Le match entre le Stade français et l’UBB de samedi ne sera pas décisif, il arrive trop tôt dans la saison. Mais il est l’occasion pour nous de nous rappeler les liens historiques qui existent entre le club de la capitale et le rugby bordelais.

Le Stade français n’a pas toujours été un club de premier plan, loin s’en faut. Il était même descendu très bas, au quatrième échelon, avant d’être totalement relancé par Max Guazzini dans les années 90 qui lui fit remonter chaque année tous les niveaux de la hiérarchie. Quatre ans après sa reprise, le club qui jouait à l’époque en rouge et bleu fut même sacré champion de France après avoir battu Perpignan en finale (34-7). Jamais un club promu en début de saison n’avait brandi le Bouclier de Brennus huit mois plus tard. C’est dire si ce retour s’était fait en fanfare.

Laporte fait le lien

Sur le moment, tout le monde avait été frappé par une sensation de mimétisme avec un autre sacre, vieux de sept ans, celui du CA Bègles-Bordeaux-Gironde. Le Stade français de 1998 comptait dans ses rangs trois joueurs et un entraîneur emblématiques. À la baguette, Bernard Laporte qui cornaquait une première ligne composée de Philippe Gimbert, Vincent Moscato et Serge Simon. Ces quatre hommes avaient été sacrés une première fois en 1991 sous le maillot à damiers bleus et blancs. Le titre de Bordeaux-Bègles avait défrayé la chronique, par l’impression de force et de puissance du pack girondin, par sa férocité aussi et par les crânes rasés de ses joueurs de première ligne : Gimbert-Moscato-Simon justement. Trois durs, qui aimaient mieux donner que recevoir. Bernard Laporte n’entraînait pas officiellement à l’époque, il était encore joueur, un demi de mêlée un peu raide, mais déjà un meneur d’hommes hors pair, capable de faire monter aux arbres le joueur le plus timoré de la terre.

Mais ces personnalités étaient si fortes, que le groupe béglais avait explosé deux ans plus tard et les quatre impétrants virés purement et simplement du club, accompagnés par quelques alliés. Ils s’étaient d’abord retrouvés au Stade bordelais, le club voisin, mais qui n’avait pas les moyens de s’installer dans l’élite. Alors, Laporte, le boss avait pris la direction de la capitale après avoir été présenté à Max Guazzini par un journaliste de Midi Olympique (Philippe Oustric).

Laussucq jouait au Stade Français en 1998

Revoir tout ce monde sept ans après en finale du championnat sous un autre maillot était une attraction en soi. Et les voir brandir le Bouclier ressemblait à une revanche éclatante, presque à une reconstitution de ligue dissoute, d’autant plus que le Stade français avait battu le CABBG d’un souffle en quart de finale sur deux matchs. Finalement, on avait l’impression que ce nouveau champion parisien était un peu le décalque du Bordeaux-Bègles des années 90, avec des personnalités atypiques et baroques. La période dorée du Stade français commença sous ce genre d’auspices comme si Bernard Laporte, notamment, avait trouvé dans la capitale, grâce à Max Guazzini, un terrain fertile à sa personnalité hors norme. Ce sacre soulignait aussi en creux une certaine incapacité du rugby bordelais à s’installer au sommet du rugby hexagonal. À noter que dans cette équipe parisienne officiait un demi de mêlée nommé Christophe Laussucq, né et formé en Gironde, mais qui n’avait pas joué au CABBG (il le fera plus tard). Il est aujourd’hui l’un des entraîneurs de l’UBB, adjoint de Yannick Bru. Il représente à nos yeux le souvenir de ce titre de 1998 à la fois parisien et bordelais.