Petit Poucet de l’élite, le champion de France de Pro D2 a débuté sa saison par trois revers, dont une claque reçue sur la pelouse de l’UBB. Avant de recevoir Montpellier, les Tarn-et-Garonnais n’entendent pas baisser les bras.
On leur promettait l’enfer. Il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Champion de France de Pro D2 à la surprise générale, le promu Montauban vient d’encaisser trois défaites en ouverture du Top 14 : à Paris face au Stade Français (47-24), à Sapiac face à Lyon (18-25) puis le week-end dernier – certes avec une équipe remaniée – sur la pelouse de l’Union Bordeaux-Bègles (71-24), championne d’Europe en titre. Dur apprentissage du très haut niveau.
Samedi dernier, l’UBB a égalé son nombre de points marqués lors d’un match de Top 14. Le précédent record datait du 31 octobre 2020 face au SU Agen (71-5). Un promu qui avait connu à l’époque un véritable calvaire, ne remportant aucun match de la saison. En début d’exercice, le manager tarn-et-garonnais Sébastien Tillous-Borde n’avait pas caché ses inquiétudes : «Je crains qu’on fasse comme Agen, qu’on perde 26 fois en 26 matches.» Lors de leurs trois premières sorties, les Montalbanais ont payé cher les turnovers qu’ils ont concédés. La moindre erreur se payant cash.
Nous ne sommes qu’à la troisième journée et si on s’écroule maintenant, ça va être long
Baptiste Mouchous, trois-quarts de Montauban
Un constat partagé par Tillous-Bordes samedi dernier : «En première mi-temps, on fait des bonnes choses mais sur les ballons de turnover, on a pris des essais trop faciles. En deuxième mi-temps, dès qu’on attaque, on perd le ballon et on prend un essai de 100 m. Après, c’étaient les portes ouvertes.» L’Union Sportive Montalbanaise a concédé 143 points en trois matches mais, parmi les raisons d’y croire, elle en a inscrit 66, soit plus que Perpignan (47 pts), un rival direct pour éviter la descente.
Dans leur folle course au maintien, les Sapiacains – pour leur retour dans l’élite 15 ans après leur dernier passage – ne sont pas largués pour l’instant car les Perpignanais connaissent aussi un sérieux retard à l’allumage (trois revers dont deux à domicile) et des remous extra-sportifs, avec un envahissement de terrain et des jets de bières le week-end dernier face au Racing 92 qui devraient être lourdement sanctionnés par la LNR. Le tout est de ne pas se démobiliser, de baisser les bras. «On ne sait pas où l’on va, on ne sait pas ce qu’on va faire, mais c’est génial. Pour nous, ce n’est que du positif», nous avait confié le capitaine Fred Quercy avant le lancement de la saison.
Le promu, avec le plus petit budget de l’élite (13,8 M€) loin derrière Vannes l’an dernier (20 M€), ne pouvait pas faire de folie une fois la monte acquise. Seulement cinq joueurs ont été recrutés (Nugzar Somkhishvili, Valentin Simutoga, Vaea Fifita , Nafi Ma’Afu, Vakhtang Jintcharadze ) pour compléter un effectif rodé aux joutes de Pro D2. «Nous ne sommes qu’à la troisième journée et si on s’écroule maintenant, ça va être long, prévient Baptiste Mouchous, titularisé samedi à l’ouverture. Il faut régler la défense, travailler notre jeu de pression, nos chandelles. Être plus efficaces sur les bases pour être performants et recevoir Montpellier avec un bon état d’esprit pour gagner.»
Parfois un peu trop envie de jouer dans certains endroits du terrain. Et dans ces cas-là, s’il y a une erreur…
Johan Snyman, entraîneur des avants de Montauban
Dans les colonnes de Midi Olympique, Johan Snyman, l’entraîneur des avants, avait pointé du doigt, avant le déplacement à l’UBB, les erreurs à gommer. «Parfois un peu trop envie de jouer dans certains endroits du terrain. Et dans ces cas-là, s’il y a une erreur… On doit apprendre très vite, et notamment ce fait-là : une erreur en Top 14, c’est 7 points, avait expliqué le technicien sud-africain. Mais ça fait partie de notre développement. On doit contrôler ce qu’on peut contrôler.» Et d’insister : «Tout le monde doit comprendre qu’on n’aura pas un seul match facile en Top 14. Toutes les équipes ont des internationaux, des individualités très fortes. Quand ce n’est pas l’UBB, c’est La Rochelle, Toulouse, Clermont…»
Ce week-end, c’est le MHR qui se déplace à Montauban et va découvrir Sapiac et son bouillant public, privé de son bouclier de champion de Pro D2 qui a été volé lors d’une… foire agricole. Improbable. Reste à se concentrer sur la venue des Héraultais, qui avaient eux aussi connu des débuts poussifs, avant un réveil spectaculaire face au Stade Toulousain et sa légion d’internationaux. «Il faut vite se mettre au niveau, avait lancé Tillous-Borde dès le début de la saison. Le haut niveau, ce sont les détails.» Et le diable est dans les détails, c’est bien connu.