Un vrai soulagement. Il y a quelques jours, les services de Rennes métropole ont reçu le feu vert qu’elles attendaient tant. Empêtrée dans un chantier très coûteux de rénovation de son incinérateur, la collectivité bretonne a pu remettre sous pression l’une des deux chaudières de son usine. Un test effectué sous une pression dingue de 138 bars, bien au-delà de la pression de 57 bars qui règne habituellement dans l’équipement. « C’est une étape majeure dans le processus de redémarrage. On voit le bout du tunnel », reconnaît Laurent Hamon.

Le vice-président de la métropole délégué aux déchets espère que l’unité de valorisation énergétique pourra reprendre du service « à l’été 2026 » et engloutir les 100.000 tonnes de déchets résiduels balancés par ses 400.000 habitants. Il était temps. Figé pendant plusieurs mois en raison d’un litige entre Rennes métropole et l’entreprise italienne Ruths, le colossal chantier de rénovation semblait ne plus pouvoir s’achever.

Pour parvenir à cette conformité aux exigeantes normes européennes, la collectivité a dû rajouter 25 millions d’euros et faire appel à la société Est Industrie Sentis. « Il a fallu reprendre près de 6.000 soudures. Certaines prennent deux à trois heures. D’autres peuvent durer toute une journée », poursuit l’élu en charge du dossier.

L'unité de valorisation énergétique de Villejean, à Rennes, est une usine d'incinération de déchets produisant de la chaleur et de l'électricité. L’unité de valorisation énergétique de Villejean, à Rennes, est une usine d’incinération de déchets produisant de la chaleur et de l’électricité.  - C. Allain/20 Minutes

C’est sur cette question des soudures que la métropole et la société Ruths n’ont cessé de se disputer, chacun y allant de son expertise. « On a tout découpé et on a pu vérifier ce que l’on avançait. Les soudures n’étaient pas tout à fait complètes. Elles ne respectaient pas les normes », assure Marie Basquin, cheffe de ce projet de rénovation qui a déjà coûté plus de 180 millions d’euros. Saisie, la justice a fini par donner raison à la collectivité rennaise et à imposer à l’entreprise italienne de fournir l’ensemble de la documentation liée au chantier. Depuis plusieurs mois, Ruths n’est plus présente sur le site. « Si on obtient cette documentation, on devrait pouvoir redémarrer l’été prochain », poursuit Marie Basquin.

Plus de chaleur et plus d’électricité

Inauguré en 1968, le plus vieil incinérateur de France affichera alors des performances séduisantes, accentuant sa production d’électricité de 120 % et sa production de chaleur de 40 %. Un équipement essentiel qui permet de valoriser les déchets en chauffant des dizaines de milliers de logements. Pour comprendre son utilité, il n’y a qu’à regarder les conséquences de sa mise en veille.

L'unité de valorisation énergétique de Villejean, à Rennes, a été mise à l'arrêt en raison de problèmes de soudures et d'un litige avec l'entreprise Ruths.L’unité de valorisation énergétique de Villejean, à Rennes, a été mise à l’arrêt en raison de problèmes de soudures et d’un litige avec l’entreprise Ruths. - C. Allain/20 Minutes

L’arrêt depuis le printemps 2022 de l’usine de valorisation énergétique (UVE) oblige la collectivité à envoyer ses déchets ailleurs. Un détournement qui coûte une blinde : 2,8 millions d’euros par mois. Si l’interruption devait durer cinquante mois, on serait déjà à une facture flirtant avec les 150 millions d’euros. Auxquels il faut ajouter le manque à gagner de l’absence de production de chaleur et d’électricité. « A un moment viendra le temps de l’addition », prévient Laurent Hamon. Addition que la métropole compte bien envoyer à Ruths.