Par
Antoine Blanchet
Publié le
26 sept. 2025 à 6h02
Des gains pharamineux. Des enfants élevés pour voler. Une exploitation cynique. Ce vendredi 26 septembre 2025, c’est un dossier tentaculaire qui s’ouvre devant le tribunal correctionnel de Paris. Douze personnes membres d’un clan originaire de Bosnie-Herzégovine comparaissent pour traite des êtres humains. Pendant des années, ils exploitaient des fillettes pour voler dans le métro.
Des vols de carte bleue à foison
Basé en Bosnie, c’est le couple de grands-parents qui était à la tête du clan. Les enfants et petits enfants formaient différentes branches. Au sein de cette organisation patriarcale, seules les femmes commettaient les vols. Les hommes vivaient via l’argent des larcins dans de luxueuses maisons et investissaient dans des voitures de luxe.
Sur une longue période, les fillettes du clan étaient élevées pour voler les touristes dans le métro. Elles sévissaient à Paris, mais aussi à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) ou encore dans la zone de Disneyland. Leur technique de prédilection : voler les cartes bleues de leurs victimes après les avoir vues taper leur code confidentiel.
Les vols généraient de forts revenus. Lors d’une écoute, l’un des prévenus a mentionné un gain mensuel de 200 000 euros, dont la totalité est envoyée aux hommes du réseau. Fréquemment, les fillettes se faisaient interpeller, mais parvenaient à utiliser leur téléphone en garde à vue pour être conseillées en direct par les femmes du clan sur l’attitude à adopter. Fausses identités, refus de donner les empreintes… Les jeunes voleuses avaient l’art de brouiller les pistes.
Un quotidien dangereux
Cette pratique du larcin à l’échelle industrielle n’était pas sans risque. D’un côté, les fillettes pouvaient être victimes de pressions de la part des hommes et des femmes du clan. L’une des femmes plus âgées aurait aussi été victime de violences conjugales de la part de son compagnon. D’un autre côté, des tensions pouvaient aussi éclater avec d’autres communautés pour le contrôle de territoires « stratégiques » du vol à la tire, comme les aéroports de Roissy et Orly.
Quinze personnes interpellées
Finalement, une enquête minutieuse de la brigade de protection des mineurs a permis d’identifier une bonne partie du réseau. Le 13 juin 2023, 15 personnes sont interpellées. On y trouve des membres haut placés du clan. Les policiers parviennent à mettre à l’abri 31 enfants âgés de 2 jours à 17 ans. Néanmoins, 12 d’entre eux fugueront le lendemain.
Finalement, ils seront 12 à devoir répondre de multiples infractions, allant de la traite d’être humains à l’escroquerie en passant par le blanchiment. L’audience est prévue pour durer jusqu’au 9 octobre 2025.
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