Jordy Goukara, un Centrafricain de 27 ans, a été condamné ce vendredi par la cour criminelle de Paris. Déjà condamné à 12 reprises et visé par plusieurs OQTF, il n’a montré aucune empathie pour les deux jeunes femmes qu’il a violées dans des halls d’immeuble à Paris en novembre 2023.

Jordy Goukara, un Centrafricain de 27 ans visé par plusieurs obligations de quitter le territoire français (OQTF), a été condamné ce vendredi par la cour criminelle de Paris à 18 ans de réclusion criminelle pour les viols de Mathilde et Claire Geronimi. Les cinq magistrats professionnels ont assorti sa peine d’une interdiction définitive du territoire français, suivant les réquisitions de l’avocate générale, Camille Hennetier. «Cette peine démontre l’extrême gravité des faits commis, c’est un symbole fort», réagit auprès du Figaro Me Romain Vanni, l’avocat de Claire Geronimi.

Les faits ont eu lieu samedi 11 novembre 2023 en plein après-midi, entre 15h50 et 17h05, dans deux quartiers chics de la capitale. Les victimes, Mathilde, 19 ans, et Claire Geronimi, 26 ans, ont vécu un calvaire en tous points similaire. La première, étudiante en droit et en communication, se rendait à un entretien pour un travail de baby-sitter dans le 17e arrondissement. La seconde, consultante en finance, rentrait chez elle, après avoir fait des courses dans le 8e.


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Toutes deux ont été suivies jusque dans un hall d’immeuble, plaquées au sol, menacées de mort – «Tais toi sinon je vais te tuer» -, et contraintes à des fellations. Claire Geronimi a également subi des viols digitaux. L’agresseur était armé d’une sorte de lame artisanale, qu’il a placée sous la gorge de Mathilde. Dans les deux cas, une intervention extérieure, d’un ouvrier et d’une voisine, a mis en fuite l’agresseur. Profondément marquées, les deux victimes ont courageusement témoigné à la barre, racontant leur calvaire, leur peur de mourir, leur vie d’après.

Un lourd passé de délinquant

Arrivé en France depuis la Centrafrique en 2009, Jordy Goukara a été confié à l’aide sociale à l’enfance (ASE) après avoir été hébergé chez un grand-oncle. Entre 2013 – il avait alors 15 ans -, et 2023, le Centrafricain a enchaîné les délits : vols avec violence, violences avec usage d’une arme, menaces de mort sur un enseignant, outrages envers des policiers, rébellion, usage de stupéfiants… Deux jeunes filles l’accusent aussi de viols et d’agressions sexuelles quand il était en famille d’accueil puis en foyer.

Son casier judiciaire portait trace de 11 condamnations en novembre 2023. Sans domicile fixe, il errait dans Paris le jour des faits. «J’avais faim de sexe, j’avais envie de toucher une femme, de la baiser», a-t-il confié au juge au cours de l’enquête. Le 10 décembre 2023, Jordy Goukara a été condamné par le tribunal correctionnel d’Évry à trois ans de prison, dont un avec sursis, après avoir tenté d’embrasser de force une fonctionnaire de l’administration pénitentiaire alors qu’il était écroué à la prison de Fleury-Mérogis. «Je voulais la baiser dans ma cellule. Si c’était à refaire, je le referais mais en mieux», avait-il déclaré après les faits.

Un accusé sans affect

Au procès, les victimes n’ont eu droit à aucune excuse de la part de l’accusé. Ce dernier est apparu sans aucun affect. Coiffé de nattes vertes dressées sur sa tête, ce gaillard à la carrure imposante et à la voix grave n’a cessé de multiplier les provocations. «Je ne veux pas me poser en position de victime mais moi aussi j’ai été victime ce jour-là. Je reconnais aux victimes leur qualité de victimes mais moi aussi ma vie est un enfer depuis plus de deux ans», a-t-il déclaré, sous les yeux médusés de l’assistance.

Plus tôt, le président de la cour l’avait questionné sur un tatouage qu’il arbore sur son bras gauche, une devise de Centrafrique signifiant «Toute personne est un être humain». «Est-ce que vous trouvez que votre comportement est en adéquation avec cette devise ?», lui avait demandé le magistrat. «Parfois l’amour peut être mal exprimé», avait asséné l’accusé, suscitant là encore la consternation sur les bancs du tribunal.


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Roland Coutanceau, le psychiatre qui a examiné l’accusé, a cité trois éléments qui sont, d’après ses dires, «clignotants» : des victimes inconnues, l’utilisation d’une arme et une ambiance de séquestration. «On retrouve ces trois caractéristiques chez ceux qui récidivent», a averti l’expert. L’accusé dispose de 10 jours pour faire appel.