Avec la candidature officielle de Michel Bonnus soutenu par Les Républicains et les macronistes, peut-on dire que la campagne municipale a vraiment commencé à Toulon ?

Oui. Sa candidature crée une dynamique nouvelle, parce qu’elle met en tension la droite – ou les droites. Elle les électrise. Quand Josée Massi dit qu’elle pourrait se présenter quand même, on se demande si elle n’a pas encore des moyens de pression ? Et si duel à droite il y a, le ticket pour le deuxième tour n’en sera que plus difficile pour eux. Ces tensions au sein de la droite ont remis l’ancien maire Hubert Falco au centre du jeu…Il réapparaît comme figure tutélaire. Malgré des affaires assez lourdes à son actif, il se présente comme l’arbitre des élégances. C’est un paradoxe : une personnalité condamnée (à cinq ans d’inéligibilité pour recel de détournement de fonds publics dans l’affaire dite du frigo, Ndlr) reste l’autorité morale d’un camp politique ? Comment peut-il encore continuer à peser ? Pourquoi ne pas se mettre en retrait ? On voit qu’à Toulon, l’aura d’Hubert Falco reste immense. Après l’ère Maurice Arreckx, on a l’impression que les baronnies locales se répètent et se ressemblent, avec toujours beaucoup de sulfureux autour d’elles. Cela interroge aussi la valeur de la loyauté : est-ce que la fidélité de Josée Massi est récompensée ? On dirait que non.

À qui profite cette division à droite ?

Tout dépend de la division à gauche ! On a d’un côté les socialistes, les écologistes et les communistes et de l’autre LFI. S’ils s’entendent, ça sera probablement bon pour eux. S’ils restent chacun dans leur coin, c’est le RN qui risque d’engranger des voix, avec une tête de liste (la députée Laure Lavalette est quasi-candidate, Ndlr) extrêmement médiatique, très visible, très repérée, au niveau local comme au national. Après, le RN reste le RN, même si les images et les figures qui les portent changent. Regardez sur les dernières législatives, Toulon est la seule circonscription du Var à faire de la résistance. Est-ce qu’il y a un plafond de verre ?

Toulon est un enjeu national pour le Rassemblement national…

Absolument. Pour le parti de Marine Le Pen, Toulon serait une prise de guerre absolue. Ça leur offrirait une vitrine. Comme Louis Aliot à Perpignan, ça prouverait qu’ils peuvent gérer une grande ville. Dans beaucoup de communes du Var, on voit bien que le RN fait des alliances avec la droite. Peut-être parce qu’ils n’ont pas assez de têtes de liste crédibles ou qu’ils redoutent de se faire épingler pour un mauvais post Facebook, par une mauvaise iconographie sur Instagram ? Alors qu’à Toulon, ils veulent clairement gagner la ville. Ça leur permettrait de dépasser la cicatrice laissée par la gestion désastreuse des époux Le Chevallier qui a marqué durablement le FN de l’époque, dans son illégitimité, son incompétence, avec une équipe absolument délirante et des faits troublants. Donc ça pourrait aussi laver ce passé et passer du FN au RN, au sens plein du terme. Tout ça, avec les projecteurs braqués sur eux.