En mai dernier, à l’issue d’un vote étouffant du conseil municipal pour désigner le remplaçant de Nathalie Bicais, son adjoint Joseph Minniti l’avait finalement emporté face à Jean-Pierre Colin, mais seulement au bénéfice de l’âge (82 ans). « Jusqu’en mars 2026, je vais m’investir pour la commune et préparer une succession », avait-il annoncé, juste après avoir enfilé l’écharpe tricolore. Il semblait alors acté qu’il ne se voyait pas diriger la ville au-delà de ce mandat.

Mais la réalité du mois de septembre n’est plus celle du mois de mai. Aujourd’hui, Jo Minniti déclare officiellement sa candidature. « L’inéligibilité de Nathalie Bicais a profondément déséquilibré le conseil municipal et il a fallu trouver un candidat parmi la majorité, resitue-t-il. Certains m’ont convaincu qu’étant le plus âgé, j’étais celui qui avait, peut-être, le plus d’expérience de la ville. Et, surtout, on ne pouvait pas me suspecter de faire un choix de carrière… »

Son ambition, assure-t-il, était « avant toute chose d’apaiser la situation ». « Car depuis 2022, nous avons connu des séances dignes d’une guérilla politique : invectives, blocages, désordre… Bien loin du débat républicain que mérite notre conseil. Et je pense qu’avec l’équipe restée fidèle, nous y sommes parvenus, observe aujourd’hui M. Minniti. L’apaisement est revenu, y compris dans l’opposition. »

Pour « sauver » la Métropole

Auréolé de cet « exploit », sa réflexion a évolué. « Je me lance à nouveau parce que mes élus, de nombreux Seynois et les maires des communes voisines m’ont demandé de poursuivre l’œuvre entreprise ensemble. » Parmi lesdits maires alliés, il cite ceux de Toulon, Six-Fours, Saint-Mandrier, Ollioules… « Parce que j’ai renoué le dialogue avec eux, et parce qu’il y a, évidemment, le risque de voir l’extrême droite passer à Toulon. Et si La Seyne devait basculer aussi, c’est tout TPM qui basculerait… » Il annonce encore avoir l’appui du président de la Métropole Jean-Pierre Giran, entre autres.

Et, fort de seize adjoints et conseillers municipaux actuels toujours à ses côtés (1), il estime incarner l’option la plus solide et rassembleuse pour la deuxième ville du Var : « Ce dont La Seyne a besoin, ce n’est ni d’un saut dans l’inconnu, ni d’un nouveau mandat miné par les règlements de comptes. Pas plus que d’un élu qui ne connaît ni la ville, ni les Seynois. Ni d’un maire isolé, incapable de peser à l’échelle de la Métropole. Tous ces dangers amèneraient à une seule chose : faire reculer La Seyne. »

« Tout le monde a le droit d’être candidat »

Ne comptez donc pas sur cet apôtre de « l’apaisement » et de « la stabilité » pour remettre de l’huile sur le feu. Ou alors très peu. Une réaction tout de même à la récente déclaration de candidature de son adjoint à la sécurité, Cheik Mansour ? « J’estime que tout le monde a le droit d’être candidat. Sur la forme, je lui reprocherai seulement de ne l’avoir jamais annoncé au cours d’un de nos nombreux conseils de majorité : on l’a appris dans Var-matin ! Maintenant, tout le monde connaît les potentielles conséquences de la division, donc s’il veut nous rejoindre, il sera le bienvenu, tout comme Christine Cuniberti qu’il a recrutée. »

Pas de sanction particulière, pas de retrait de délégations, donc ? « Non, ça suffit les règlements de comptes… Je regrette surtout que M. Mansour soit piloté par l’ancienne maire, lâche-t-il toutefois. Mais, là encore, je ne veux pas rentrer dans les attaques. Je dirais simplement que cela m’attriste, car on est un certain nombre ici à lui avoir permis de faire cinq ans de mandat. »

Nathalie Bicais a effectivement affiché récemment son soutien à M. Mansour (Var-matin du 17/09), mais aussi évoqué l’idée que Christine Sinquin, sa première adjointe, aurait pu se sentir « spoliée » par Joseph Minniti. Cette dernière a tenu à préciser sa position, au-delà de sa seule présence significative aux côtés du maire sortant, le jour de sa déclaration : « Il n’y a pas lieu de polémiquer, ni aucune ambiguïté, dit-elle. Je me suis rangée derrière M. Minniti en mai, en concertation avec toute l’équipe, et il avait toute ma confiance. Et ces quatre derniers mois de travail, apaisé et harmonieux, avec une équipe soudée et motivée, me confortent dans l’idée qu’il faut continuer dans cette direction, pour les Seynois. Notre ville a vraiment besoin de stabilité dans sa gouvernance politique, notamment pour l’aboutissement de nos grands projets ».

Le candidat s’autorisera une seule charge en règle : « Il n’y aura aucune alliance possible avec tous ceux qui n’ont eu de cesse, durant ce mandat, d’empêcher le maire et son équipe de travailler », lance Joseph Minniti. Jean-Pierre Colin en tête, et quelques autres, se reconnaîtront.

Son âge ? « Jusqu’ici tout va bien, merci »

Enfin, il anticipe : « Certains adversaires présenteront mon âge comme un handicap, et ça a même déjà commencé… Mais je veux les rassurer tout de suite : le seul traitement que je connaisse, c’est un Doliprane quand j’ai un peu mal à la tête. Donc tout va bien jusqu’ici, merci. Toutefois, si je devais avoir un coup de faiblesse, il faudra un (ou une) successeur… » Mais pas question d’adouber quelqu’un dès à présent : « ç a se décidera uniquement à la lumière des compétences et du travail fourni durant le mandat, évidemment. » Et puis… « Deux de mes grands-parents sont partis à 102 et 103 ans », glisse-t-il en riant.

1. De g. à dr. sur la photo, entourant le candidat : Stéphane Lancellotta, Basma Bouchkara, Pierre Garcin, Bertrand Pin, Élisabeth Gues, Christine Sinquin, Marie-Claude Paganelli-Argiolas, Daniel Martinez, Dominique Lexa, Véronique Leportois, Yves Dimeglio et Virginie Sanchez. Absents sur la photo mais soutiens de Joseph Minniti : Valérie Guittienne, Narjès Ouerghi, Cassandra Vérani-Laï et Dominique Baviera.