Depuis plusieurs mois, le bras de fer entre Apple et l’Union européenne se tend autour du Digital Markets Act (DMA). Ce règlement, adopté en 2022 et appliqué depuis mars 2024, impose aux géants du numérique d’ouvrir davantage leurs écosystèmes afin de favoriser la concurrence.
Dans un long communiqué sur son site, la firme de Cupertino affirme que ces nouvelles règles dégradent l’expérience de ses utilisateurs en Europe et n’exclut plus de suspendre ses ventes sur le continent si la situation persiste…
Des fonctionnalités bridées pour les utilisateurs européens
Si l’annonce d’Apple peut paraître exagérée au premier abord, l’entreprise insiste sur des points très précis pour se justifier. Selon l’entreprise, les contraintes imposées par le DMA auraient déjà eu pour effet de retarder ou de bloquer plusieurs innovations.
Parmi les exemples cités, Apple mentionne la traduction en direct via les AirPods, la fonction de recopie de l’iPhone vers un Mac ou encore des itinéraires favoris dans Plans. Pour Apple, ces fonctionnalités reposent sur un traitement strictement sécurisé des données, mais qu’elle n’a pas encore trouvé le moyen de rendre compatible avec les obligations européennes.
Une expérience dégradée pour les européens ?
Au delà des retards, dans son communiqué, la firme évoque une « expérience dégradée » pour ses clients européens.
Elle estime que l’ouverture forcée à des stores d’applications et à des systèmes de paiement tiers accroît les risques d’arnaques, de logiciels malveillants ou encore d’abus tarifaires.
Apple rappelle également qu’elle n’autorisait pas certaines catégories d’applications jugées nuisibles, notamment les contenus pour adultes, désormais accessibles via des plateformes d’applications alternatives.
Un bras de fer politique et économique
Dans ce communiqué, Apple appelle purement et simplement à l’abrogation du DMA, qu’elle souhaite remplacer par un texte « plus adapté ». La firme va même plus loin en évoquant une éventuelle cessation de distribution de ses produits dans l’Union européenne, si elle était contrainte de choisir entre sa vision de la sécurité et le respect des règles actuelles.
La Commission européenne, de son côté, a rapidement réagi. Par la voix de son porte-parole, elle a rappelé qu’elle n’avait aucune intention de revenir sur le texte. Pour Bruxelles, le DMA reste une pierre angulaire de sa stratégie visant à réguler les géants de la tech et à protéger les consommateurs européens face à des pratiques jugées trop fermées.
Derrière ce bras de fer, se dessine un enjeu de souveraineté numérique. Les prochains mois diront si cette confrontation aboutira à une négociation, à de nouvelles sanctions ou, scénario plus extrême, à un retrait partiel d’Apple du marché européen…