Donald Trump lance une nouvelle salve de droits de douane, et veut s’en prendre aux secteurs jusqu’ici épargnés. A partir du 1er octobre, une taxe de 100 % sera appliquée «sur tout produit pharmaceutique de marque ou breveté, sauf si une entreprise construit son usine en Amérique», a indiqué jeudi le milliardaire républicain sur sa plateforme, Truth Social.

Si la définition de ces médicaments «reste floue», souligne Michael Wan, économiste pour la banque japonaise MUFG à Singapour interrogé par l’AFP, «nous partons du principe que cela n’inclura pas les médicaments génériques expédiés par des pays comme l’Inde, qui pourrait donc être épargnée par ces annonces».

L’Australie qui a exporté des produits pharmaceutiques d’une valeur estimée à 1,35 milliard de dollars vers les États-Unis en 2024, a vivement réagi à la décision américaine. «Nous achetons beaucoup plus de produits pharmaceutiques des États-Unis que ce qu’ils achètent chez nous… Ce n’est pas dans l’intérêt des consommateurs américains d’imposer un prix plus élevé sur l’exportation de l’Australie vers l’Amérique», a dit vendredi le ministre australien de la Santé, Mark Butler.

La fédération européenne des industries pharmaceutiques (Efpia) a, elle, estimé que ces nouveaux droits de douane «créeraient la pire des situations», rappelant que ces taxes «augmentent les coûts, perturbent les chaînes d’approvisionnement et empêchent les patients d’obtenir des traitements vitaux».

Dans une publication distincte, le locataire de la Maison Blanche a également annoncé des droits de douane de 25 % sur «tous les poids lourds fabriqués dans d’autres régions du monde». Une mesure qui doit selon lui soutenir les fabricants américains de camions tels que «Peterbilt, Kenworth, Freightliner, Mack Trucks et autres».

Parmi les entreprises étrangères qui concurrencent ces constructeurs sur le marché américain figurent le suédois Volvo et l’allemand Daimler. Les titres des deux sociétés ont fortement baissé après la clôture des bourses européennes jeudi soir.

Le président a ensuite expliqué que ces droits de douane sur les poids lourds étaient motivés par «de nombreuses raisons, mais surtout, à des fins de sécurité nationale». Au printemps, l’administration Trump avait lancé une enquête pour déterminer si les importations de camions étrangers constituaient une menace en la matière.

Le magnat de l’immobilier compte aussi imposer des droits de douane sur de nombreux meubles. «Nous appliquerons une taxe de 50 % sur tous les meubles de cuisine, les lavabos de salle de bains et les produits associés», à partir du 1er octobre, et «une taxe de 30 % sur les meubles capitonnés», a-t-il écrit.

Selon la Commission du commerce international des Etats-Unis, en 2022, les importations, principalement en provenance d’Asie, représentaient 60 % de tous les meubles vendus, dont 86 % de tous les meubles en bois et 42 % de tous les meubles rembourrés. Le titre des détaillants Wayfair et Williams Sonoma, qui dépendent de ces produits importés, a chuté à la clôture des bourses après cette annonce.

Alors que Donald Trump s’est donné pour mission de relancer l’industrie manufacturière grâce à des politiques protectionnistes, qui marquent un revirement complet de la politique américaine visant jusqu’à présent à maintenir une économie ouverte, cette nouvelle offensive tarifaire ravive les craintes d’inflation aux Etats-Unis, première économie du monde.

Mise à jour à 9 h 38 avec la réaction de la fédération européenne des industries pharmaceutiques