à Albi, le 22 septembre 2025.

LIONEL BONAVENTURE / AFP

Photo de Cédric Jubillar, accusé d’avoir participé à la disparition de sa femme Delphine, dans la salle d’audience du tribunal d’assises du Tarn à Albi, le 22 septembre 2025.

JUSTICE – L’intervention a suscité de vives réactions. Ce jeudi 25 septembre au cours du procès de Cédric Jubillar, la déposition d’un témoin, ancien policier cité comme expert par un avocat des parties civiles, a réussi à mettre d’accord l’accusation et la défense qui l’ont respectivement qualifiée de « plaisanterie » et de « ridicule ». L’homme de 64 ans s’est présenté à la barre comme retraité de la police ayant « plus de trente ans d’expérience » en matière d’analyses téléphoniques.

Mandaté par le cabinet de Mourad Battikh, avocat de plusieurs proches de Delphine Jubillar, il devait réaliser une contre-expertise du portable de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse. Au cours d’une présentation de plus d’une heure, le témoin a développé une analyse prenant pour hypothèse que des nombres semblant correspondre à des latitudes et longitudes, découverts dans des noms de fichiers du téléphone de Cédric Jubillar, désignaient le lieu où l’accusé aurait caché le corps de son épouse.

Ces éléments, simples aléas techniques désignés sous le nom de « faux positifs » par les experts en technologie numérique, ont été écartés lors de l’enquête. Les affirmations du témoin, souvent confuses, ponctuées de moments où il peinait à trouver ses mots, évoquant des « trucs » de la procédure, ont suscité des murmures dans le public ainsi que des réactions interloquées voir de la colère de la part de plusieurs parties.

« Est-ce que vous êtes inhumain ou bien incompétent ? »

Pierre Aurignac, l’un des deux avocats généraux de ce procès, a par exemple pointé une erreur jugée flagrante d’horaire dans le rapport du témoin pour l’interroger : « vous demandez à cette cour d’assises de condamner cet homme sur la base de cette plaisanterie, Monsieur ? », en déplorant en outre que son rapport puisse « faire naître » inutilement « des espoirs » de retrouver un corps.

L’autre avocat général, Nicolas Ruff, est dans la foulée allé beaucoup plus loin, affirmant : « Ma question est la suivante, est-ce que vous êtes inhumain ou est-ce que vous êtes incompétent ? » Pour la défense, Me Alexandre Martin a regretté la présence de « ce pseudo-expert qui n’est pas un expert », de ce « témoin qui n’est pas un témoin ». « Tout cela est ridicule », a-t-il déploré.

Une représentante du cabinet d’avocats ayant cité le témoin a de son côté justifié sa citation devant la cour par le souhait d’éclairer d’éventuelles « zones d’ombre » du dossier.