Une illustration de ce à quoi aurait pu ressembler Yunxian 2, représentant de notre proche ancêtre, seulement reconnu comme nouvelle espèce et proche parent de l’homme en 2021.

CHUANG ZHAO via AFP

Une illustration de ce à quoi aurait pu ressembler Yunxian 2, représentant de notre proche ancêtre, seulement reconnu comme nouvelle espèce et proche parent de l’homme en 2021.

SCIENCE – Les humains auraient pu se séparer de leurs ancêtres 400 000 ans plus tôt qu’on ne le pensait auparavant. C’est ce que laisse entendre une étude scientifique publiée ce vendredi 26 septembre à partir de la reconstruction numérique d’un crâne d’un million d’années découvert en Chine en 1990, et déjà à l’origine de précédentes avancées sur nos plus proches ancêtres.

Les conclusions de cette étude, publiée dans la revue Science, vont encore plus loin en estimant que la séparation entre ces espèces aurait lieu en Asie plutôt qu’en Afrique. De quoi bousculer une grande partie des connaissances sur Homo sapiens.

Ces révélations ont été permises par l’étude de ce crâne. Baptisé Yunxian 2, il était jusqu’ici considéré comme appartenant à Homo erectus, un ancêtre de notre espèce. Mais grâce aux technologies de reconstruction modernes, un groupe de chercheurs mené par l’anthropologue au Musée d’histoire naturelle de Londres Chris Stringer a découvert sur le crâne des caractéristiques le rapprochant d’autres espèces. Parmi elles, l’Homo longi ou l’Homo sapiens ; des espèces que l’on pensait n’avoir existé que plus tard dans l’évolution humaine.

« Les fossiles comme Yunxian 2 montrent à quel point nous avons encore beaucoup à apprendre sur nos origines », s’enthousiasme d’ailleurs Chris Stinger après la publication de cette étude.

Concernant les caractéristiques qui ont poussé les chercheurs de cette étude à parvenir à de telles conclusions, une capacité cérébrale a priori plus importante a été relevée. « Cela change beaucoup de choses », assure Chris Stringer, membre de l’équipe de chercheurs derrière cette étude. « Cela suggère qu’il y a un million d’années, nos ancêtres s’étaient déjà divisés en groupes distincts, ce qui indique une division évolutive humaine beaucoup plus ancienne et plus complexe qu’on ne le pensait auparavant », expose-t-il.

L’Asie de l’Est, berceau de l’évolution ?

Si ces conclusions s’avèrent justes, cela signifierait qu’il pourrait y avoir eu des membres beaucoup plus anciens d’autres hominidés primitifs comme l’Homme de Néandertal ou Homo sapiens. Mais cela « brouille également les pistes » concernant les hypothèses établies de longue date, selon lesquelles les premiers humains se seraient dispersés en partant de l’Afrique, a par ailleurs indiqué à l’AFP Michael Petraglia, directeur du Centre australien de recherche sur l’évolution humaine de l’université Griffith.

« Un changement majeur pourrait être en train de se produire, l’Asie de l’Est jouant désormais un rôle clé dans l’évolution des hominidés », a-t-il estimé, sans avoir participé à l’étude dévoilée dans Science.

Pour permettre d’avancer sur ces nouvelles pistes, l’équipe autour de Chris Stringer s’est notamment servie des techniques avancées de tomodensitométrie, d’imagerie par lumière structurée et de reconstruction virtuelle pour modéliser un Yunxian 2 complet. Pour ce faire, les scientifiques se sont appuyés sur un autre crâne similaire pour façonner leur modèle, qu’ils ont ensuite comparé à plus de 100 autres spécimens.

« Yunxian 2 pourrait nous aider à résoudre » le grand flou autour d’un « ensemble confus de fossiles humains datant d’il y a 1 million à 300 000 ans », a prolongé Chris Stringer dans un communiqué de presse. Il faut dire qu’une série de recherches récentes a chamboulé les connaissances sur les origines humaines, à l’image de l’Homo longi, seulement reconnu comme nouvelle espèce et proche parent de l’homme en 2021. Une lenteur qui s’explique, comme le signale l’introduction de l’étude, par le fait que « la compréhension des différences entre ces lignées repose en grande partie sur des crânes rares, souvent endommagés et déformés par le temps ».