« Taire » fait dialoguer une adolescente d’aujourd’hui, Eden, avec l’Antigone grecque d’Eschyle.

/ Photo DR Christophe RAYNAUD DE LAGE

Si vous l’avez manquée au Festival d’Avignon l’été dernier, Taire de Tamara Al Saadi bénéficie d’une belle visibilité cette saison en région : la pièce sera reprise du 30 septembre au 4 octobre au Théâtre du Jeu de Paume à Aix, et les 7 et 8 octobre au théâtre Joliette à Marseille. La création de Tamara Al Saadi, auteure-metteure en scène installée à Marseille, est en effet produite par L’Extrapôle, un dispositif de la Région Sud qui réunit huit institutions, La Friche et La Criée à Marseille, Les Théâtres entre Aix et Marseille, Châteauvallon-Le Liberté à Toulon, les Festivals de Marseille et d’Avignon, le Théâtre national de Nice et l’Anthéa théâtre d’Antibes.

La pièce fait dialoguer une adolescente d’aujourd’hui, Eden (Chloé Monteiro, jeune actrice tout juste diplômée de l’École du Nord), enfant de la Ddass (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) ballottée de famille d’accueil en famille d’accueil, de foyer en foyer, avec l’Antigone grecque d’Eschyle (Mayya Sanbar).

Les dérives de l’Aide sociale à l’enfance

Cheffe d’orchestre virtuose de huit interprètes, comédiens et acteurs, Tamara Al Saadi allie la beauté plastique aux sujets de société les plus ardus : Taire dénonce les dysfonctionnements tragiques du système public français de l’Aide sociale à l’enfance et les maltraitances subies par les enfants placés en foyer ; par exemple, les attouchements entre enfants agresseurs et agressés, qui cohabitent en plus dans la même chambre. Aussi s’affiche un incipit écrit à la craie blanche sur une ardoise : « Enfant, « infans » en latin, celui qui ne parle pas. » Ou plutôt celui à qui l’on ne donne pas la parole.

Malheureusement, l’auteure en fait parfois trop et la pièce souffre d’une accumulation de situations dramatiques et de pathos. Elle dispose cependant de solides atouts : elle est portée par de jeunes comédiennes et des seconds rôles puissants. Lumières et sons, tout est subtil et beau au plateau.

Au final, Taire nous a emportés et laissés K.O. debout.

« Taire » du 30 septembre au 4 octobre au Jeu de Paume à Aix (10/38 €), les theatres.net. Et les 7 et 8 octobre au théâtre Joliette. 3/22 €.